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Par amourdelapeinture le 9 Septembre 2013 à 22:43
Notre existence a t-elle un sens? 15) Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit?
martial-versaux.net -Quoi de neuf à propos de l’homme ?
youtube.com la science peut-elle nous parler de Dieu?
staune.fr -Le Réel voilé et la fin des certitudes, ou la vraie défaite d’Alain Sokal
staune.fr/ -L’importance des états virtuels dans l’émergence de l’ordre complexe dans l’univers
staune.fr -le réalisme classique et le réalisme non-physique
isalisea.over-blog.com -Isalisëa, fille de Sûl parle de "notre existence a-t-elle un sens?"
nidhalguessoum.org -Notre existence a-t-elle un sens? :lecture de Nidhal Guessoum
Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est l'expression de ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèles: Jésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".
Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staune, notre existence a-t-elle en sens, avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.
Mes articles déjà parus dans cette rubrique:Exergue: "Il semble que l'on puisse réfuter l'idée que les mathématiques soient une création de l'esprit humain. [...] Cela implique que les objets et les faits mathématiques existent objectivement et indépendamment de nos actions mentales et de nos décisions." Kurt Gödel.
Apres les articles précédents qui ont exposé le... "Hard problem of consciousness", expression inventée par David Chalmers, je poursuis ma lecture du livre de jean staune "Notre existence a-t-elle un sens?" avec ce titre qui semble a priori contradictoire: "Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit?"
1) Sommes-nous en contact avec un "monde des mathématiques."Nous avons vu dans les articles précédents qu'un "monde de l'esprit" est concevable au vu des expériences effectuées sur la conscience et le libre-arbitre et aussi en raison de la conception du monde que nous donne la physique quantique (voir en particulier les phénomènes de non-localité, article 7-1 et article 7-2). Mais avons-nous d'autres indices de l'existence d'un tel monde et du fait que notre conscience serait en contact avec lui, voire immergé en lui? Une voie pourrait être recherchée dans l'analyse des expériences mystiques rapportées par les différentes traditions. Mais si on ne considère que les faits scientifiques et leurs interprétations, des indices d'un monde de l'esprit peuvent recherchés dans la question de la nature des mathématiques. Cela peut sembler paradoxal, car a priori, rien ne semble plus rationnel et plus éloigné du monde de l'esprit que des équations.
Pourtant, de nombreux grands mathématiciens ont rapporté que certaines grandes découvertes leur sont venues d'illuminations, comme si un voile se soulevait et leur donnait accès à quelque chose qui préexistait. Les mathématiques seraient un monde que l'on explore petit à petit mais qui existait bien avant que l'homme existe et non une construction de l'esprit humain. II y aurait donc un "monde des êtres mathématiques" qui existerait de toute éternité et avec lequel l'esprit humain pourrait entrer en contact (Le platonisme mathématique ou «réalisme en mathématiques» est une théorie épistémologique selon laquelle les entités mathématiques (nombres, figures géométriques, etc.) ont une existence indépendante. Ce ne sont pas de vulgaires abstractions tirées du monde sensible (connu par les sens), ni de pures conventions, ni de simples instruments, mais des êtres jouissant d'une vie propre, comme les Idées de Platon ou même comme les êtres physiques).
Un exemple frappant est celui de Andrew Wiles qui a gravi "l'Everest des mathématiques" en démontrant le fameux dernier théorème de Fermat: (voir Andrew Wiles et le théorème de Fermat). "On sait que ou encore que . Il existe une infinité de tels triplets d’entiers. Par contre on ne trouve aucun triplet d’entiers a, b et c non nuls tels que ; c’est la même situation avec la puissance 4 et les suivantes. Le théorème de Fermat s’exprime ainsi : L’équation n’a pas de solution entière non nulle pour . Ce problème facile à comprendre porte le nom de Pierre de Fermat un mathématicien toulousain du XVIIème siècle. Dans un ouvrage énonçant cette conjecture, il laissa cette note mystérieuse : "J’ai une démonstration véritablement merveilleuse de cette proposition, que cette marge est trop étroite pour contenir". 350 ans de recherche pouvaient commencer…" Les plus grands mathématiciens de différentes époques ont essayé de le démontrer. Certains ont pu le faire pour certaines catégories de nombres mais jamais pour tous les nombres. Premières approches: Les cas des exposants n = 3, 4 puis 5 et 7 ont été abordés par Euler, Legendre et Cauchy. En 1738, Euler résout le cas n = 4. Le théorème est donc aussi prouvé pour toutes les puissances de n multiples de 4. En 1753, Euler transforme l'équation en z3 = x3 + y3 = 2a(a2 + 3b2). L'étude des propriétés des nombres de la forme a2 + 3b2 sera omise de sa première preuve. La même omission sera reprise par Legendre. Euler se penche à nouveau sur la question et finit par apporter une preuve satisfaisante pour n = 3. En 1801, Gauss donne une autre preuve, mais rigoureuse, elle, pour le cas n = 3. Il travaille dans â„š(√–3) et nomme à l'occasion entiersles complexes de ℤ[j]. En 1816, l'Académie des sciences de Paris offre une médaille d'or et un prix de 3 000 francs à celui qui résoudrait la question. En 1825, un calcul élégant de Sophie Germain permet à Dirichlet de proposer une preuve incomplète pour le cas n = 5. Elle est publiée et complétée dans le Journal de Crelle en 1828. La même année, toujours grâce à la solution de Sophie Germain, Legendre résout lui aussi cas n = 5. Il en déduit une généralisation portant sur une famille entière de nombres n premiers. En 1832, Dirichlet prouve le cas n = 14. En 1839, Lamé prouve le cas n = 7... Au fil du temps, la démonstration était devenue un "Graal des mathématiques". Nombreux étaient ceux qui pensaient qu'elle n'existait sans doute pas et s'y attaquer, c'était comme vouloir créer un mouvement perpétuel. Cette démonstration était devenue un sujet trop ambitieux pour un chercheur.C'est la raison pour laquelle Wiles a tu pendant 7 ans qu'il travaillait sur le sujet au point que ses collègues pensaient que s'il avait été un mathématicien brillant, il n'avait maintenant plus d'idées. Il lui a fallu travailler dans un isolement quasi-total pour arriver à son but. Puis, 7 ans après, Wiles annonce avoir démontré la conjecture TSW (pour plus de détails, voir Le théorème de Fermat : huit ans de solitude) dans un cas suffisant pour établir le théorème de Fermat, lors d'un séminaire à Cambridge en 1993, ce qui fut un véritable bombe et fit le tour du monde. Mais à l’automne, l’une des personnes qui effectue une vériï¬cation détaillée des manuscrits de Wiles découvre une erreur subtile. Pour Wiles; la situation était dramatique, car si un mathématicien comblait la faille avant lui, ce serait lui qui aurait démontré le théorème de Fermat. "Wiles ne veut pas succomber à l’abattement et se replonge dans le travail, mais maintenant la communauté mathématique tout entière « écoute à la porte »... Il tente de s’isoler de nouveau, et pendant plusieurs mois, toutes les rumeurs circulent. En décembre 1993, il se prononce par un message électronique qui circule dans la communauté, pour conï¬rmer qu’il y a un problème. Au début de l’année 1994, il décide de continuer à travailler en demandant à l’un de ses anciens étudiants, Richard Taylor, de venir l’aider. Au cours de l’été suivant, les deux hommes commencent à perdre conï¬ance et se préparent à admettre l’échec... Mais à l’automne 1994, Wiles a une nouvelle idée qui vient mettre un point ï¬nal à la preuve. L’article comportant l’essentiel de son travail pour démontrer le Grand Théorème de Fermat est paru en 1995 sous le titre Modular elliptic curves and Fermat’s Last Theorem
dans la revue Annals of Mathematics. C’est un article de 109 pages, qui s’appuie sur des
centaines et des centaines de pages de travaux d’autres mathématiciens... En effet, c'est un jour, en descendant l'escalier pour dîner, qu'il "vit" soudain que, en regroupant deux domaines très différents des mathématiques, il pourrait obtenir la solution. En arrivant en bas, il dit à sa femme: "ça y est, je l'ai!" Et c'était vrai, bien qu'il lui fallut plusieurs semaines pour coucher sa solution sur le papier. Ce qu'en dit Jean Staune est intéressant: "Lorsque j'ai eu l'occasion de rencontrer Andrew Wiles dans son bureau de Princetown, j'ai été frappé non par ce qu'il m'a dit mais par son attitude. J'avais en face de moi un père de famille directeur du département de mathématiques de l'une des plus grandes universités au monde. Mais tout, dans ses sourires, son silence, ses regards, son attitude générale, me rappelait non pas un scientifique, mais des rencontres dans une abbaye isolée avec certains moines dont l'attitude et le comportement nous font ressentir qu'ils ont éprouvé un contact avec l'absolu dont aucun mot ne pourrait rendre compte."
Mais tous les mathématiciens ne ressemblent pas à des mystiques. Alain Connes, professeur au Collège de France, médaille Fields (l'équivalent du prix Nobel) est un bon vivant et se dit matérialiste. Voici son témoignage sur "l'illumination" (qui est rationnelle et non mystique, il s'agit de voir un objet mathématique et non une apparition comme celle de la vierge): «Au moment où elle a lieu, l’illumination implique une part considérable d’affectivité, de sorte que l’on ne peut rester passif ou indifférent. La rare fois où cela m’est réellement arrivé, je ne pouvais m’empêcher d’avoir les larmes aux yeux. J’ai souvent observé la chose suivante : une fois la première étape de préparation franchie, on se heurte à un mur. L’erreur à ne pas commettre consiste à attaquer cette difficulté de manière frontale [...]. L'expérience montre que si l'on s'attaque à un problème directement, on épuise très vite toutes les ressources de la "pensée directe", rationnelle [...]. Ce qui est frappant, c'est l'importance, quand je parle de procéder indirectement, de l'éloignement apparent entre le problème initial et le champ d'investigation du moment[...]. Le mathématicien doit évidemment disposer d'une sérénité suffisante. On peut parvenir ainsi à une sorte d’état contemplatif qui n’a rien à voir avec la concentration d’un étudiant en mathématiques qui passe un examen» (dans "matière à penser"). Alain Connes a mis en scène cette illumination dans "Le théâtre quantique" (Odile Jacob), qu'on peut retrouver sur France culture dans l'émission spéciale Alain Connes: Le théâtre quantique est-il ouvert à tous? A lire aussi cette interwiew dans le point: "Votre héroïne, une scientifique hétérodoxe, vit un moment de "fulgurance", de révélation. Vous vouliez mettre en scène la façon dont surgissent les découvertes scientifiques?" "Oui, parce que, dans ces moments là, on a accès à une perception qui va au-delà de ce que le rationnel peut offrir. Après, bien sûr, il faut vérifier, replonger dans le rationnel. Bien sûr, ces moments ne se produisent pas dans le vide. Il ne suffit pas de rester là à attendre. On fait beaucoup de calculs, on a l'impression de n'aboutir à rien, d'être face à un mur. Mais le cerveau a été tellement nourri de questionnements qu'à un moment donné une illumination se produit. C'est une expérience que j'ai vécue, alors que je travaillais avec Jacques Dixmier précisément sur le temps quantique".
Roger Penrose, professeur à Oxford, rejette le dualisme et n'est pas spiritualiste. Pourtant, il postule l'existence de trois mondes interagissant entre eux. Du monde matériel émerge le monde de l'esprit, qui lui-même a accès au monde platonicien des mathématiques...qui est lui-même le fondement du monde physique ("les deux infinis et l'esprit humain"). Cette hiérarchie en trois niveaux rappelle celle de Karl Popper, ainsi que celle où a tant achoppé le christianisme du Moyen Age: corps, âme, et esprit. Pour Penrose, ce qui constitue une des différences essentielles entre l'être humain et les machines c'est que notre esprit a accès à ce monde platonicien: "Selon Platon, les concepts et les vérités mathématiques résident dans un monde réel dépourvu de toute notion de localisation spatio-temporelle. Le monde de Platon, distinct du monde physique, est un monde idéal de formes parfaites à partir duquel nous devons comprendre le monde physique. Bien que l'univers platonicien ne se laisse pas réduire à nos constructions mentales imparfaites, notre esprit y a toutefois directement accès grâce à une "connaissance immédiate" des formes mathématiques et à une capacité de raisonner sur ces formes. Nous verrons que si notre perception platonicienne peut à l'occasion s'aider du calcul, elle n'est pas limitée par de dernier. C'est ce potentiel de "connaissance immédiate" des concepts mathématiques, cet accès direct au monde platonicien qui confère à l'esprit un pouvoir supérieur à celui de tout dispositif dont l'action repose uniquement sur le calcul."
