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Notre existence a-t-elle un sens? 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine"?Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est l'expression de ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèles: Jésus (l'amour),Phytagore (la mathématique), Einstein (la physique)".
Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staune, notre existence a-t-elle en sens, avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet.
Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réanchantement du monde au cours des articles.
Mes articles déjà parus dans cette rubrique:
Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)
Notre existence a-telle un sens? 1) à propos de la préface du livre par Trinh Xuan Thuan
Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES
En exergue: "Quoi! La condition humaine n'était pas le titre d'un grand ouvrage de philosophie? Je me rappelle l'étonnement, l'émotion, presque la colère, qu'un tel titre ait pu être disponible pour un roman, si poignant soit-il." Jean Fourastier
1) La philosophie et la question "comment vivre?."
wikipedia.org -Décalogue de l'église réformée de Gléresse
*Nous l'avons vu dans l'article précédent, une des caractéristiques fondamentales de l'homme est de s'interroger sur la nature et le pourquoi des choses ainsi que sur sa propre destinée. Avec la science, il y a 2 600 ans 2 000 ans, sont nées de nombreuses doctrines, indépendamment les unes des autres, mais répondant toutes à la question "comment vivre?"
Les grandes écoles philosophiques grecques.
Les textes de la Bible et des Evangiles.
Les différentes écoles de l'Hindouisme et les enseignements de Bouddha.
La doctrine de Lao-Tseu et la philosophie de Confucius.
Elles divergent sans doute sur le "pourquoi" des choses, mais, en revanche elles sont en accord sur la façon dont l'humanité doit vivre. On retrouve les Dix commandements sous une forme ou sous une autre dans toutes ces écoles de pensée.
*"Aucune de ces doctrines n'encourage le viol, le mépris de l'autre, mais toutes affirment que l'amour vaut mieux que la haine, la sincérité que le le mensonge, l'altruisme que l'égoïsme...". Cinq milliards d'hommes sur le six milliards vivant actuellement sur terre se rattachent directement ou indirectement aux valeurs propagées par ces textes, ce qui montre que l'humanité a reconnu que le réponse à la question "comment vivre?" se trouve dans cette voie. Mais il faut reconnaître que 2 500 ans d'histoire ont aussi montré qu'elle était incapable de l'appliquer.
*Dans l'article précédent, 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!), nous avons évoqué la montée en puissance de la science et le désenchantement qui en est résulté: C'était en partie pour délivrer leurs contemporains de la peur qui découlait de la croyance selon laquelle leur destin dépendait du bon vouloir des dieux que Démocrite, Leucippe, Epicure ont défendu leur théorie, la première "théorie atomique", qui explique la genèse du monde. Nous avons ainsi progressivement assisté au triomphe du "faire", et à des progrès fulgurants du "vivre" et de la technologie, mais le "comment vivre?" de toutes ces doctrines a plutôt été laissé-pour-compte:
-A la fin du XVIIIè siècle et au XIXè siècle: les ballons, les machines à vapeur, les trains, la compréhension des lois de l'électricité et du magnétisme.
-Au XXè siècle, les automobiles, les avions, le nucléaire, les satellites, l'informatique, les communications planétaires, les manipulations génétiques.
*Il reste donc une question fondamentale: celle de la condition humaine. Sommes nous, comme le pensent Jacques Monod, Francis Crick et Jean-Pierre Changeux, des "paquets de neurones perdus dans l'immensité indifférente de l'Univers"? Ou existe-t-il un autre niveau de réalité que celui dans lequel nous vivons actuellement? Si oui, pouvons-nous entrer en contact avec lui, comment le pensent tours les grandes traditions de l"humanité?
doctrines: sandys.unblog.fr -Les grands courants de la pensée philosophique
philolatresne.free.fr -Philosopher pour s’ouvrir au monde
bible.catholique.org wikipedia.org -Bible bibliotheque.editionsducerf.fr -La bible de Jérusalem
wikipedia.org -Evangiles evangile-et-liberte.net -Les évangiles apocryphes
wikipedia.org -Hindouisme Choklinghindouisme-aum.skyrock -Shiva
wikipedia.org -Bouddha nidish.unblog.fr -Milarépa est un film tibétain, de Neten
wikipedia.org -Lao Tseu poesie-citation.fr -Lao-Tseu wikipedia.org -Tao-Te-King
wikipedia.org -Confucius seeraa.com -china-spirituality confucius ilm.free.fr -Confucius et la sagesse humaniste
wikipedia.org -Le Décalogue bibleetnombres.online.fr -Les 10 commandements selon la parole de DIEU
le comment vivre?
atheisme.free.fr -Quiconque s'agenouille devant Dieu se façonne à se prosterner devant un roi
scienceshumaines.com -Comment vivre sans Dieu ?
web-libre.org -Manipulation génétique : quand, comment et pourquoi?
societe-et-moeurs.oboulo.com -L'utopie de la communication, le mythe du "village planétaire"
2) La question fondamentale: la condition humaine.
internat.martinique.free.fr -La condition humaine - MAGRITTE
Cette question est certainement une des plus importantes qui se pose à nous actuellement. Comme on vient de le voir, le "comment vivre?" a déjà eu des réponses depuis des millénaires, même si je pense qu'il a été tout de même été laissé-pour-compte. Kant nous a rappelé qu'une société dans laquelle tout le monde mentirait, volerait ou mépriserait son prochain serait invivable. Certes, des questions cruciales se posent encore à nous: "comment guérir le cancer?", "comment nourrir tous les hommes"?, "comment remplacer les énergies fossiles?". Mais l'humanité a résolu la plupart des questions portant sur le fonctionnement de la nature et du corps humain.