Les réductionnistes et matérialistes, parmi lesquels figurent de grands mathématiciens ne partagent pas cette vision de l'intuition mathématique. Un exemple est donné dans "Matière à penser" par le dialogue entre Alain Connes et Jean-Pierre Changeux, le fameux partisan de "l'homme neuronal". Changeux considère que les objets mathématiques sont des constructions de l'esprit et n'on pas d'existence propre. A la notion de simplicité qui lui donne accès à donne accès à de nouvelles régions du paysage mathématique, Changeux répond: "C'est toi qui crée cette simplicité lorsque tu confrontes tes représentations mentales entre elles ou à des objets naturels, lorsque tu constates leur adéquation ou leur inadéquation à l'aide du sens dont tu parles et que je considère comme le produit de nos facultés cérébrales. Encore une fois, est-ce que cela prouve que cette simplicité a une origine immatérielle? [...] Je crains que le "sentiment" que tu as de "découvrir" cette "réalité" toute platonicienne ne soit qu'une vision purement introspective, et de ce fait subjective du problème." Comme il n'est pas possible de prouver que ces "contacts avec le monde platonicien" que rapportent les grands mathématiciens soient réels, faisons un pas en avant tout en restant dans le cadre de la rationalité et de l'objectivité avec un autre grand résultat de la science du XXè siècle, le théorème de Gôdel.
liens: ac-grenoble.fr -platon (Jérôme Laurent)images.math.cnrs.fr -remarques perso sur la nature des Mathématiques Jean-François Colonna
math.sciences.univ-nantes.fr -mats et physique: le langage de la nature est-il mathématique?
wikipedia.org -Philosophie des mathématiques
mike-soft.fr -La nature des mathématiques mike-soft.fr -La trame
irem.unilim.fr -La nature l'essence et la finalité des maths à la lumière du papyrus de RHIND
dogma.lu -La nature de l’objet math peut-elle rendre compatible phénoménologie et analyticité en philosophie?
franceinter.fr -Le monde des mathématiques avec Cédric Villani wikipedia.org -cedricVillani
wikipedia.org -Platonisme mathématique
wikipedia.org -Dernier théorème de Fermat
pi314159.wordpress.com -Andrew Wiles et le théorème de Fermatinstitut.math.jussieu.fr -Le théorème de Fermat : huit ans de solitude
lepoint.fr/science -La science est aussi intuition (et illumination)
blogg.org -Le platonisme de Penrose et ses trois mondes
staune.fr -Résumé et commentaire de "Les Ombres de l’Esprit" de Roger Penrose
leonbrunschvicg.wordpress.com -penrose, platon et les mathématiques
jf.bizzart.biz -Insérer de l’âme dans la Science Michaël Friedjung
franceculture.fr -matière à penser (dialogue Connes Changeux)
slate.fr -LE THÉÂTRE QUANTIQUE» D'ALAIN CONNES: NOTRE TEMPS EST NÉ DE LA CHALEUR (3/3)
2) Gödel ou la transcendance de la vérité mathématique.
Quelle était la situation et les courants de pensée des mathématiques au début du XXè siècle?(voir en préambule Fondement des mathématiques et Philosophie des mathématiques). Les mathématiciens étaient moins ouverts au réalisme (ou au platonisme) mathématique qu'ils ne le sont aujourd'hui .
- Il y avait des positivistes comme Hans hahn, qui a fait partie du Cercle de Vienne et qui pouvaient dire "En ce qui concerne le monde, le seul point de vue possible me semble être le point de vue empiriste: la connaissance de la réalité ne peut en aucune façon s'obtenir par le pensée."( je rajoute: ??). L’ambition première et fondamentale du positivisme logique ou néo-positivisme est de refonder la science.
On peut rajouter le logicisme qui est la théorie selon laquelle les mathématiques sont une extension de la logique et donc que tous les concepts et théories mathématiques sont réductibles à la logique. Si ce programme était réalisable, il pourrait soutenir le positivisme logique en particulier, et le réductionnisme en général.
- Il y avait les constructivistes qui considéraient que l'on ne peut démontrer l'existence d'objets mathématiques qu'en donnant une construction de ceux-ci, une suite d'opérations mentales qui conduirait à l'évidence de l'existence de ces objets. Les mathématiques sont donc pour eux une construction humaine qu'il faut bâtir solidement, morceau par morceau. L'intuitionnisme de Brouwer peut être considéré comme l'une des formes du constructivisme en mathématiques qu'il a d'ailleurs inspiré
- Il y avait enfin les formalistes, comme David hilbert, l'un des plus grands mathématiciens de l'époque (Un formalisme est un système formel composé d'un langage formel et d'une sémantique représentée par un système déductif ou calculatoire. Il a pour objectif de représenter de manière non-ambiguë un objet d'étude en science. Les formalismes sont très courants en mathématique, logique mathématique ou en informatique théorique).. En 1900, Hilbert énuméra les 23 problèmes que, selon lui, les mathématiques devraient résoudre au cours du siècle qui commençait. Le plus important était de montrer la complétude de la logique (peut-on prouver la cohérence de l'arithmétique? En d'autres termes, peut-on démontrer que les axiomes de l'arithmétique ne sont pas contradictoires?)
L'enjeu du programme de Hilbert. Toutes les activités humaines formalisables reposent sur des nombres dont les relations entre eux forment l'arithmétique. Il faut donc que celle-ci soit un système cohérent qui permette une reconstruction de l'intégralité des mathématiques sur des fondations indestructibles. Par ailleurs, les raisonnement logiques interviennent de façon fondamentale dans le développement des mathématiques. Il faut donc formaliser la logique pour qu'elle débouche sur un système cohérent et complet permettant le déploiement des mathématiques.Si nous pouvons faire cela, disait Hilbert, "nous pourrions alors déterminer, pour n'importe quelle proposition logique, sa véracité ou sa fausseté et alors nous aurions une "solution finale (ou finitiste)" au problème de la logique." On retrouve une conception du monde similaire à celle de Laplace ("Si je connaissais la position des particules de l'univers et les lois qui les font interagir, je pourrais en déduire tout le futur de l'Univers") ou de Changeux ("Si je connaissais en détail votre état neuronal, je pourrais en déduire ce que vous allez penser dans une minute et que vous ne savez pas encore." Mais de même que le rêve de Laplace a été tué par la principe d'incertitude de Heinsenberg et que l'homme neuronal de Changeux a péri, ainsi que le dit Jean Staune, sous les coups de boutoir de Libet, le programme de Hilbert a succombé le 7 octobre 1930 à Königsberg, la ville natale de Kant. "C'était au colloque sur "L'épistémologie des sciences exactes" réunissant l'élite des mathématiques. Gödel, jeune doctorant de 25 ans, bouleverse le champ de la logique mathématique en annonçant son théorème d'incomplétude qui brise tous les espoirs de Bertrand Russell et de David Hilbert de fonder toutes les mathématiques de manière solide. Sur le moment seul John Von Neumann (élève de David Hilbert) comprit l’importance du résultat. Schématiquement exprimé, Gödel démontre que dans tout système formalisable, il existe des vérités (contextuellement vraies) mais non démontrables (dans le système formel des mathématiques)". Gödel qui était élève du positiviste Hans hahn évoqué précédemment, fréquentait les fameuses réunions du Cercle de Vienne, mais il n'était pas positiviste, il était profondément platonicien. En fait, à part Von Neumann, père du premier ordinateur et un des membres clés du projet Manhattan de construction de la bombe atomique, les participants ne saisirent pas la portée de cette déclaration. Personne ne réagit ni ne questionna Gödel. Il n'y a rien de plus formel que que la notion de vérité en mathématiques. Quelque chose est vrai si, et seulement si, on peut démontrer cette vérité. Or Gödel venait de dire que des propositions mathématiques pouvaient être vraies et indémontrables. On avait certainement mal entendu, ce n'était pas possible.
Maintenant, essayons de faire le lien entre ces résultats et notre sujet de départ: l'illumination en mathématiques. On peut les exprimer de diverses façons simples.
-Tout système d'axiomes contenant l'arithmétique (c'est à dire la théorie des nombres) contient une proposition dont nous pouvons savoir qu'elle est vraie mais qui n'est pas démontrable dans le système en question.
-La cohérence des mathématiques ne peut être démontrée à l'intérieur des mathématiques.
-Tout système d'axiomes contenant la théorie des nombres contient des propositions indécidables (on ne peut pas savoir si elles sont vraies ou fausses).
-Tout système d'axiomes est soit incomplet, soit incohérent car il ne peut être à la fois complet et cohérent.
Alors si des propositions sont non démontrables, comment pouvons nos savoir si elles sont vraies? A ceci Gödel répond: justement, c'est parce que nous avons un contact direct avec avec le monde des vérités mathématiques. En bon platonicien, il avait une foi extraordinaire en l'intuition mathématique, tout aussi réelle que nos perceptions. Cet "optimisme rationaliste", comme il l'appelait, le conduit à tenter de trouver une preuve de l'existence de Dieu qui rappelle en plus raffiné le "preuve de "Saint Anselme . Comme toute preuve de l'existence de Dieu, elle un peu spécieuse (Par définition Dieu a toutes les qualités. S'il n'a pas d'existence il lui en manque clairement une. Donc Dieu existe!). Il faut savoir que Gödel s'intéressait aux mystiques comme Sainte Catherine Emmerich et aux pères de l'Eglise tels que Grégoire Palamas). Mais il semble étrange que celui qui a démontré les limites de la logique veuille trancher logiquement la question de Dieu alors qu'il a démontré que dans tout système formel il y a de l'indécidabilité. Sans doute Gödel considérait-t-il son théorème comme un hommage à la raison, tellement puissante qu'elle peut démontrer ses propres limites. Il est possible aussi que les "méthodes systématiques" dont il parle ne reposent pas uniquement sur des démonstrations logiques mais incluent des intuitions rendues possibles par notre "contact direct" (platonicien) avec le monde des vérités qui ne se limiterait pas aux vérités mathématiques.
Ainsi Gödel a essayé de développer cette théologie et cette philosophie scientifique susceptibles d'aborder rationnellement tous les grands problèmes relatifs à la nature humaine, démarche ambitieuse que bien entendu, na pu mener à terme. Il pensait que le darwinisme, qu'il appelait "le mécanisme en biologie" serait réfuté rationnement un jour sous "la forme d'un théorème mathématique montrant que la formation au cours des temps géologiques d'un corps humain par les lois de la physique à partir d"une distribution aléatoire de particules élémentaires est aussi peu probable que la séparation par hasard de l'atmosphère en ses différents composants." De même que Daniel Dennett, Gödel pensait que le darwinisme est un algorithme est un algorithme, donc réfutable. Mais, pour lui, la vie, pour être expliquée nécessite des lois tout à fait différente des lois connues: "je ne crois pas que le cerveau soit apparu de façon darwinienne. En effet, cela est réfutable. Un organisme simple ne peut conduire au cerveau. Je pense que les éléments de base de l'Univers sont simples. La force de vie est un élément primitif de l'Univers et elle obéit à certaines lois d'action. Ces lois ne sont ni simples ni mécanistiques. Le darwinisme n'envisage pas de lois holistiques mais repose sur des particules et des lois simples. Or la complexité des organismes vivants doit être présente dans les éléments de base ou dans les lois." Il doit donc exister des lois de l'évolution autrement plus complexes que celles actuellement connues. Gôdel était dualiste et dans le domaine de l'esprit aussi, il s'agit d'une question empirique, donc prouvable. "L'esprit et la matière sont deux choses différentes. [...] C'est une possibilité logique que l'existence d'un esprit séparé de la matière soit une question testable. [...] Il se pourrait qu'il n'y ait pas assez de cellules nerveuses pour accomplir toutes les fonctions de l'esprit." Pour toutes ces références, voir Hao Wang un des rares confidents de Gödel dans son ouvrage.