Cette question a des implications sur la plupart des actes ne notre vie quotidienne. Avec juste raison, Jean Staune nous met en garde: "regardez votre conjoint et imprégnez-vous de l'idée que votre amour ne reposerait que sur la sécrétion de quelques hormones. Regardez vos enfants et admettez, comme vous l'enseignera tout bon sociobiologiste que votre amour pour eux provient uniquement d'un gène choisi par la sélection naturelle". Cela fait frémir. Le grand Erwin Schödinger a écrit (dans l'esprit et la matière): "Cher lecteur, ou mieux encore, chère lectrice, rappelez-vous les yeux brillants et joyeux avec lesquels votre enfant vous éclaire quand vous lui apportez un nouveau jouet, puis laissez le physicien vous dire qu'en réalité rien n'émerge de ces yeux; en réalité, la seule fonction objectivement décelable est d'être continuellement frappés par des quanta de lumière et de les recevoir. En réalité! Etrange réalité! quelque chose semble manquer en elle." En fait, j'ai du mal à me persuader que mes joies, mes peines, mes souvenirs, mon libre arbitre ne sont qu'un "truc de neurones". Je ne peux regarder une fleur, un papillon, un coucher de soleil en pensant que l'Univers est dépourvu de signification. Est-ce la signification de la boutade de Woody Allen: "Si Dieu n'existe pas, j'ai payé ma moquette beaucoup trop cher!"? Pour Saint Exupéry, une telle question sur la condition humaine peut certainement modifier tant notre environnement que notre vision de l'univers: "C'est là un bien grand mystère. Pour vous qui aimez aussi le petit prince comme moi, rien de l'Univers n'est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose...Regardez le ciel. Demandez-vous: le mouton, oui ou non, a-t-il mangé la fleur? Et vous verrez que tout change... Et aucune grande personne ne comprendra jamais que que ça a tellement d'importance!"
En dernier lieu, la condition humaine est une question fondamentale, car, si les réponses à la question "comment vivre", apportées depuis les millénaires par des conceptions non matérialistes du monde s'avèrent être des illusions, les valeurs minimales à respecter ne vont-elles pas voler en éclat, au profit de conceptions d'apprentis sorciers désireux de modifier l'être humain et d'adeptes de l'intelligence artificielle désireux de nous remplacer par des robots?
3) Sauvegarder les valeurs? Comment?
Seule une transcendance peut servir de fondement. Si elle n'existe pas, il nous faut respecter "une morale sans fondement".
André Comte-Sponville a montré dans "morale sans fondement", que nous ne pouvions fonder nos valeurs et notre morale:
-Ni sur l'homme (comme le pensent les humanistes matérialistes) car il est capable du pire.
-Ni sur la nature (comme le pensent les écologistes) car elle est amorale.
-Ni sur l'histoire (comme le pensent les marxistes) car elle ne possède pas un sens précis.
-Ni sur la science (comme le pensent les scientistes) car, comme la nature, elle ne peut aborder les questions de morale.
Un philosophe comme André Comte-Sponville en est certainement capable, mais on peut douter qu'une société dans son ensemble le soit, si son unique cadre conceptuel est celui du "désenchantement du monde". D'autant plus que Luc Ferry a montré l'extrême difficulté, voire l'incohérence, qu'il y a pour un matérialiste à parler de morale: "Il est incohérent de se dire matérialiste et d'envisager la moralité des actes humains comme si elle pouvait dépendre d'une liberté qu'on déclare par ailleurs tout à fait illusoire. Par où il me semble qu'un matérialisme conséquent devrait toujours se borner à une "éthologie" sans jamais parler de morale autrement que comme d'une illusion plus ou moins nécessaire."
Saint Exupéry nous a déjà dit que l'humanisme matérialiste est sans issue et que le fondement de la liberté, de l'égalité et de la fraternité provient de notre "grande image de l'homme né de Dieu", en fait de la laïcisation d'un concept judéo-chrétien. Donc, si les fondements disparaissaient, toute forme d'humanisme risquerait bien d'être engloutie. Lorsque les religions dominaient les sociétés humaines, celles-ci n'étaient guère brillantes en termes de droits de l'homme, mais c'était bien parce que ceux qui les représentaient faisaient exactement le contraire de ce que disaient les textes sacrés qu'ils devaient enseigner!
Pour mieux en discener les effets, relisons Fédor Dostoïevski et la légende du grand inquisiteur. C'est un des plus profonds écrits sur la condition humaine. C'est l'un des points forts du roman et un conte philosophique remarquable de la littérature moderne traitant de la nature humaine, de la liberté et de la manipulation. L'auteur imagine que Jésus est revenu sur terre pour voir de plus près l'inquisition espagnole, cet épisode historique si peu conforme à son enseignement.
Le Christ apparaît à Séville au Grand Inquisiteur, cardinal de l'Eglise catholique, qui vient de faire brûler une centaine d'hérétiques pour "la plus grande gloire de Dieu". Il s'ensuit un dialogue hallucinant. Le Grand Inquisiteur se charge à la fois des questions et des réponses, car Jésus reste silencieux. Il lui reproche de ne pas avoir cédé aux tentations du diable. Les hommes sont faibles, incapables d'assumer leur propre liberté. C'est pour le bien de l'humanité que les hommes comme lui (tous ceux qui utilisé la religion pour asseoir leur pouvoir temporel), ont dû beaucoup travailler pour réparer la "bêtise" faite par Jésus lorsqu'Il a voulu rendre l'homme libre. Alors, le Grand inquisiteur finit par avouer qu' "ils" sont avec "l'autre" et non avec le Christ au nom duquel ils agissent. Malgré cet écart extraordinaire pouvant exister entre un texte religieux et les actes commis en son nom, la perpétuation de ces textes sacrés fait partie des tâches fondamentales d'une religion, avec l'espoir persistant que des nouvelles générations se rendent compte de la "trahison des clercs" et inversent la tendance.
Heureusement aujourd'hui, l'Eglise catholique est infiniment plus proche du message du Christ qu'elle ne l'était à l'époque des bûchers et de celle où le pape était un Borgia, famille bien connue pour son goût du meurtre et de l'orgie. Quant à l'islam, il semble probable que l'ensemble des musulmans rejette un jour le meurtres commis au nom "d'Allah le tout miséricordieux", tout comme les chrétiens rejettent aujourd'hui les massacres commis au nom de jésus. Je pense que Jean Staune a raison de dire qu'il semble que pour l'humanité dans son ensemble (non pour un individu donné vivant sous le joug d'une inquisition ou d'un fondamentalisme tyrannique), il vaille mieux une civilisation non matérialiste, même dévoyée de manière temporaire par ses responsables, qu'une civilisation matérialiste parlant constamment des droits de l'homme, mais n'ayant rien pour la fonder dans le long terme. Civilisation non matérialiste ne veut pas dire forcément une religion, mais un système fondé sur une transcendance, une réalité plus profonde, dont le notre serait issu et dans lequel une partie des valeurs et du sens n'est pas une création humaine mais un "donné" venant de l'extérieur.
La "légende" du Grand Inquisiteur de Dostoïevski va dans ce sens car elle ne dénonce pas seulement les religieux ayant trahi leur religion, mais ceux qui prétendront faire le bonheur de l'homme sur le plan strictement matériel et qui, pour cela, édifieront une société totalitaire dont Dieu aura été exclu.
C'est en effet saisissant de prophétisme lorsque le Grand Inquisiteur dit à Jésus: "Sais-tu que des siècles s'écouleront et que l'humanité proclamera par la bouche de sa science et de sa sagesse que le crime n'existe pas, et que, par conséquent, il n'y pas de pécheurs mais seulement des affamés. Nourris-les, et alors seulement exige d'eux la vertu! Voilà ce que l'on tracera sur l'étendard que l'on brandira contre Toi et qui détruira Ton temple. A sa place surgira un nouvel édifice: une terrible Tour de Babel [...] Jamais, jamais, les hommes ne parviendront à se nourrir sans nous! Aucune science ne leur donnera du pain aussi longtemps qu'ils resteront libres et ils finiront par déposer leur liberté à nos pieds pour nous dire: "Soumettez-nous à votre joug, mais nourrissez-nous." Ils comprendront enfin que la liberté et le pain terrestre pour tout le monde son incompatibles, car jamais, jamais, ils ne sauront se répartir le pain entre eux." En fait, le Grand Inquisiteur se révèle être un matérialiste et là est son secret, dit Dostoïevski.
liens: wikipedia.org -Jésus-Christ wikipedia.org -Jésus de Nazareth
harunyahya.fr -Au nom d'Allah, le tout miséricordieux, le très miséricordieux
islamfrance.com wikipedia.org -Islam wikipedia.org -Eglise catholique
4) "Notre existence a-t-elle un sens?"
La question "notre existence a-t-elle un sens?" est donc de la plus grande importance, car elle a un effet sur notre vie de tous les jours et peut-être la survie de notre civilisation dans le long terme en dépend-elle?
"Quoi! La condition humaine n'était pas le titre d'un grand ouvrage de philosophie? Je me rappelle l'étonnement, l'émotion, presque la colère, qu'un tel titre ait pu être disponible pour un roman, si poignant soit-il." Jean Fourastier.
Jean Fourastié a ébauché ce que pourrait être un "traité de la condition humaine", "le résumé de ce que l'humanité sait ou croit savoir d'elle-même et du milieu dans lequel elle vit." On peut aussi relire ce que dit Jean Staune, dans "Science et sens" -Rencontre entre les connaissances les plus récentes et des intuitions millénaires.