Gödel, qui était très cohérent, a donc cherché à faire en biologie et en neurologie ce qu'il a fait en logique: bâtir un théorème montrant l'incomplétude des approches réductionnistes. Son "credo" montre également qu'il croyait en en la vie après la mort. "Le monde n'est pas chaotique et arbitraire mais, comme le montre la science, la plus grande régularité et le plus grand ordre règnent règnent partout. L'ordre est une forme de rationalité. la science moderne montre que notre monde [...] a eu un commencement et aura très probablement une fin. Pourquoi alors ne devrait-il y avoir que cet unique monde ici?... Ainsi, pour Gödel, il est logique de déduire de l'observation du monde que l'essentiel de notre développement s'effectuera après la mort. Il était aussi très critique envers les religions, mais il considérait la religion positivement, faisant sans doute référence à la possibilité d'établir une synthèse théologique utile à l'humanité comme celle qu'il a essayé de bâtir. Il considérait ses efforts de rationalisation de la religion comme "rien d'autre qu'une présentation intuitive et une "adaptation" à notre mode de pensée actuel de certains enseignements théologiques, prêchés depuis deux mille ans, mais qu'on a mélangés avec beaucoup de bêtises."
La pensée de Gödel est très complexe et toutes les idées qu'on vient de voir sont issues de citations et sont argumentées, mais elle restent tout de même des spéculations. Ce qu'il a démontré, c'est la transcendance (opposé à immanence) de la vérité par rapport à la notion de démonstration et le fait qu'on puisse avoir accès à des vérités non démontrables dans un système donné. Cela donne certainement crédibilité à tous ceux qui disent avoir été en contact direct, hors de toute démonstration, avec un "monde des vérités mathématiques": Andrew Wiles, Alain Connes, Roger Penrose, Gödel et beaucoup d'autres... et cela permet de penser que qu'il existe bien une voie rationnelle permettant de rentrer en contact avec le monde de l'esprit.
Gödel et ses théorèmes: philisto.fr -La philosophie de Kurt Gödelcanal-u.tv/video -LES THÉORÈMES DE GÖDEL : FIN D’UN ESPOIR ?
podcastscience.fm -les théorèmes d'incomplétude de Gödel
wikipedia.org -Théorèmes d'incomplétude de Gödel
laviedesidees.fr -Kurt Gödel aux frontières de la raison : des théorèmes aux théo-rêves...
jutier.net -Le théorème de Gödel (un énoncé simplifié)
villemin.gerard.free.fr -Incomplétude & limites mathématiques et philosophiques
patriceweisz.blogspot.fr -Dieu n'est pas phénoménal: la preuve ontologique de Gödel
perso.ens-lyon.fr -Les théorèmes d’incomplétude de Gödel (démonstration)
pauljorion.com -Le mathématicien et sa magie: théorème de gödel et anthropologie des savoirs
noesis.revues.org -Gödel : des théorèmes d’incomplétude à la théorie des concepts
uip.edu -Y a-t-il un seul poème moderne qui soit comparable au théorème de Gödel?
staune.fr -Poésie d’un théorème
pourlascience.fr -Gödel déchiré Dans les années 1940-1950
Quelques liens sur la logique:
wikipedia.org -système formel wikipedia.org -logique mathématique
wikipedia.org -Axiome wikipedia.org -Cohérence (logique)
Autres liens:
wikipedia.org -histoire des mathématiques
Fondement des mathématiques et Philosophie des mathématiques
wikipedia.org -Programme de Hilbert
thomassonjeanmicl.wordpress.com -le programme de Hilbert et les indécidables
mi.sanu.ac.rs -LE PROGRAMME DE HILBERT Kosta Do  sen
Gödel et le tambour de Dada -En 1930 lors d'un colloque à Königsberg
blogs.mediapart.fr -Gödel le génie, la folie, la vie
abebooks.co.uk -A Journey logique: De Godel à la philosophie
staune.fr -Résumé et commentaire de "Les Ombres de l’Esprit" de Roger Penrose
Remarque: Le théorème d'incomplétude de Gödel ne dit pas qu'il est impossible de réaliser un tel système selon l'esprit du programme de Hilbert. La complétion de la théorie de la démonstration a permis de clarifier la notion de cohérence, qui est centrale dans les mathématiques modernes. Le programme de Hilbert a lancé la logique sur une voie de clarification. Le désir de mieux comprendre le théorème de Gödel a permis le développement de la théorie de la récursion et la clarification de la logique. Cette dernière est devenue une discipline à part entière dans les décennies de 1930 et de 1940. Elle forme le point de départ de ce qui est aujourd'hui appelée l'informatique théorique, développée par Alonzo Church et Alan Turing.
3) conclusion.
Pour conclure ces articles sur le problème de la conscience, on peut dire que le dualisme, l'idée que la conscience n'est pas produite par le cerveau, est corroborée par l'existence probable d'un lien entre l'esprit humain et le monde "éternel" des vérités mathématiques. Si ce contact existe, il est plus probable qu'il soit possible parce que la conscience n'est pas en totalité immergée dans le temps et l'espace comme nous l'avons vu dans l'article 14-2) avec les expériences de Benjamin Libet, plutôt que parce qu'une conscience "produite par le cerveau" aurait trouvé le chemin de ce contact. En d'autres termes comme le dit Jean Staune en conclusion du chapitre, "cela conduit à penser que l'esprit qui nous anime n'est pas uniquement un produit de l'activité neuronale, même s'il ne peut pas s'exprimer sans l'aide de celle-ci. Le dualisme redevient une hypothèse acceptable, et cela au strict plan de la rationalité scientifique, surtout depuis que des modèles montrant comment l'esprit pourrait agir sur le cerveau sans violer les lois de la physique ont été élaborés.
Dans le prochain article nous aborderons les chapitres de conclusion de ma lecture du livre "notre existence a-t-elle un sens?": "Une nouvelle approche de la science" et "science et sens, raison et religion".lien: staune.fr -Résumé et commentaire de "Les Ombres de l’Esprit" de Roger Penrose
Une des démonstrations du théorème de Gödel les plus accessibles est la version qu'en donne Roger Penrose. Voir "Les ombres de l'esprit" p. 66-68.
En simplifiant, Gödel procède ainsi: "Dans un système d'axiomes dont on peut montrer qu'il est cohérent, (ce qui veut dire qu'on ne peut pas en déduire une proposition incohérente, ou contradictoire), il parvient à bâtir une proposition qui dit qu'il n'existe pas de démonstration d'elle-même appartenant au système en question. Cela est vrai (car si une telle démonstration existait, le système serait incohérent car il contiendrait une contradiction...Mais justement indémontrable dans le système ne question. Et dans tout système, on pourra bâtir uns proposition de ce type dont nous saurons (intuitivement) qu'elle est vrai, mais qui ne sera pas démontrable dans le système concerné."
penseurs: Andrew Wiles Fermat. Alain Connes Roger Penrose Gödel David hilbert Alan Turing.
Changeux Peano Bertrand Russell John Von Neumann Euclide Alonzo Church
Sainte catherine Emmerich Hao Wang
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Par amourdelapeinture le 23 Août 2013 à 23:07
Notre existence a t-elle un sens? 14-2) L'homme non-neuronal deuxième partie
martial-versaux.net -Quoi de neuf à propos de l’homme ?
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staune.fr/ -L’importance des états virtuels dans l’émergence de l’ordre complexe dans l’univers
staune.fr -le réalisme classique et le réalisme non-physique
isalisea.over-blog.com -Isalisëa, fille de Sûl parle de "notre existence a-t-elle un sens?"
nidhalguessoum.org -Notre existence a-t-elle un sens? :lecture de Nidhal Guessoum
Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est l'expression de ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèles: Jésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".
Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staune, notre existence a-t-elle en sens, avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.
Mes articles déjà parus dans cette rubrique:Notre existence a-t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie)
Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES
Exergue: "Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme." Antoine de Saint Exupéry, dernière phrase de Terre des hommes.
Dans les deux articles Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie, et Notre existence a t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie), nous avons vu les positions de scientifiques et de philosophes sur le problème de la conscience. Pour certains, le cerveau produit la conscience alors que d'autres pensent que ce n'est pas le cas. Nous sommes passés de positions les plus réductionnistes et matérialistes à des positions plus nuancées où le cerveau est bien plus qu'un "paquet de neurones". Quelles sont les positions les plus crédibles?
C'est ce que nous avons commencé à examiner dans l'article "l'homme non neuronal partie 1)" par des analyses qui portent non sur la vision, l'audition ou des maladies, mais sur la nature de la conscience et des questions telles que le libre arbitre ou la création de sens. Dans le chapitre 1): "Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?", nous avons eu la première preuve qu'il n'y a pas une identité complète entre les processus neuronaux et les états mentaux ainsi que l'affirme libet (consulter "Esprit es-tu là?"). D'après les tracés, le moine ne réagissait plus aux stimulis extérieurs, donc l'observation de son état neuronal ne permet pas de déduire son état mental, ce qui est un démenti de la théorie de l'identité entre ces deux états.
1) Libre oui, mais de dire non!
Fig 1: sciencetonnante.wordpress.com -cerveau et l'aire motrice supplémentaire
La question de l'existence du libre-arbitre est une grande question philosophique dont la science moderne avait semblé sonner le glas avec l'élimination de l'âme ou de toute entité transcendante. En effet, si en dernière analyse, nous ne sommes que des processus physico-chimiques, nos actes sont déterminés par eux. Nous avons l'impression de faire des choix en toute liberté mais cela doit être une illusion. Et cela d'autant plus que Hans Helmut Kornhuber a mis en évidence que, près d'une seconde avant qu'un sujet effectue un geste, un "potentiel de préparation motrice" apparaît dans l'aire motrice dans l'aire motrice supplémentaire (SMA), voir Fig 1). Pourtant, on n'a pas l'impression qu'il se passe une seconde entre le moment où on décide d'appuyer sur un bouton et le moment où on effectue ce geste.
1983: Expérience fondatrice de Benjamin Libet pour éclaircir la situation. Dans l’expérience, on vous place devant une horloge qui défile rapidement, et on vous donne un bouton sur lequel vous pouvez appuyer au moment qui vous plaira. La seule chose qu’on vous demande c’est de retenir le nombre indiqué par l’horloge au moment où vous prenez votre décision d’appuyer. Dans le même temps, des électrodes placées sur votre crâne suivent votre activité cérébrale. On constate (Fig 2) que le potentiel de préparation commence une seconde avant l'acte, mais que le sujet rapporte qu'il a décidé d'appuyer sur le bouton à un moment qui correspond au sommet du potentiel de préparation, environ 0,2 seconde avant l'acte. Puis l'acte a lieu (début du mouvement), une décharge de potentiel se produit, la courbe passe "sous la barre" (en négatif), signe que le geste a été effectué.
Pour l'ensemble des matérialistes "c'est la preuve que le libre-arbitre n'existe pas. Quand nous croyons avoir décidé d'appuyer sur le bouton, cela fait déjà 0,8 seconde que notre cerveau a décidé de le faire, mais nous n'en sommes pas conscients!". Mais Libet ne s'est pas arrêté là: il a identifié les potentiels de préparation avortés pour lesquels le tracé commençait de la même façon mais où l'acte n'a pas été effectué ( le tracé n'est pas descendu dans la partie négative, il est resté au-dessus de la droite de base). Si on interroge le sujet sur ce qui s'est passé, il dit qu'il qu'il a l'impression d'avoir failli appuyer sur le bouton et puis finalement, de s'y être opposé. Or, le moment où il dit avoir changé d'avis correspond au sommet du potentiel de préparation motrice (sur la Fig 1), soit 200 ms (ou 0,2 seconde) avant l'acte, dans le cas dans le cas où il appuie sur le bouton et dit qu'il décide de le faire. De plus, le potentiel de préparation se développe initialement dans les deux hémisphères, alors qu'au final une seule main bouge et, 0,2 seconde avant l'acte, il se "latéralise", il disparaît dans l'hémisphère correspondant à la main qui ne va pas bouger, alors qu'il se développe dans l'autre.