"Beaucoup des chapitres pourraient être écrits dès maintenant, auraient pu l'être ou même, l'ont été. Ce sont les synthèses qui manquent. Et surtout la conscience des lacunes et le consensus. L'ouvrage serait divisé en deux tomes: le milieu de vie (où sommes-nous?) et l'homme (que sommes-nous?). Dans le premier, on trouverait la description du cosmos, de la Terre, la géologie, la géographie, la flore et la faune; non seulement on nous ferait savoir l'essentiel pour nous de ces choses, mais on nous les ferait comprendre. On nous dirait pourquoi et comment elles sont là; pourquoi, comment, et dans quelle mesure nous formons -ou non - avec elles un même projet, dans un même "plan" rationnel, ou une même aventure. Le second tome traiterait de l'homme et des groupes qu'il forme: familles ethnies, sociétés, nation. On y trouverait les grands résultats de la démographie, de la biologie, de la génétique." Dans cet hypothétique "traité de la condition humaine", Fourastier décrit surtout les sciences exactes. C'est dans l'ouvrage dans lequel il évoque la nécessité d'un tel traité qu'il consacre une grand partie à analyser les religions et leur rôle dans la société humaine. En effet, religion et philosophie ne sont pas à même de donner des réponses argumentées aux questions portant sur la nature de l'homme et de l"Univers. Seule la science peut le faire.
Certes, les théories scientifiques évoluent, une conclusion établie sur la base d'une théorie scientifique peut se révéler fausse lorsqu'une théorie aura été remplacée par une autre qui en prend le contre-pied. Mais une multitude choses sont définitives en science. Par exemple, des conceptions comme la certitude que la Terre est au centre du monde, que le monde a été créé en moins de 10 000 ans, ou que le coeur et non le cerveau est le siège de notre conscience sont définitivement abandonnées. Nous sommes quasiment assurés que l'évolution des sciences ne leur redonnera pas une crédibilité. Si on ne peut pas dire que Platon soit plus proche de la vraie nature de l'Univers qu'Aristote, par contre, on peut dire que Newton est plus proche de la vérité que Ptolémée et qu'Einstein en est plus proche que Newton. C'est ce qui fait la force et l'intérêt de la science, qui peut permettre de répondre à la question fondamentale "notre existence a-t-elle un sens"?
En conclusion de ce chapitre, la condition humaine est certainement la question fondamentale. Si la science est à même d'apporter des réponses à la question Notre existence a-t-elle un sens?, Seule une transcendance peut servir de fondement pour vivre mieux notre condition humaine. Dans le prochain article, nous avancerons dans notre recherche... vers de nouvelles "lumières."
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Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)
Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est l'expression de ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèles: Jésus (l'amour),Phytagore (la mathématique), Einstein (la physique)".
Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staune, notre existence a-t-elle en sens, avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet.
Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réanchantement du monde au cours des articles.
Exergue: "Tout ce qui existe dans l'Univers
est le fruit du hasard et de la nécessité." Démocrite.
1) Comment naquirent les dieux?
Pendant des millénaires, l'homme, face aux phénomènes inexpliqués ne pouvait faire autrement que d'en attribuer la cause à l'action de forces invisibles, qui, bien que ne faisant pas partie du monde, avaient un effet sur le monde. C'est ainsi que naquirent les dieux.
On peut le voir à travers deux concepts: l'existence de sépultures où l'on déposait des offrandes de nourriture auquel s'est très vite rajouté celui de la survie de l'homme après la mort. En effet, puisque le monde est agité par les actes d'esprits invisibles, impliquant l'existence d'un autre niveau de réalité que celui que nous percevons et où nous vivons, pourquoi ne pas penser que tout comme nous sommes apparus un jour dans ce monde (et puisque l'on constate l'arrivée d'êtres qui n'étaient pas là auparavant), lorsque nous le quittons, une forme de survie existe.
Dans toutes les grandes traditions religieuses de l'humanité, on retrouve ces deux concepts.
Le monde où nous vivons ne peut-être compris à partir de lui-même. Il est nécessaire de faire appel à un autre niveau de réalité dont on ne sait presque rien...sauf qu'il doit nécessairement exister, et dans ce cas, s'il y a une autre façon d'exister que que celle que nous éprouvons tous les jours, on peut penser que nous rejoignons ce niveau de réalité après notre mort. L'existence d'un autre niveau de réalité et d'un lien particulier entre l'homme et cet autre niveau de réalité apparaissent comme des intuitions majeures de l'humanité, présentes en tout temps et en tout lieu.
liens: wikipedia.org -Religions de la Préhistoire
anthropomada.com -La religion des primitifs par Edward Evan Evans-Pritchard
systerofnight.net -religion/html/préhistoire
journaldumauss.net -La Naissance des Religions par Yves Lambert
sergecar.perso.neuf.fr -L’idée de Dieu
atheisme.free.fr -Tableau chronologique des principales religions de -2000 à nos jours
asmp.fr -Niveaux de Réalité par Basarab Nicolescu
hologique.blogspot.fr -Comprendre la réalité invisible
blog.jeunes-cathos.fr -L’Ascension, l’art de voir l’invisible urantia-gaia- se situer dans la grande histoire
penseurs: Mircea -Eliade André Leroi-Gourhan Yves_Lambert Edward Evan Evans Pritchard
2) Le développement de la pensée rationnelle à partir des penseurs grecs.
C'est il y a environ 2500 ans que les premiers philosophes matérialistes ce sont attaqués à ces deux intuitions. Bernard Pullman a bien analysé leur but (qui était noble sans aucun doute): "La crainte devant les mystères du cosmos et les manifestations impressionnantes de la nature et la peur, plus obsédante, de la mort sont les compagnes inséparables des humains, et aucun bonheur véritable n'est possible aussi longtemps que leurs ombres se projettent sur notre existence. Il faut donc se délivrer de ces craintes. Or, quel meilleur moyen d'y parvenir que de montrer que ces mystères et ces manifestations sont explicables en termes d'une physique résolument et strictement mécaniste, dépourvue de toute finalité, ne mettant en jeu que des principes matériels et leurs interactions? Une telle élucidation des causes des phénomènes naturels, dont la mort n'est qu'un échantillon, doit servir de fondement à la construction d'une morale conduisant à la sagesse et au bien-être."
notre-planete.info Grand appollon sur oeillet de dieux
C'est donc pour délivrer leurs contemporains de la peur qui découlait de la croyance selon laquelle leur destin dépendait du bon vouloir des dieux que Démocrite, Leucippe, Epicure défendent leur théorie, la première "théorie atomique", qui explique la genèse du monde dans lequel nous vivons, par l'interaction aléatoire de composants élémentaires: les atomes. Pour ces penseurs, il n'y a pas lieu de craindre les dieux, parce que le monde suffit pour expliquer le monde. Les dieux existent peut-être, mais ils n'interagissent nullement avec le monde, contrairement à ce que stipulent les conceptions écrites dans les légendes comme l'Iliade et l'Odyssée ou toutes celles qui existaient depuis des millénaires.
Le rejet de la deuxième intuition des traditions religieuses, (la survie après la mort), en découle logiquement: pour Epicure, "les châtiments de l'enfer ne sont pas à craindre parce que les âmes périssent après la mort et que l'enfer n'existe pas du tout". Quant à Lucrèce, il affirme: "Quand nous ne serons plus, quand sera consommée la séparation du corps et de l'âme dont l'union constitue notre être, il est clair que rien absolument ne pourra nous atteindre, nous qui ne serons plus". Ainsi, débarrassé de la peur des dieux et de la mort, l'homme peut mener une vie sage et responsable.
A cette époque, le matérialisme atomiste n'était qu'un hypothèse. Il fut considéré comme une spéculation plus ou moins extravagante au cours des siècles, en particulier au moment où le christianisme s'est développé et a distingué avec force le Créateur de la créature. En suivant la réflexion de ces penseurs grecs, on est amené à dire: "non, le tonnerre n'est pas une colère de Zeus; "non une bonne récolte n'est pas le fruit d'une récompense divine...non, les grandes épidémies ne sont pas dés punitions, mais sont liées à la propagation de microbes ou de virus; non, l'homme n'est pas physiologiquement différent d'un animal...".
Il est extraordinaire de constater comment les siècles qui précèdent le notre ont brillamment confirmé cette intuition, depuis les grandes découvertes effectuées depuis la Renaissance et jusqu'à l'aube du XXè siècle: les évènements se produisant dans le monde physique peuvent être expliqués à partir de causes provenant elles aussi du monde physique. Selon cette intuition, Dieu n'intervient pas dans le monde et dès le XVIIè siècle, redécouvrant Démocrite et le dépassant grâce à l'avalanche des découvertes scientifiques, des philosophes ont pu affirmer que Dieu est une hypothèse inutile.
Il est intéressant de s'arrêter à la façon dont Jean Fourastier décrit la la vision du monde en fut peu à peu affectée: "La science du XIXè siècle et du début du XXè siècle reste ainsi dominée non seulement par l'espoir mais par la certitude d'expliquer par le réel tout le réel [...] Le mouvement de discrédit des surréels (populaires et savants)né des premières découvertes de la science expérimentale s'étendit en effet à la grande majorité de la population. Des académies des sciences, l'esprit nouveau passa dans les académies littéraires, dans les cerveaux des poètes, des artistes, des publicistes, des romanciers, des journalistes; et de là, successivement dans ceux du grand public [...]Tout ce mouvement, ces causes et ces effets peuvent être rattachées directement ou indirectement au progrès des sciences expérimentales; directement par l'exclusion affirmée de Dieu, hypothèse inutile, et du "surnaturel, inobservé, jugé inobservable, attribué donc à l'illusion, à la naïveté primitive de l'âge préscientifique, à la superstition; indirectement par le spectacle permanent de l'efficacité scientifique opposée à celle de la foi, qui, malgré la formule célèbre, n'a jamais (?) transporté les montagnes".