Il se passe donc bien quelque chose de fondamental 0,2 seconde avant l'acte: je "Je", le "moi" a a le choix de "laisser courir" ou de stopper des processus qui ont été commencés sans lui. Quotidiennement nous faisons des mouvements sans en être vraiment conscients, comme c'est le cas, par exemple, du mouvements de nos mains au cours d'une discussion agitée. Mais nous pouvons reprendre le contrôle en ne bougeant plus nos mains. Donc le libre-arbitre n'est pas une illusion. C'est en quelque sorte un droit de veto sur des actes potentiels que que nous n'avons pas initiés nous-mêmes. Il est plus limité que prévu et l'alcool ou les drogues fragilisent certainement ce droit en laissant nos pulsions inconscientes se manifester. Pour l'illustrer, on peut utiliser la métaphore de l'arbitre. En parlant d'un match de football, on pourrait dire (tout comme Changeux qui déclare qu'on n'est que des paquets de neurones) que c'est 44 pieds et 4 mains tapant dans un ballon et rien d'autre. Mais il y a un élément supplémentaire: l'arbitre. Il ne joue pas et ne tape pas dans le ballon, mais son rôle, c'est de laisser jouer, sauf dans les rares moments où il siffle, mais c'est un rôle essentiel (à la fin du match, c'est en général l'arbitre et non les joueurs qui prend les canettes sur la tête). Remplaçons arbitre par "âme" ou "esprit" et on peut alors comprendre pourquoi cette deuxième expérience de Libet est aussi cruciale que la première. Bien sûr on ne peut pas objectiver l'inobjectivable et on ne peut pas voir l'esprit. Mais on peut, indirectement, déduire l'existence de quelque chose qui s'impose aux processus neuronaux parce que certains potentiels de préparation avortent, tout comme on peut, déduire l'existence d'un arbitre en observant qu'a certains moments du match, les joueurs s'arrêtent tous en même temps, même si on ne le voit pas.
Quelle conclusion raisonnable tirer de ces expériences (le libre arbitre eixste-t-il?)? Chez les scientifiques et les philosophes il n'y a aucun consensus quant à leur interprétation. Pour certains comme Patrick Haggard, le libre-arbitre n’existe tout simplement pas, il affirme « We feel that we choose, but we don’t ». Pour d’autres, au contraire, ces expériences n’ont aucune valeur, "Circulez ya rien à voir!". Une position intermédiaire raisonnable c’est d’admettre que ces expériences montrent au moins que nos intentions ne sont pas systématiquement à l’origine de nos actions. Les processus inconscients jouent peut être un plus grand rôle que nous ne pouvions le penser, et la conscience d’une décision est un phénomène qui se construit au cours du processus de décision, pas à son origine. Libet a précisé, lors d'une discussion avec Jean Staune: "mon expérience est plus en faveur de l'éthique juive que de l'éthique chrétienne." Il a rajouté: "Parce que pour les chrétiens, on a péché dès que que l'on a eu une mauvaise pensée. Mon expérience montre que c'est trop demander à l'homme que de contrôler des choses qu'il ne peut contrôler. Mais en revanche, on est responsable de ses acte. Et pour l'éthique juive, on est coupable non pas à cause des pensées que l'on peut avoir, mais seulement si l'on a mal agi."
liens: wikipedia.org -Libre arbitresciencetonnante.wordpress.com -1983 : L’expérience fondatrice de Benjamin Libet
jung-neuroscience.com -Benjamin Libet et le libre-arbitre
philosophie.philisto.fr -Le problème du libre-arbitre
philitt.fr -Le problème du libre arbitre chez Schopenhauer
scienceshumaines.com -Les mécanismes de la volonté
2) L'homme, un animal porteur de sens.Qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal? Le langage, l'utilisation des outils, l'altruisme? on retrouve ces caractéristiques chez les animaux, y compris le langage pour lequel certains chimpanzés peuvent manier certains symboles. Pour Ernst Cassirer, l'homme n'est pas seulement un être organique et spirituel, mais un être qui demande et fabrique du sens. La relation de l'esprit et du corps doit être elle-même restituée dans le champ du sens.
Une expérience montre qu'il semble que l'homme possède une caractéristique unique: Le besoin impératif que ses actes aient un sens. L'expérience a été faite pour soigner et soulager des patients ayant des crises d'épilepsie dans les deux hémisphères cérébraux. Il s'agit de séparer les deux hémisphères en sectionnant le corps calleux (faisceau d'axones, (fibre nerveuse qui correspond au prolongement long, mince et cylindrique du corps cellulaire d'un neurone) interconnectant les deux hémisphères cérébraux et constitué de 200 millions de fibres nerveuses). Un petit nombre de patients a subi cette opération qui a donné des résultats positifs. Hormis quelques bizarreries mineures de comportement, ils ont pu reprendre une vie normale. Le neurospsychologue Michael Gazzaniga, qui travaillait au début de sa carrière avec Roger Sperry, a mis au point plusieurs dispositifs permettant d’étudier les différences fonctionnelles des deux hémisphères, chez ces patients. Il a réalisé l'expérience suivante (voir le cerveau social): Un patient au cerveau sectionné (split brain) doit regarder un écran en fixant un point noir se trouvant au centre. Un capteur fixé sur ses yeux fait que s'il bouge, l'écran s'éteint. On lui demande alors de montrer de la main la carte, qui, parmi celles disposées devant lui, correspond à l'image qu'il va voir: on projette alors deux images différentes dans les deux parties de l'écran (par exemple une image représentant une voiture dans la neige devant une maison avec un bonhomme de neige, l'autre étant la patte d'un coq). Le sujet a une double réponse avec ses mains qui pointent sur deux des images disposées devant lui (par exemple une pelle à neige avec la main gauche et un coq avec la main droite). Il faut se rappeler que l'aire du langage se trouve dans l'hémisphère gauche. Or, tout est croisé chez l'homme: l'hémisphère gauche contrôle la partie droite du corps et l'hémisphère droit, la partie gauche. Le champ visuel (les deux images projetées, paysage de neige et patte d'un coq), a donc projeté dans le cerveau gauche l'image de la patte d'un coq, et le cerveau gauche a donné l'ordre à la main droite de montrer la tête du coq (une des images disposées devant le sujet). Quand on lui demande d'expliquer sa réponse, il répond: "vous m'avez coupé le cerveau en deux, mais je ne suis pas encore débile! Vous me montrez une patte de coq, je vous montre la tête." Mais si on lui dit "...mais pourquoi montrez-vous cette pelle avec votre main gauche?". Il bafouille un peu et répond "Les coqs vivent dans les poulaillers et ils font des saletés. Il faut nettoyer... par association d'idées, j'ai également désigné la pelle.". Ce n'est bien sûr pas la raison, c'est parce que le cerveau droit ayant reçu du champ visuel gauche (l'image placée devant le sujet) l'image de la voiture dans la neige, il a donné à la main gauche l'ordre de montrer la pelle à neige. Le cerveau droit, qui agit sur la main gauche le sait, mais ne peut l'exprimer. Alors que le cerveau gauche peut parler, mais ne connait pas la raison de cet acte. Il va en inventer une et y croire dur comme fer!
Si au lieu du paysage de neige on met le message "partez, l'expérience est terminée", le sujet se lève et s'en va. Et si on lui demande: "pourquoi partez-vous?", il bafouille et répond un prétexte comme "J'ai envie d'aller aux toilettes" et il en sera toujours persuadé même si on le réinterroge plus tard.
Cette expérience montre que la question du sens est tellement importante pour l'homme que lorsqu'il ignore le sens d'un de ses actes, il va en inventer un et y croire. Jean-François Lambert dit "C'est seulement quand je verrai des chimpanzés s'assembler pour débattre du sens de leurs actes et réfléchir sur leur "chimpanzéïtude" que j'admettrai que l'homme n'est pas fondamentalement différent des singes."
Mais ces expériences ont aussi d'autres implications, elles réfutent l'existence de la télépathie selon Sperry et et Libet. En effet, si les deux moitiés du cerveau ne peuvent pas communiquer entre elles, comment pourrions-nous communiquer avec un autre cerveau? Le champ de conscience (voir article 14-2 chapitre 2) de Benjamin Libet, s'il existe, a une portée très limitée. Il est engendré par les hémisphères, mais l'expérience montrerait donc que le champ produit par une hémisphère n'interagit pas avec l'autre. Mais, bien que le résultat puisse laisser penser que l'on affaire à deux "moi" qui fonctionnent indépendamment, aucun des patients au cerveau sectionné n'a rapporté le moindre "trouble du moi." Il s'agit de "moi" uniques ayant conservé toute leur mémoire et leurs habitudes (même si l'hémisphère droit ne peut parler, on pourrait, par le biais de tests de personnalité purement visuels, se rendre compte de l'émergence d'un second "moi"). Comme un "émergentiste ultra-fort" comme Libet ne semble pas pouvoir expliquer cette unicité de la personne après que le cerveau a été coupé en deux, on trouve ici un argument indirect en faveur du dualisme.
penser.over-blog.org -Ernst Cassirer: l’homme, un animal symbolique
danielmartin.eu/Philo -Besoin de sens et raisonnements faux
sergecar.perso.neuf.fr -l'idée de dieu et le dieu des religions
journalofcosmology.com -Le split brain: deux cerveaux - Two Minds
thebrain.mcgill.ca -split brain: CAN STATES OF CONSCIOUSNESS BE MAPPED IN THE BRAIN?
revue3emillenaire.com -L’hémisphère gauche parle, l’hémisphère droit pense par Roger Sperry
3) Le grand retour scientifique du dualisme.Le dualisme est un terme qui a très mauvaise presse; il est fondamentalement considéré comme antiscientifique et "il doit être évité à tout prix." "Accepter le dualisme c'est renoncer" dit Daniel Dennett dans "la conscience expliquée."
Le dualisme est une doctrine posant deux principes irréductibles et indépendants, au contraire d'un monisme, qui n'en pose qu'un. En philosophie, le dualisme (philosophie de l'esprit) se réfère à une vision de la relation matière-esprit fondée sur l'affirmation que les phénomènes mentaux possèdent des caractéristiques qui sortent du champ de la physique. Ces idées apparaissent pour la première fois dans la philosophie occidentale avec les écrits de Platon et Aristote, qui affirment, pour différentes raisons, que l'« intelligence » de l'homme (une faculté de l'esprit ou de l’âme) ne peut pas être assimilée ni expliquée par son corps matériel. La version la plus connue du dualisme a été formalisée en 1641 par René Descartes qui a soutenu que l'esprit était une substance immatérielle. Descartes fut le premier à assimiler clairement l'esprit à la conscience, et à le distinguer du cerveau, qui est selon lui le support de l’intelligence. Ainsi, il a été le premier à formuler le problème corps/esprit de la façon dont il est présenté aujourd’hui. De nos jours, le dualisme est opposé à des formes variées de monismes, parmi lesquelles le physicalisme et le phénoménisme. Le dualisme de substances’oppose à toutes les formes de matérialisme, tandis que le dualisme de propriétés peut être considéré comme une forme de matérialisme émergentiste, et serait alors opposé à un matérialisme non-émergentiste.
Après l'éclipse qu'on connaît et le rejet hors du champ de la science du dualisme, la physique quantique nous met face à des choses plutôt troublantes. Nous avons vu qu'il existe des phénomènes tels que la non-localité qui ont une influence causale sur notre monde sans être constitués de matière ni d'énergie. La physique quantique nous a aussi amenés a voir que se qui existe ne se limite pas à des choses incluses dans le temps et l'espace et constituées de matière et d'énergie. Cela ne permet-t-il pas d'envisager l'existence possible d'un esprit non localisé dans le temps et l'espace et non constitué de matière et d'énergie? Depuis l'article de Becke et Eccles en 1992, rêve de Descartes(?), le principal obstacle théorique au dualisme a disparu.