liens: wikipedia.org -Raison
wikipedia.org -les "atomistes" mendeleiev.cyberscol.qc.ca -Temps de l'atome (Démocrite et Aristote)
lesturgeons.blogs.nouvelobs.com -Démocrite et la genèse du monde
fr.wikipedia.org -Sciences grecques
lutecium.org -Le miracle grec: pouvoirs de la pensée anti-symétrique
lelabyrinthe.over-blog.net- de -600à -470: quelques dates
media4.obspm.fr -Histoire de l'Astronomie
remacle.org -Homère ILIADE ulysse31.saitis.net -L'Odyssée d'Homère: la légende d'origine d'Ulysse 31
lepoint.fr -Le philosophe André Comte-Sponville plaide pour une spiritualité sans Dieu
philosophie-et-litterature.oboulo.com -Dieu, hypothèse inutile au savant?
eultreia1.unblog.fr -le rasoir d'ockham ou de l'existence de dieu
zitouna.kazeo.com -le coin de la science l'essentiel c'est dieu
penseurs et scientifiques: wikipedia.org -Les "atomistes"
fr.wikipedia.org -penseurs grecs présocratiques
wikipedia.org -Bernard Pullman
3) Une "fin de l'histoire?".
Les années 1900 marquent l'aboutissement de cette progression de la connaissance depuis les penseurs grecs atomiste: c'est l'époque des certitudes. On grava même "repas à 2 F" sur les vitrines des restaurants,tellement on était sûr que les prix n'augmenteraient pas. Les certitudes intellectuelles firent dire à Lord Kelvin, l'un des plus grands physiciens du XIXè siècle: "La physique a fourni une explication cohérente et à priori complète de l'Univers." ou encore "There is nothing new to be discovered in physics now, All that remains is more and more precise measurement."
"Ces certitudes étaient fondées sur une vision du monde où dans un espace euclidien à 3 dimensions, stable et éternel - ce qui rend donc sans signification la question de son origine -, se meut la Terre qui contient des êtres vivants issus d'une évolution au hasard et à la sélection naturelle, où la conscience de l'homme est secrétée par le cerveau comme la bile par le foie et où tout cela est composé de matière, c'est à dire de petits corpuscules tournant autour de noyaux comme la Terre autour du Soleil."
Dans le prolongement de la pensée grecque, on affirmait que tout ce qui existe est issu des interactions entre ces corpuscules qui, au cours des milliards d'années, se sont lentement agrégés les uns autres sous l'influence des lois physico-chimiques connues (ou qu'on découvrira bientôt). Ce qui reste à découvrir est immense, mais l'essentiel est acquis. La cause de tout ce qui existe dans notre Univers provient de notre Univers lui-même et comment pourrait-il en être autrement, d'où pourrait-elle provenir? Pour la "science classique", il n'y a rien d'autre que cet Univers et ce niveau de réalité dans lequel nous vivons, immergés dans le temps, l'espace et la matière.
Ne sommes-nous pas alors arrivés à la fin de cette grande quête de la compréhension que l'homme poursuit depuis les grottes du Pleistocène jusqu'à nos laboratoires, en passant par les penseurs grecs? Cela est simple et sans mystère. Dans cette conception, l'homme peut concevoir le monde dans sa totalité et il n'y a plus la moindre place pour l'existence d'une dimension transcendante, d'un autre niveau de réalité.
Comme le dit trinh xuan thuan : "le "fantôme de Copernic" n'a pas cessé de nous hanter." La "décentration" qui interdit à l'homme d'être au centre de l'univers se poursuit dans d'autres domaines. Charles Darwin nous montre que l'homme n'est qu'un animal parmi d'autres et qu'il ne peut pas plus revendiquer une place centrale dans le monde de la biologie que dans celui de l'astronomie. Puis, la psychanalyse et la notion d'inconscient conduisent à affirmer que l'homme n'étant pas au centre du monde, n'est pas non plus au centre de lui-même, puisqu'une grande partie de ses actes sont dictés par quelque chose dont il n'est pas conscient.
Freud en arrive à parler de triple "humiliation" infligée à l'homme par Copernic, Darwin et... Freud!
Un tel Univers ne peut avoir de sens! Ernest Renan annonce "l'ére positive", celle où une humanité lucide, débarassée de des superstitions ancestrales telles que les religions, se retrouvera seule face à son destin. Dieu, ou les dieux ou les esprits (que Jacques Monod regroupe sous le terme "d'anismisme) semblent expulsés de l'histoire puisqu'il n'y a aucune raison objective de croire en l'existence d'un autre niveau de réalité. Il y a des scientifiques croyants, mais ceux-ci sont obligés de séparer leur science de leur foi (ils sont appelés des séparationnistes" .
penseurs et scientifiques: Hegel Lord Kelvin Euclide Charles Darwin Freud Auguste Comte
liens: wikipedia.org -Scientisme philosciences.com -Les limites de la science classique
accueil-culture.org -l'astronomie exemple des relations entre sciences et société
wikipedia.org -Espace euclidien phi2080.uqam.ca -Le monde selon Isaac Newton
techno-science.net -La mélodie secrète uip.edu -La Défaite du fantôme de Copernic
quaeredoceri.stools.net -La transcendance, l’hypothèse d’un philosophe (luc ferry)
barbier-rd.nom.fr -Heisenberg et les niveaux de réalité asmp.fr -niveaux de réalité
Cette vision du monde issue de l'évolution des sciences n'aboutit pas exactement au résultat qu'auraient pu espérer le philosophes grecs. Elle a eu, au XIXè siècle, un énorme retentissement artistique, intellectuel, philosophique (on a pu assister au développement des philosophies de l'absurde). Ces domaines ont connu une progression du "non-sens" qui eut une influence en matière d'éthique, comme nous allons le voir.
Les objectifs du projet d'explication du réel par le réel tels qu'ils étaient énoncé par certains philosophes grecs étaient de libérer l'homme de la peur, des dieux et de l'au-delà pour lui permettre de mener une vie sage et responsable. On peut juger du résultat de cette démarche tel qu'il est énoncé 2 500 ans plus tard par l'un des scientifiques matérialistes les plus influents, le "pape de la sociobiologie", Edward Wilson, professeur à Harvard, à la fin de son ouvrage, la sociobiologie: "Quand nous aurons suffisamment progressé pour nous expliquer en ces termes mécanistes, et que les sciences sociales seront totalement épanouies, le résultat auquel nous nous trouverons confrontés risque de ne pas être aisé à accepter. Il semble approprié d'achever ce livre ainsi qu'il a commencé, avec ce sombre pressentiment d'Albert Camus: "Un monde qui peut être expliqué, fut-ce par de mauvaises raisons, est un monde familier. Mais, en revanche, dans un univers privé d'illusions et de lumière, l'homme se sent un étranger. Son exil est sans remède étant donné qu'il est privé du souvenir d'un foyer perdu ou de l'espoir d'une terre promise". C'est malheureusement exact. Mais nous disposons encore d'une centaine d'années."
Il faut dire que notre enseignement et tout notre environnement culturel stipulent que nous sommes héritiers des Lumières qui ont dissipé les "ténèbres de l'obscurantisme." Comment alors percevoir le potentiel "d'antihumanisme" que révèlent les progrès qu'ont acclamé tant d'humanistes. Jacques Monod, lui qui a décrit le "désenchantement du monde" en ces termes: "L'ancienne alliance est rompue, l'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard", militait encore, à la fin de sa vie, dans Le hasard et la nécessité, pour un "humaniste socialiste réellement scientifique", qui avait encore moins de liens avec la vision du monde qu'il avait développée au cours de son ouvrage, qu'il n'en n'existe entre la foi des séparationnistes chrétiens et leur appréhension scientifique du monde. Aller jusqu'au bout de cette démarche ne risque-t-il pas de déboucher sur la fin de toute forme d'humanisme, qu'il s'agisse de l'humanisme chrétien de la Renaissance, ou de l'humanisme matérialiste issu des Lumières?
Pour Michel Foucault, "l'homme n'a pu se constituer en objet de la science qu'en se référent qu'à sa propre destruction". Ici, le désenchantement du monde débouche sur celui de l'homme. Steven Weinberg, prix nobel, l'a exprimé dans une phrase célèbre: "plus nous comprenons le Monde, plus il nous semble dépourvu de signification". Il cite un autre physicien, Jim Peebles, de Princetown: "Je suis porté à croire que nous ne sommes que des débris de bois flottant à la surface de la mer". Doit-on rajouter que si l'Univers n'a pas de sens, l'homme peut-il s'en inventer un lui-même?
Que penser alors de Marvin Minsky, l'un des pionniers de l'intelligence artificielle, quand il nous dit que "les ordinateurs de la prochaine génération seront tellement intelligents que nous aurons de la chance s'ils nous acceptent auprès d'eux comme animaux de compagnie." Dans le même état d'esprit, Hans Moravec, l'un des principaux spécialistes de la robotique spécule sur la façon dont on remplacera les organes du corps (y compris le cerveau!) par des robots. Le biologiste Richard Dawkins nous annonce, après l'ère des êtres vivants, êtres fondés sur les gènes, l'ère des machines, fondée sur les "mêmes" (quantité d'information). Ruiz de Gopegui, élève de Minski, va jusqu'à affirmer: "La liberté est une illusion, on est pas intelligent ou sot, mais on est bien ou mal programmé. Avec les libertés individuelles disparaîtront les libertés civiles et politiques."
Pour Francis Crick, prix Nobel de médecine, "l'hypothèse stupéfiante, c'est que "vous", vos joies et vos peines, vos souvenirs et vos ambitions, le sens que vous avez de votre identité et de votre libre arbitre, ne sont rien de plus que le comportement d'un vaste assemblage de cellules nerveuses qui y sont associées. Comme l'Alice de Lewis Caroll aurait pu le formuler: "Tu n'es rien d'autre qu'un paquet de neurones."." Et Jean-Pierre Changeux de continuer: "L'homme n'a plus rien à faire de l'esprit, il lui suffit d'être un homme neuronal."