Ainsi, le dualisme semble la solution la plus logique aux extraordinaires expériences de Libet (voir chapitre 2) montrant que la conscience peut remonter le temps, et donc n'est pas totalement située dans le temps. Libet n'est pas dualiste, mais il précise, dans "Mind time" que rien n'interdit l'existence d'un dualisme de type cartésien. Il faut rappeler que de nombreux scientifiques célèbres pensent que le cerveau et l'esprit sont deux choses identiques, position réfutée par les expériences de Libet tout en expliquant que le dualisme est antiscientifique (bel exemple d'illustration de la parabole de la paille et de la poutre). Mais le dualisme n'est-il pas la meilleure explication du fait que les sujets au cerveau coupé gardent une identité unique? Du fait qu'une instance peut, au moment crucial, arrêter des processus commencés inconsciemment par le cerveau et manifester ainsi l'existence d'un libre-arbitre? Du fait que l'intention de faire quelque chose peut avoir des conséquences physiques sur le cerveau et même sur le système immunitaire? Du fait que des états mentaux peuvent être radicalement différents des états neuronaux associés comme l'a montré l'expérience des moines tibétains?
Le dualisme pourrait ainsi être une voie de recherche sur la nature de la conscience humaine en regardant les faits scientifiques et uniquement eux. En général, quand on fait appel à des entités non matérielles comme l'esprit ou les archétypes, les matérialistes disent que c'est une façon de scléroser la recherche, puisqu'au lieu de rechercher une cause physique, on postule quelque chose d'invérifiable. Mais ici on peut constater que c'est le contraire! Quelles sont les recherches potentiellement riches que en progrès que l'on pourrait mener dans les sciences de la conscience?
a) Le développement de la voie ouverte par Libet à propos de la possibilité de pour la conscience de s'extraire du temps est à envisager. Une possible confirmation empirique pourrait exister: dans les cas d'urgence (accidents de voiture par exemple), des témoins rapportent que qu'un moment qui n'a duré que 3 s (j'ai vu le camion, je suis rentré dedans), a paru en durer une trentaine. Comme si la conscience sortait du temps pour se donner plus de chances de réagir.
b) Les recherches sur de nombreux cas dans lesquels se manifeste, selon l'expression de Jean-François Lambert, se manifeste "un opérateur qui ne se résume pas à la somme des opérations, e qui peut, soit arrêter des processus commencés inconsciemment par le cerveau, soit engendrer des processus physiques dans le cerveau uniquement par la pensée."
c) Les recherches sur des sujets actuellement tabous comme les expériences de mort imminente (NDE ou EMI) nous indiquent que des découvertes incroyables sur la nature humaine sont envisageables.Vidéos à voir:
Jean-Jacques Charbonier, né en 1956 à Saint-Gaudens, est un médecin anesthésiste réanimateur connu pour ses recensions de témoignages validant selon lui l'hypothèse de vie après la mort et de l'existence d'une conscience indépendante de l'activité neuronale.
-Documentaire expériences de mort imminente (EMI ou NDE):
Le dualisme semble être l'hypothèse la plus féconde pour expliquer les données provenant des neurosciences, mais le paradigme dominant à l'heure actuelle interdit d'envisager toute réalité non physique, ce qui bloque les recherches potentiellement fructueuses, de même que dans les sciences de l'évolution (dans lesquelles des milliers de chercheurs étudient la drosophile qui n'a pas vraiment évolué depuis 50 millions d'années dans l'espoir de comprendre les mécanismes de l'évolution). Cet interdit a pourtant déjà volé en éclats dans les domaines de la physique , de l'astrophysique et des mathématiques comme nous le verrons dans l'article suivant: "une voie rationnelle vers le monde de l'esprit", domaines dans lesquels on peut découvrir un ou plusieurs niveaux de réalité hors du temps, de l'espace, de l'énergie et de la matière. Le dualisme évoqué ici diffère de la conception classique de cette notion selon laquelle conscience et matière seraient deux choses totalement séparées. En fait, ce que nous avons vu pour la physique incite à penser que la conception la plus en en accord avec nos connaissances est celle selon laquelle conscience et matière proviendraient d'une substance unique qui serait antérieure à la "scission sujet-objet" (expression de Bernard d'Espagnat) que Schrödinger a évoqué dans "l'esprit et la matière". "Il était bien placé pour mesurer tout à la fois la nécessité et le coût exorbitant de l'acte fondateur des savoirs objectifs: le retrait ou, plus précisément, l'" Elision " du sujet connaissant. Tout notre savoir s’édifie sur la scission sujet-objet: penser, parler, observer, expérimenter se fait dans l’ordre de la séparation : je me donne un objet dans un champ défini, je l’observe du dehors". "La conscience est ce par quoi il peut y avoir un sujet qui se présente et un objet représenté. par elle s'opère la scission sujet-objet. Le sujet doué de conscience se pose comme un sujet, un Je, en face d'objets. Il n'est pas dans le monde (parmi les choses), il fait face au monde et tout ce qui constitue ce monde: moi, autrui, les choses et il se met à exister comme objet de représentation". Cette substance unique serait située au-delà de l'espace, du temps et de l'énergie.
Pour conclure cet article, on peut dire que conscience et matière ne sont pas contradictoires. Elles sont complémentaires au sens de Bohr. Ce dernier, s'est confronté au réalisme d'Einstein mais il avait certainement eu l'intuition de ce dualisme de la connaissance ("Le principe de complémentarité fut introduit à Copenhague par Niels Bohr suite au principe d'indétermination de Werner Heisenberg comme approche philosophique aux phénomènes apparemment contradictoires de la mécanique quantique, par exemple : celui de la dualité onde-corpuscule. Dans sa forme la plus simpliste, il stipule qu'un « objet quantique » ne peut se présenter que sous un seul de ces deux aspects à la fois. Bohr a montré que le principe selon lequel différents aspects d'un système ne peuvent être perçus simultanément, validé dans d'autres disciplines intellectuelles, s'appliquerait désormais dans le domaine de la physique, alors qu'il était absent de la physique classique.")
Pour terminer, je conseille la lecture des articles du blog elishean.fr qui apporte un point de vue qui me semble intéressant:elishean.fr -La Naissance de la Conscience dans L’Effondrement de L’Esprit – Partie 1/3
elishean.fr -La Naissance de la Conscience dans L’Effondrement de L’Esprit – Partie 2/3
elishean.fr -La Naissance de la Conscience dans L’Effondrement de L’Esprit – Partie 3/3
Liens sur la complémentarité: wikipedia.org -principe de complémentarité
books.google.fr -Bohr et la complémentarité
pourlascience.fr -bohr et la complémentarité
pourlascience.fr -téléchergement article de bohr complémentarité
canal-u.tv/video -LA PHYSIQUE QUANTIQUE (SERGE HAROCHE)
sps-philoscience.org -La mécanique quantique pour non-physiciens Jean Bricmont
uip.edu -L’incomplétude, un nouveau paradigme Par Jean-François Lambert
wikipedia.org -experience de mort imminente (EMI ou NDE)
wikipedia.org -Jean-Jacques Charbonier anesthésiste réanimateur (témoignages de vie après la mort)
Autres liens: wikipedia.org -Dualisme_(philosophie)
wikipedia.org -Dualisme_(philosophie_de_l'esprit)
guykarl.canalblog.com -de la scission sujet-objet
sergecar.perso.neuf.fr -Karl Jaspers: le moi inséparable de l'objet et l'englobant
jjeanzin.fr -Sujet-Objet (de Descartes à l'écologie)
michel.bitbol -L'esprit et la matière, précédé de L'élision par M. Bitbol,
chapitre.com -Erwin Schrödinger: L'esprit et la matière; l'Elision
lemondedesreligions.fr -Dieu et la science: Bernard d'espagnat et divers penseurs
staune.fr -Le-réel voilé de Bernard d'Espagnat
larecherche.fr -Bernard d'espagnat, le physicien du réel voilé
prochain article: Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit (la voie mathématique)
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Par amourdelapeinture le 3 Août 2013 à 22:39
Notre existence a t-elle un sens? 14-1) L'homme non-neuronal, première partie.
martial-versaux.net -Quoi de neuf à propos de l’homme ?
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nidhalguessoum.org -Notre existence a-t-elle un sens? :lecture de Nidhal Guessoum
Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est l'expression de ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèles: Jésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".
Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staune, notre existence a-t-elle en sens, avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.
Mes articles déjà parus dans cette rubrique:Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES
Exergue: "Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme." Antoine de Saint Exupéry, dernière phrase de Terre des hommes.
Dans les deux articles précédents; Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie, et Notre existence a t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie), nous avons vu les positions de scientifiques et de philosophes sur le problème de la conscience. Pour certains, le cerveau produit la conscience alors que d'autres pensent que ce n'est pas le cas. Nous sommes passés de positions les plus réductionnistes et matérialistes à des positions plus nuancées où le cerveau est bien plus qu'un "paquet de neurones". Quelles sont les positions les plus crédibles? C'est ce que nous allons examiner maintenant dans cet article "l'homme non neuronal" par des analyses qui portent non sur la vision, l'audition ou des maladies, mais sur la nature de la conscience et des questions telles que le libre arbitre ou la création de sens.
1) Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?
oserchanger.com -EEG ou l’activité électrique du cerveau en temps réel
C'est une expérience réalisée Par jean-François Lambert sous la direction de Paul Laget à l'hôpital Trousseau qui pose la question: Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?.
Normalement, si on reçoit un flash dans les yeux, une réaction automatique se produira dans notre aire visuelle et un observateur pourra, s'il regarde l'activité de notre cerveau, en déduire qu'on vient d'être soumis à un tel signal visuel. Sur le tracé d'un électro-encéphalogramme (EEG), ce signal produit un pic inversé qu'on appelle "potentiel évoqué". Dans l'expérience de jean-François Lambert, le sujet sur lequel a été obtenu le tracé n'est pas vraiment comme tout le monde. Il s'agit d'un moine tibétain qui a passé sa vie à méditer. Lorsqu'on lui demande de méditer, on s'aperçoit que dans le tracé, au lieu d'un pic bien net, on distingue bien un petit quelque chose mais qui n'est pas significatif, car noyé dans le bruit de fond de l'EEG (bien entendu, on vérifie que le moine n'a pas fermé les yeux). En regardant ce tracé, on pourrait en déduire que la personne en question n'est pas consciente et qu'elle ne réagit pas aux simulations qui l'entourent. Alors que, selon son témoignage, le moine était parfaitement conscient à ce moment-là.
Peut-être expérimentait-il un état de "pure conscience" comme celui décrit par les patients de Dominique Laplane dans l'article Notre existence a-t-elle un sens 13-2) Dur, dur le problème au chapitre c): La solution de Dominique Laplane? Cela signifie selon Jean Staune que nous avons la première preuve qu'il n'y a pas une identité complète entre les processus neuronaux et les états mentaux ainsi que l'affirme libet (consulter "Esprit es-tu là?"). D'après les tracés, le moine ne réagissait plus aux stimulis extérieurs, donc l'observation de son état neuronal ne permet pas de déduire son état mental, ce qui est un démenti de la théorie de l'identité entre ces deux états. Ceci est vrai chez les moines tibétains, mais il faudrait démontrer que cela est vrai chez tous les hommes, ce que nous allons voir dans le chapitre suivant.
liens: technikart.com -esprit es-tu là (avec J F Lambert)
staune.fr -Ce que la science apprend aux managers expérience J F Lambert sur moines tibétains)?
lemediateur.net -Le séminaire « Science et Sens »
lodel.irevues.inist.fr -Les POTENTIELS ÉVOQUÉS VISUELS corticaux (PEV)
webvision.med.utah.edu -visually-evoked-potential
florence.ghibellini.free.fr -le rêve lucide et les Dream-Cultures
lecerveau.mcgill.ca -Expérience mystique et méditation : les corrélats neurobiologiques
ung-neuroscience.com -Benjamin Libet et la conscience
uip.edu -Esprit es-tu là? (libet et l'« d’antédatage » de la perception)
rms.medhyg.ch -Neurosciences et rapport pensée-cerveau
2) Nous pouvons tous remonter le temps (avec Benjamin Libet)!
Toutes les perceptions et les sensations provenant de notre main par exemple se projettent dans la zone correspondant à la main dans le cerveau. Quand j'ai mal à la main, en fait, j'ai mal à la représentation de ma main dans mon cerveau, car c'est là que s'élabore la sensation de douleur et pas dans la main. Dans certaines opérations du cerveau, on peut réveiller le patient alors que son cerveau à l'air libre, et le stimuler directement grâce un léger choc électrique pour lui demander quelle sensation il éprouve (sans que cela représente une torture pour le patient). Il est parfois nécessaire d'avoir le témoignage en direct du patient, par exemple lors d'opérations visant à retirer des tumeurs, pour aider à l'identification de certaines zones. C'est ainsi que lors de certaines de ces opérations, l'équipe dirigée par Benjamin Libet, de l'université d'état de Californie à San Francisco, a obtenu l'autorisation de certains patients de réaliser, en plus des manipulations nécessaires à l'opération une expérience au moment où le sujet est réveillé et son cerveau exposé à l'air libre (la boite crânienne étant ouverte), ce qu a permis d'obtenir les résultats suivants (voir Mind time):
Stimulons le bout du doigt avec une petite décharge électrique. Un potentiel évoqué se propage jusqu'à la zone du cerveau correspondant à la main et le sujet ressent une piqûre à la main environ 25 ms après. Maintenant, si on stimule la zone correspondant à la main dans le cerveau, le sujet va sentir une piqûre à la main et non au cerveau (ainsi, des personnes ayant perdu un bras peuvent avoir mal à leur "membre fantôme"). Mais pour que le sujet sente la piqûre, il faut envoyer un train de chocs pendant 500 ms (et non un choc unique). C'est seulement après ce délai que le sujet sent la piqûre et comme on stimule directement le cerveau, il n'y a pas de potentiel évoqué qui arrive au cerveau depuis le doigt (ce qui est essentiel).
Combinons alors les deux démarches. A l'instant t=0, on stimule le bout des doigts et à t= 200 ms, on commence la série de stimulations au cerveau, toujours dans la zone correspondant au doigt. Le sujet sent une seule piqûre à t= 700 ms, correspondant à la stimulation faite au cerveau, sans ressentir celle qui a été faite au bout du doigt. Comment sait-on que c'est la deuxième piqûre qui a été ressentie et non la première? Dans les deux cas, le sujet ne sent qu'une piqûre au doigt, même quand le stimulation est faite au cerveau. Mais il est possible de calibrer les stimulations et d'habituer le sujet avant l'expérience décisive: la simulation du bout du doigt sera alors forte et celle du cerveau sera faible. Le sujet évoquera une seule et unique sensation faible de piqûre sur le doigt. On sait ainsi que c'est la stimulation du cerveau qui a été ressentie (sous le forme d'une piqûre au doigt) puisque cette sensation arrive 500 ms après le début de la stimulation du cerveau et non 25 ms après la stimulation du doigt.
On stimule maintenant le doigt et on attend 500 ms pour commencer les stimulations du cerveau. Toujours rien! La stimulation du bout du doigt n'est pas ressentie, alors que la stimulation du cerveau engendre, comme d'habitude, une sensation de piqûre au doigt après 500 ms, soit une seconde après le début du processus.
Dernière étape, on attend plus de 500 ms après avoir stimulé le doigt pour commencer la stimulation du cerveau. Ici tout redevient "normal". Le stimulation du bout du doigt est ressentie tout de suite, après 25 ms, le temps que l'influx nerveux arrive au cerveau et la deuxième piqûre est ressentie 500 ms après le début de le série de chocs au cerveau, comme dans l'expérience initiale.
Ces résultats semblent montrer que dans tous les cas, il nous faut 500 ms pour être conscient de quelque chose, puisque, si pendant cette période de temps on intervient sur la zone correspondante du cerveau, nous ne sommes pas conscients de cette sensation. Mais il se trouve qu'en temps normal, nous sommes conscients de la même sensation au début du processus, après 25 ms et non à la fin. Et un démarche qui a lieu 200, 300 voire 500 ms après la stimulation peut nous empêcher d'être conscients d'un piqûre dont nous serions conscients normalement au bout de 25 ms. C'est proprement stupéfiant! Comment une telle chose est-elle possible? Selon Libet, le temps d'élaboration consciente est bien de 500 ms (en fait 475 ms car il faut 25 ms pour que le signal arrive au cerveau), mais une fois l'élaboration faite, la conscience antidate cette sensation en retournant en arrière dans le temps de 475 ms. On peut imager ceci en effectuant une comparaison avec le cachet de la poste qui atteste que nous avons bien posté notre déclaration d'impôt à temps, même si le contrôleur l'ouvre plus tard. Ici, le potentiel évoqué qui arrive au cerveau 25 ms après la stimulation "normale" au doigt sert de cachet de la poste. Le cerveau suit son processus pour élaborer la sensation consciente puis repart en arrière ans le temps pour faire coïncider la sensation subjective d'être piqué avec l'arrivée du potentiel évoqué. C'est uniquement grâce ce mécanisme que que la sensation d'être piqué se produit dans la vie courante au moment même de la piqûre et on pas pas 500 ms après. Et dit Benjamin Libet dans Mind time, quand on stimule directement le cerveau, il n'y a pas de potentiel évoqué, donc pas de retour en arrière possible.
Pour Libet, cette projection dans le temps ne devrait pas nous choquer, car elle est similaire à celle qui se produit lorsqu'on regarde un objet. Ce que nous voyons réellement , ce sont des signaux représentant les couleurs et les formes dans notre cerveau. Depuis l'enfance, nous avons appris à effectuer une projection dans l'espace. Nous savons que les signaux impliquent qu'il y un objet présent se trouvant à l'extérieur de nous (Libet suppose que les bébés mettent 1 à 2 mois à "calibrer " le système et qu'au début, tout est assez flou pour eux, mais qu'à force de toucher les objets, ils arrivent à "projeter" de façon correcte. Donc pourquoi être choqué par le fait que nous puissions également nous projeter dans le temps?
Le retentissement de ces propos a été tel que Daniel Dennett y a vu la possibilité d'un jour "sombre" pour le matérialisme. Pour attaquer ces résultats, il a demandé à Patricia Churchland (tout aussi athée militante que lui), d'attaquer ces résultats. Celle-ci a monté une expérience dans laquelle un sujet, une fois qu'il a été piqué au doigt, appuie sur un bouton avec l'autre main, ce que les sujets ont été capables de faire en en 350 ms en moyenne. Avec Dennett, elle en déduit l'interprétation suivante de l'expérience de LIbet : a) le sujet qui a été stimulé en est conscient tout de suite (après les 25 ms nécessaires à l'arrivée du potentiel évoqué dans le cerveau). b) Si le sujet avait pu signaler qu'il avait senti la piqûre pendant le délai de 500 ms, il l'aurait fait. c) La seconde piqûre efface de la conscience le souvenir de la première en "réécrivant " l'histoire. Cette interprétation, même s'il n'existe pas de preuve directe en sa faveur, n'est-elle pas infiniment plus crédible que celle du saut dans le temps de la conscience demandent Dennet et Churchland?Mais ce n'est pas si simple. Par exemple, il y a une différence entre détecter et être conscient d'avoir détecté. Dans une expérience de Libet, après avoir projeté un point lumineux sur un écran pendant un temps trop court pour que le sujet puisse en être conscient, il a été demandé "Dites-nous si le point était à gauche ou à droite." La réponse était "mais comment voulez-vous que je le sache? je n'ai rien vu." "Ce n'est pas grave, répondez au hasard" en appuyant sur l'un des deux boutons "gauche" ou droite" leur dit-on alors. Dans 90% des cas le sujet répond juste, ce qui prouve qu'il a parfaitement détecté le signal... sans en être conscient. Cette expérience a aussi été réalisée sur des gens ayant une lésion dans une partie des aires visuelles du cerveau. Même si leurs yeux fonctionnent bien, ils ne peuvent pas voir consciemment ce qui apparaît dans la partie correspondante de leur champ visuel. Or l'expérience montre qu'ils ont parfaitement détecté ce qui a été projeté dans cet endroit de leur champ visuel. Là aussi ils donnent des réponses exactes tout en étant persuadés de répondre au hasard.
La détection d'un phénomène n'est donc pas une preuve du fait que nous en soyons conscient. Cela montre que la conscience est un phénomène très subtil qui qui se produit dans des conditions très précises. Un robot par exemple, pourra détecter des choses aussi bien que nous sans pour autant en être conscient. Dans l'expérience de Patricia Churchland, les sujets ont conscience d'avoir été piqués et d'avoir appuyé sur le bouton. Mais si une piqûre avait effectuée dans leur cerveau, on pourrait très bien penser qu'ils l'auraient détecté sans en avoir été conscients de l'avoir fait. Dennett et Churchland en conviennent mais affirment qu'on n'en n'a pas la preuve. Nous pouvons prétendre disent-ils que dans l'expérience de Libet, les sujets ont été , durant quelques ms, conscients d'avoir été piqués. Cela permettrait d'éviter les "voyages dans le temps de la conscience."
Mais Libet a réalisé une autre expérience, où il va réaliser une stimulation sur le trajet qui relie le doigt au cerveau, le lemniscus médian. Comme pour la stimulation au doigt, le sujet sent la piqûre tout de suite en 25 ms. Mais comme dans le cas de la stimulation au cerveau, il faut envoyer des chocs électriques pendant 500 ms pour que le sujet soit conscient de la piqûre... au début du processus. Si on s'arrête d'envoyer des chocs électriques sur le nerf au bout de 400 ms, le sujet ne sent rien, mais si on envoie les chocs pendant 500 ms, le sujet sent bien une piqûre au doigt au bout de 25 ms. Comment imaginer que le fait d'arrêter la stimulation puisse effacer quelque chose, surtout que l'expérience montre que ce quelque chose n'existe pas encore puisqu'il faut aller jusqu'au bout des 500 ms de stimulation pour que la sensation consciente apparaisse au début du processus? Ici, il ne peut pas y avoir d'effacement puisqu'il n'y a rien a effacer et qu'en plus, aucune action susceptible de provoquer un effacement n'a au lieu. Libet a donc raison: la conscience joue à "sauter dans le temps." Pourtant Dennet s'accroche toujours l'hypothèse de l'effacement.
Maintenant, voyons ce que dit Libet à propos des implications de son expérience? Il dit d'abord qu'elle pose de "sérieuses difficultés" à la thèse selon laquelle il y aurait identité entre les états mentaux et les états neuronaux, car l'état neuronal ne peut pas permettre de connaître l'état mental puisque le temps vécu par le sujet et le temps neuronal ne sont pas les mêmes). Les phénomènes mentaux ont des caractéristiques assez différentes des phénomènes observables dans le cerveau. La projection subjective (dans le passé) est une fonction purement mentale qui n'a pas de base neuronale correspondante dans le cerveau. Une connaissance complète des événements neuronaux ne permet pas, en soi, de décrire ou de prédire l'expérience consciente. Il écrit même dans Nature: "l'expérience subjective et de la conscience et les processus neuronaux sont phénoménologiquement indépendants."