Tous ces propos sont-ils seulement des propos excessifs de quelques scientifiques égarés? L'idée que l'on peut façonner l'homme à sa guise n'est-elle pas le résultat de cette déconstruction de l'homme? Au nom de quoi respecterait-on un paquet de neurones? Les massacres qui ont eu lieu dans l'histoire pour des raisons religieuses, comme le renouveau des fondamentalismes nous montrent qu'une vision non matérialiste de l'homme ne préserve pas contre de tels agissements. Mais attention! Avec la vision réductionniste ("nous ne sommes rien d'autre que..."), un garde-fou essentiel vient de disparaître. Rappelons-nous l'eugénisme nazi et la volonté des staliniens de créer un homme nouveau...
Antoine de Saint Exupéry était un ceux qui avaient le mieux perçu ce problème, il y a plus d'un demi-siècle. Il répond par avance à ces scientifiques: "L'homme de ma civilisation ne se définit pas à partir des hommes. Ce sont les hommes qui se définissent par lui. Il est en lui, comme en tout être, quelque chose que n'expliquent pas les matériaux qui le composent. Une cathédrale est bien autre chose qu'une somme de pierres. Elle est géométrie et architecture. Ce ne sont pas les pierres qui la définissent, c'est elle qui enrichit les pierres de sa propre signification." Puis il perçoit le "drame de l'humanisme athée": l'impossibilité de un fondement solide à l'humanisme dans un monde où l'homme ne serait "rien d'autre que...", ce que des philosophes matérialistes contemporains lucides comme André Comte-Sponville ont admis. Saint Exupéry poursuit: "On ne dit rien d'essentiel sur la cathédrale si on na parle que des pierres. On ne dit rien d'essentiel sur l'homme si l'on cherche à le définir par ses qualités d'homme. L'Humanisme a ainsi travaillé dans une direction barrée d'avance [...] Nous avons glissé, faute d'une méthode efficace, de l'Humanité qui reposait sur l'Homme, vers cette termitière qui repose sur la somme des individus. Qu'avions-nous à opposer aux religions de l'Etat ou de la masse? Qu'était devenue notre grande image de l'Homme né de Dieu? [...] Si notre société pouvait encore paraître souhaitable, si l'homme y conservait encore quelque prestige, c'est dans la mesure où la civilisation véritable, que nous trahissons par notre ignorance, prolongeait encore sur nous son rayonnement condamné, et nous sauvait malgré nous-mêmes."
Scientifiques et penseurs: Edward Wilson Albert Camus Michel Foucault Steven Weinberg
Jim Peebles Hans Moravec Richard Dawkins Ruiz de Gopegui Francis Crick
Lewis Caroll Jean-Pierre Changeux Antoine de Saint Exupéry Henri de Lubac
liens: wikipedia.org -Sociobiologie
lechatsurmonepaule.com -henri de lubac: le drame de l'humanisme athée
persee.fr -Henri, Cardinal de Lubac, Le drame de l'humanisme athée
5) Conclusion.
Ce que dit Saint Exupéry est terrible. Ainsi que le dit Jean Staune, ces propos écrits en 1940, au coeur d'une lutte contre la nazisme qui semblait sans espoir, constituent un avertissement essentiel. Le nazisme et le communisme ont été vaincus, mais il semble qu'aujourd'hui nous soyons dans la situation de ces personnages de dessins animés qui courent sur une falaise, puis courent un certain temps au-dessus du vide, s'aperçoivent qu'il n'y a rien et tombent à la verticale. Nous n'avons plus de fondements pour notre humanisme, mais nous ne nous sommes pas encore aperçus. Le "rayonnement condamné" fait penser à celui d'une étoile qui réchauffe encore mais qui est déjà morte, car elle a explosé. Nous sommes condamnés à l'obscurité sauf si nous pouvions trouver une autre source de lumière.
Quelle menace, plus insidieuse, mais aussi aussi redoutable que les totalitarismes, risquent d'engendrer les progrès techniques? La génétique va certainement nous amener des surprises. Michael Rose, qui prolonge de dix fois la durée de vie normale des mouches, s'écrie: "En quoi le génome humain est-il sacré? Nous savons qu'il est le résultat d'assemblages réalisés par hasard au cous des siècles. Il est ce qu'il est aujourd'hui, mais il aurait parfaitement pu être différent. Au nom de quoi nous interdirait-on de le modifier?"
On peut entrevoir, comme le suggère presque Joël de Rosnay, l'hybridation homme-machine et l'émergence d'un nouvel être, avec un saut dans l'évolution, contrairement à ce qu'affirment la plupart des Darwinistes. Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley est à nos portes et face à lui, nous sommes désarmés, car nos "garde-fous éthiques" ont disparu.
Scientifiques et penseurs: Aldous Huxley Joël de Rosnay Saint Exupéry
Dans le prochain article "comment ébaucher "un traité de la condition humaine"?, je poursuivrai ma quête du sens et du réanchantement du monde avec Jean Staune.
Euphorique, narcotique, agréablement hallucinant Si c'est ça le meilleur des mondes, c'est moche!
extrait-livre.skyrock.com -le meilleur des mondes: Euphorique, narcotique, agréablement hallucinant
Alors, réenchantons le monde!
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