Mais Libet n'est pas un dualiste pour autant. Sa position est celle d'un émergentiste fort comme Sperry, auquel il se rattache (voir l'article 13-1 chapitre 5 c). Pour lui, "la conscience ne peut exister sans les processus du cerveau qui lui donnent naissance." Mais c'est un émergentiste, "superfort". Dans la théorie de Libet, la conscience est un champ qui ne correspond à "aucun des champs physiques connus, comme l'électromagnétisme, la gravitation, etc. Il n'est pas descriptible en termes d'aucun événement physique observable ou d'aucune théorie physique constituée." "Ce champ serait détectable seulement en terme d'expérience subjective, accessible seulement à l'individu qui a cette expérience." Comment prouver l'existence de ce champ? On pourrait (est-ce réalisable?), pense-t-il isoler la zone en question en détruisant toutes ses connexions neuronales sans détruire l'alimentation sanguine de cette partie du cerveau. Si, lorsqu'on stimule cette partie encore vivante, mais séparée du reste du cerveau, cela provoque une expérience consciente du sujet, on aura prouvé que la conscience est un champ qui, pour se propager, n'utilise pas les neurones. Le saut dans le temps évoqué par Libet ne se produit pas dans le monde physique, mais dans le monde subjectif, celui du champ de conscience. Ainsi, tous les êtres humains seraient comme les téléspectateurs recevant la télévision par câble: il y a quelques années, lors de la coupe du monde de football, certains téléspectateurs se sont plaints que les signaux des nouveaux opérateurs fournissant la télévision par les câbles téléphoniques, avaient une demi-seconde de retard sur la télé normale à l'époque, transmise par voie hertzienne; ainsi, quand leurs voisins hurlaient déjà à cause du but, eux ne l'avaient pas encore vu, ce qui devait très frustrant! Comme il n'y a plus personne pour voir les choses en direct comme les téléspectateurs ayant une télévision classique hertzienne, nous aucun moyen de nous en rendre compte.
Mais est-ce si sûr que le saut dans le temps ne se produit pas dans le monde physique? Cela paraît difficile à concevoir. Même si on peut détecter une menace sans en être conscient, de nombreux problèmes surgiraient dans notre vie si vraiment nous étions en retard sur les événements réels et que le saut dans le temps se produisait dans un monde subjectif et non pas dans le monde physique. A chaque fois que nous devrions accomplir rapidement un acte reposant sur une décision consciente, un problème devrait surgir, nous donnerions l'impression d'être en permanence en retard sur la réalité. La seule conclusion logique (de Jean Staune, que je partage), s'il est bien confirmé qu'il faut bien 500 ms à la conscience pour être consciente de quelque chose, est qu'un retour en arrière dans le temps permet de synchroniser nos sensations avec les événements, que ce saut dans le temps est réel, que la conscience peut l'accomplir facilement parce qu'elle n'est pas (totalement) immergée dans le monde physique et que, donc, elle n'est pas une production du cerveau et que donc, le cerveau est davantage un poste de radio qu'un lecteur de disque en faisant référence à notre image de l'article 13-2.
A suivre... Dans la deuxième partie de cet article 14 (l'homme non-neuronal partie 2), nous examinerons la question du libre-arbitre.
liens: jung-neuroscience.com -prise de conscience suite à un stimulus sensorielfrancoisloth.wordpress.com -L’ultime dualisme de Benjamin Libet
mind-consciousness -Commentary on Benjamin Libet’s Mind Time.
quantumconsciousness.org le -neuralism" de Churchland (opposition au platonisme de penrose)
energie-sante.net -Les cristaux de la glande pinéale nous connectent à l'au-delà
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Par amourdelapeinture le 10 Juillet 2013 à 21:45
En mémoire de Sammy, essai à l'aquarelle
Ma dernière aquarelle
Mon premier essai (pas bien réussi).
J'ai peint cette aquarelle en mémoire de Sammy. C'était notre petit chien. On a dû le quitter lorsque je suis parti en mission pour deux ans en Afrique en 1988. J'ai essayé de le peindre à l'huile d'après une photo que j'ai conservée.
Sammy en 1988 (peinture huile)
Trente ans plus tard, notre fils vit avec "Lou" son chien qu'il élève depuis la naissance de celui-ci. Je n'arrive pas à retrouver le nom de sa race (c'est un nom un peu compliqué), mais il est magnifique. Leur liaison est une liaison d'amour. Pour moi, j'aime Lou comme j'ai aimé Sammy dont j'ai malheureusement appris la disparition à notre retour d'Afrique.
Lou (aquarelle)
Je me souviens de nos ballades à Chamrousse. Pendant que marchais sur les sentiers de Belledonne en partant des lacs Robert, Sammy montait vers un sommet, puis revenais me voir et ainsi tout au long de la randonnée. Il était infatigable.
chamrousse.com chamrousse.com -webcams (comme si vous y étiez).
geol-alp.com/belledonne -Géologie Chamrousse station, lacs Achard
vimeo.com -vidéo au-dessus du lac d'Annecy
Vue sur le Recoin où nous avions notre studio (en haut tout à gauche)
Le lac Achard
La Croix de Chamrousse
Les lacs Robert, point de départ de nos randonnées vers les sommets.
Les pistes enneigées
Via ferrata Chamrousse les trois fontaines
Le recoin la nuit (vue sur la vallée de Grenoble).
Les sommets au-dessus des lacs Robert
Les lacs en été
La géologie de Chamrousse (une de mes passions)
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Par amourdelapeinture le 30 Juin 2013 à 11:16
Notre existence a t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie)
martial-versaux.net -Quoi de neuf à propos de l’homme ?
youtube.com la science peut-elle nous parles de Dieu?
staune.fr -Le Réel voilé et la fin des certitudes, ou la vraie défaite d’Alain Sokal
staune.fr/ -L’importance des états virtuels dans l’émergence de l’ordre complexe dans l’univers
staune.fr -le réalisme classique et le réalisme non-physique
isalisea.over-blog.com -Isalisëa, fille de Sûl parle de "notre existence a-t-elle un sens?"
nidhalguessoum.org -Notre existence a-t-elle un sens? :lecture de Nidhal Guessoum
Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est l'expression de ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèles: Jésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".
Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staune, notre existence a-t-elle en sens, avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.
Mes articles déjà parus dans cette rubrique:Notre existence a-telle un sens? 1) à propos de la préface du livre par Trinh Xuan Thuan
Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)
Notre existence a-t-elle un sens? 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine"?
Notre existence a-t-elle un sens? 4) vers de nouvelles lumières.
Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...première partie
Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...deuxième partie
Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 1) vous qui entrez ici perdez toute espérance ...
Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 2) vous qui entrez ici perdez toute espérance...
Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 2) Le murmure du big bang... la genèse du
Notre existence a t-elle un sens? 9-1) Dieu revient très fort partie 1
Notre existence a t-elle un sens? 9-2) Dieu revient très fort partie 2
Notre existence a t-elle un sens? 10) où il fait plus noir que vous ne l'imaginez
Notre existence a t-elle un sens? 12-1) Recherchons Einstein de l'évolution (urgent) partie 1
Notre existence a-t-elle un sens? 12-2) Recherchons Einstein de l'évolution (urgent) Partie 2
Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie)
Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES
Exergue: "La raison pour laquelle la conscience nous apparaît comme un mystère est que nous n'avons pas une idée claire de la manière dont quoi que ce soit dans le cerveau pourrait les états conscients." John Searle
a) Rappel: Pour l'évolution, nous avons vu dans les articles précédents qu'il y a une théorie hégémonique prétendant tout expliquer: le darwinisme (Notre existence a t-elle un sens? 12-1 et Notre existence a-t-elle un sens? 12-2). Le tour d'horizon que nous venons de faire dans l'article 13-1) montre que pour les neurosciences ce n'est pas le cas. Il n'y a pas de théorie hégémonique mais des hypothèses ne reposant sur aucun mécanisme précis et indubitable. Cela n'a pas empêché Searle de répéter que "le cerveau cause la conscience." Est-ce, comme le dit Jean Staune, pour s'auto-persuader ou pour montrer qu'il ne verse pas dans le spiritualisme malgré son insistance sur l'irréductibilité de la conscience? Il exprime malgré tout l'opinion que partagent malgré leur différences Dennett, Crick, Edelman et beaucoup d'autres et même Sperry.Nous avons conclu l'article 13-1) par: et s'ils se trompaient tous? Nous allons commencer par recourir à une métaphore pour examiner cet aspect de la question. Imaginons des extraterrestres étudiant des objets que nous possédons. En examinant un CD et son lecteur, ils peuvent apprendre rapidement que des sons y sont codés sous forme numérique et que le lecteur effectue un décodage permettant de restituer les sons. L'analyse d'un IPOD les mènera à la même conclusion. Le système de stockage y est technologiquement plus avancé et permet de stocker une plus grande quantité de sons, mais la technique de stockage et de lecture sont aussi compréhensibles. Par contre, la radio plongera certainement ces extraterrestres dans la perplexité. En effet, d'où arrivent les sons et comment sont-ils lus? Sans doute ils tenteront des actions en modifiant ou supprimant des composants de la radio et ils constateront que le son est modifié ou supprimé par de telles actions. Mais ils resteront certainement persuadés que le principe général de la radio n'est pas différent de celui de l'IPOD ou du lecteur de CD:il émet des sons qui sont stockée en son sein. Et ils en seraient si persuadés que s'ils emportaient ces trois objets dans l'espace, en constatant que la radio ne fonctionne plus alors que l'IPOD et le lecteur de CD fonctionnent encore, ils en déduiraient que cela est dû à la sensibilité de la radio, objet plus évolué donc plus fragile. ou au champ magnétique de leur vaisseau ou à l'apesanteur... Sans doute traiteraient-t-ils de magique, de préscientifique, ou de mystique toute théorie envisageant que les sons les sons ne soient pas stockés dans la radio, mais émis par une source mystérieuse.
Vis à vis du cerveau, ne sommes-nous pas dans la situation de ces extra-terrestres? Les faits que nous constatons à ce jour ne prouvent pas que le cerveau soit l'équivalent d'un IPOD ou d'un CD, et ne lui interdisent pas d'être un poste de radio. La conscience est modifiée lorsque certaines zones du cerveau le sont, mais cela ne prouve pas que le cerveau produise la conscience de même que le fait que la musique se modifie quand on modifie les composants de la radio ne prouve que la radio produise la musique.
b) Peu de neurologues n'hésitent pas à franchir le pas et à considérer le cerveau non comme la cause ultime de la conscience, mais seulement comme une de ses conditions.Parmi eux, le neurologue Sir Jonh Eccles et le philosophe Karl Popper développent dans "The self and its brain" développent un modèle où trois mondes sont en interaction:
- le monde 1: c'est le monde des objets physiques (le monde matériel);
- le monde 2: c'est le monde de l'esprit humain (les états de conscience).
- le monde 3: c'est le monde des produits de l'esprit humain (notamment les théories scientifiques et l'art mais aussi les idéologies politiques).
Mais cette conception dualiste est confrontée à la question: comment l'esprit s'il existe peut-il influencer le cerveau sans violer les lois physiques et en particulier celle de la conservation de l'énergie. Eccles a trouvé le solution grâce à Frédérick Beck, physicien quantique et directeur du département de physique théorique de l'université de Darmstadt. Eccles a reçu le prix Nobel pour l'élucidation du fonctionnement de la synapse (que nous avons rencontrée dans l'article 13-1 paragraphe 4), cet élément essentiel pour le transfert de l'influx nerveux d'un neurone à l'autre. Ce transfert dépend de l'exocytose, mécanisme par lequel la cellule libère de larges biomolécules à travers sa membrane. Elle a lieu quand des vésicules de transport ou de sécrétion fusionnent avec la membrane plasmique et que leur contenu (5 à 10 000 molécules) sort dans le milieu extracellulaire (exemple : expulsion des neuromédiateurs des vésicules synaptiques vers le milieu extracellulaire). L'exocytose permettant la transmission du "message" au neurone suivant n'a en général qu'entre 25 et 30 % de chances de se produire.
Beck a montré, en réalisant un traitement quantique de l'exocytose, que la probabilité que celle-ci se produise pouvait être augmentée ou diminuée sans que cela constitue une violation des lois de conservation de l'énergie, car les masses mises en jeu sont suffisamment petites pour rentrer dans les incertitudes existant sur le plan quantique. Le travail de Beck et Eccles a été publié par l'Académie américaine des sciences en 1992: "quantum aspects of brain activity and the role of consciousness". Il ne prouve pas que l'esprit agisse sur le cerveau mais il montre que c'est théoriquement possible. Ainsi, depuis 1992, le dualisme (corps-esprit) est redevenu, sur le plan scientifique, une possibilité. Pour Eccles, «l'esprit serait comme un scanner qui lit l'état d'activation des neurones et qui influence cette activation d'une façon analogue à un champ de probabilité quantique (champ qui n'a ni masse ni énergie, mais qui exerce pourtant une influence causale en modifiant la probabilité que certaines événements se produisent).» Ainsi selon Eccles, «le cerveau est une machine qu'un fantôme peut faire marcher.» En physique quantique, l'existence d'un tel champ déterminant les états de la matière mais ne s'y réduisant pas est reconnue alors pourquoi ne pas l'admettre en neuroscience demande Eccles? Il a proposé que "intention et l'attention constituent des événements ou phénomènes conscients non matériels, et qu’ils exercent une influence activatrice sur le cerveau. Par exemple, lorsqu'’on demande à un sujet humain de fixer son attention sur son doigt, on observe une augmentation du débit sanguin cérébral dans l’aire corticale tactile correspondant à ce doigt, indiquant une intensification de l’activité neuronale dans cette zone. De même, l’intention mentale de produire un mouvement d’un doigt intensifie l’activité neuronale dans l’aire motrice supplémentaire (aire prémotrice), zone qui est également activée lorsque le sujet produit effectivement ce mouvement (mais dans ce dernier cas, d’autres aires, motrices, sont également activées). Libet a montré en 1990 que l’intention efficace d’accomplir le mouvement survient environ 200 millisecondes avant le début du mouvement. L’événement mental d’intention peut donc être considéré comme précédant les événements neuraux qui produisent en particulier dans l’aire motrice supplémentaire.
Dans "comment la conscience contrôle le cerveau" Eccles écrit: "Il a été amplement démontré par la science que la conscience, l'idéation pure, active effectivement certaines régions déterminées du cortex cérébral. La maîtrise mentale de l'activité cérébrale est si vaste que l'on peut présumer une totale domination du cerveau par la conscience. Et voilà que pour la première fois se trouve formulée une hypothèse sur la manière dont le mental influence l'activité cérébrale sans enfreindre les lois de conservation de l'énergie. La critique matérialiste du dualisme par Dennett, changeux, Edelman perd tout son fondement scientifique [...]. Puisque les solutions matérialistes ne parviennent pas à expliquer l'unité dont nous avons conscience, j'en suis réduit à conclure que l'unicité de la conscience ou de l'âme provient d'un autre niveau de réalité [...] rendue nécessaire par la certitude de l'existence d'un noyau de cette individualité. J'avance qu'aucune autre position n'est défendable.."c) La solution de Dominique Laplane,
(la conscience est-elle une composante de l'Univers?)
Dominique Laplane est neurologue, professeur à la Pitié-Salpétrière. Sa solution: la transformation (à voir dans 2.4.2. L’hypothèse de transformation). Selon Laplane, il aurait dans l'Univers, de la matière et de l'énergie d'un côté, et de l'autre, de la pensée et de la conscience. Le couple matière-énergie peut se transformer en pensée et réciproquement, de la même manière que la matière se transforme en énergie (équivalence E=mc2). Mais, de même que la matière-énergie est quantifiable, la pensée doit être quantifiable. Et si la pensée peut créer de l'énergie, cela ne viole-t-il pas la principe de conservation de l'énergie? Laplane décrit ces questions et y répond dans "La mouche dans le bocal, essai sur la liberté de l'homme neuronal." Selon lui, sa position n'est pas plus étrange, quand à l'état de nos connaissances, que celle de certains contemporains de Newton qui ont refusé la notion d'attraction universelle parce qu'elle violait les lois relatives à l'interaction des corps admises à l'époque, ou que le refus d'Einstein d'accepter l'idée de non-séparabilité tant celle-ci lui semblait incompatible avec la relativité.
Laplane pense que son hypothèse doit être prise en compte à cause de son caractère explicatif et des solutions qu'elle apporte à un grand nombre de problèmes qui peuvent ainsi être surmontés, même si elle n'est pas scientifiquement testable pour l'instant. Elle permet par ailleurs de concilier matérialisme et spiritualisme et d'effacer la barrière que le dualisme a introduit entre eux: "Du matérialisme, nous retenons sans réticence l'idée que notre pensée provient effectivement de la matière et nous laissons le champ totalement libre à la connaissance objective qui peut se développer intégralement dans le cadre de l'axiomatique scientifique. Le dualisme est entièrement respecté: il y a bien, comme le constate le sens commun, d'une part la pensée, d'autre part la matière énergie. La grande différence est que l'articulation entre ces deux ensembles est désormais compréhensible."
Comme Eccles, Laplane pense qu'il n'est pas scientifique d'affirmer que notre conscience soit un mécanisme créé par les lois physiques que nous connaissons, alors que l'unité de perception pourrait être obtenue par par des mécanismes de type "physicaliste". Pour lui, il existe une conscience universelle que le cerveau utilise pour pour bâtir une conscience individuelle, un peu comme des artisans distincts utilisent une plaque de métal pour produire des objets différents. Laplane, en affirmant l'existence de consciences individuelles peut ainsi rejeter le panpsychisme, qui considère que tout ce qui existe, toute réalité matérielle, et non pas seulement l'esprit, possède une nature psychique. Ce n'est pas une simple spéculation, il s'appuie sur des observations fascinantes qui montrent l'existence d'une conscience pure (voir "penser c'est-à-dire? enquête neurophilosophique" et la vidéo suivante: uip.edu -La conscience pure et la méditation (Dominique Laplane et le syndrome de l'auto-activation)
Ainsi Laplane établit une distinction fondamentale entre le conscience et les contenus de la conscience avec l'existence d'une "conscience pure" ou d'un état de "conscience vide" pendant lequel le sujet reste conscient bien que rien ne se passe dans son esprit. C'est sans doute un important progrès dans nos connaissances (des spécialistes comme Dennett, Damasio ou Crick ne peuvent même pas imaginer que de tels états existent). Cela se rapproche des témoignages de méditants orientaux et des écrits bouddhistes sur les états de "non-pensée". De même que l'énergie peut exister sans matière et pas l'inverse, la conscience peut exister sans pensée, mais pas l'inverse. Et ces deux constituants fondamentaux de l'Univers peuvent se transformer l'un dans l'autre.Laplane a aussi développé un autre concept révolutionnaire en soignant de nombreux aphasiques, malades qui ne peuvent plus utiliser ni comprendre le langage, voire les écrits. Il démontre qu'ils continuent à pouvoir penser normalement même s'ils n'ont plus les mots pour le faire. Laplane cite le cas, non d'un de ses patients mais celui du Pr Lordat, professeur de médecine à Montpellier au 19è siècle, spécialiste de l'aphasie et qui devint lui-même aphasique puis guérit 15 ans plus tard. Son témoignage montre qu'on peut penser à des choses complexes de façon normale, sans avoir aucun mot à mettre à l'intérieur de soi pour les exprimer. C'est une pensée sans langage, mais une pensée consciente qui ne peut être formulée (sergecar.perso.neuf.fr -intelligence et pensée non verbale
neuropsychiatrie.fr -Dominique Laplane : La pensée d'outre-mots. La pensée sans langage)
d) Jean-François Lambert est psychophysiologiste, enseignant à Paris VIII. Pour lui, le cerveau est la condition de l'existence de la conscience et non pas sa cause. Il utilise des métaphores telles que: "Si [...] vous découvrez que votre frigidaire est en panne et que les fusibles ont sauté, vous n'allez pas dire, après les avoir changés, "les fusibles sont la cause du froid."." De la même façon, le cerveau n'est pas la cause de la conscience même si elle ne peut exister sans lui, tout comme le froid n'existe pas dans les frigidaires si les fusibles ne sont pas en bon état. Cette position n'est pas dualiste car Lambert ne conçoit pas que la conscience puisse exister sans le cerveau. Et si d'autre part cette conception implique l'existence d'une dimension autre que celle physico-chimique de l'activité neuronale qui serait la cause de la conscience (ce qui conduit au dualisme), cette dimension est nécessaire et ineffable sur le plan empirique. En fait Lambert reproche à Eccles de vouloir objectiver ce qui n'est pas objectivable et aux matérialistes leur certitude de pouvoir de pouvoir clore le monde physico-chimique sur lui-même pour ce qui concerne la conscience., ce qui pour lui est impossible.Ceci amène Lambert à proposer une autre alternative à la logique qui préside aux rapports cerveau-pensée, celle de l'absence comme témoin d'une présence, l'incomplétude, un nouveau paradigme. La pensée, l'esprit et le sujet ne peuvent être circonscrits et leur présence n'est pas à rechercher dans, ou à côté des processus, mais dans l'impossibilité pour les processus de s'auto-justifier. Loin de constituer un échec de la raison, l'incomplétude du sujet empirique, évoquée aussi par Erwin Schrödinger dans l'esprit et la matière (l'élision du sujet), désigne ici un espace offert, au coeur de la rationalité, à la révélation d'un sens. Cette démarche est équivalente à celle de Ludwig Wittgenstein montrant l'incomplétude du langage ou celle de Kurt Gödel montrant celle de la logique. Lambert veut ainsi montrer que l'homme ne se contient pas, mais, dit-il, "cette incomplétude, cette radicale impossibilité impossibilité d'exhiber la totalité que je suis, ne permet pas de conclure objectivement ni à la présence certaine, ni à l'absence certaine, d'un opérateur métaphysique. Les données objectives ne sauraient permettre sans contradiction évidente d'attester de manière irréfutable l'existence de ce qui, par nature, leur échappe."
e) Mario de Beauregard .est un spécialiste canadien en neurobiologie né en 1962
Chercheur en neuroscience, agrégé du département de psychologie à l’Université de Montréal et titulaire d’un doctorat en neurobiologie de l’Université du Texas, il a reçu en octobre 2008 une couverture médiatique internationale pour son affirmation que le cerveau ne produit pas l'esprit mais que l'esprit influence le cerveau
En 2006, il participe au documentaire de l'ONF Le cerveau mystique
Les recherches de Mario de Beauregard montrent à quel point les facteurs psychologiques peuvent avoir un impact sur le plan physique. Ils indiquent que la volonté, les croyances, les attentes (variables mentalistes) et leur contenu intentionnel ne sont ni identiques, ni réductibles aux processus cérébraux (propagation d'un influx nerveux, libération de neurotransmetteurs par les vésicules). Mais les processus et événements mentaux exercent une influence causale sur les niveaux de fonctionnement du cerveau (niveaux moléculaire, cellulaire, systémique), et la valeur prédictive et explicative des variables mentalistes soutient la vision dualiste selon laquelle les contenus de l'expérience subjective consciente peuvent influencer causalement les processus électriques et chimiques du cerveau.C'est pourquoi, pour interpréter ces résultats, Mario de Beauregard a proposé l'hypothèse de la traduction "psychoneurale" (HTP). Selon l'HTP, le monde psychologique (la perspective à la première personne, le "je"), et le cerveau (la perspective à la troisième personne qui elle, fait partie du monde) représentent deux domaines distincts sur les plans ontologique et épistémologique. Ces deux domaines peuvent interagir parce qu'ils constituent des aspects complémentaires d'une même réalité sous-jacente; L'activité mentale, qui inclue la conscience, représente un aspect irréductible et fondamental de l'Univers. L'HTP postule aussi que les processus et événements conscients et inconscients sont traduits de manière sélective, par le biais d'un code spécifique, en processus et événements neuronaux dans les divers niveaux d'organisation du cerveau (biophysique, moléculaire, cellulaire, circuits).
Mario de Beauregard et aussi, avec le neuropsychiatre Jeffrey Schwartz et le physicien Henri Stapp, le coauteur d'un article sur les liens existant entre la physique quantique et les neurosciences qui affirme que l'espoir des matérialistes d'expliquer par l'une des différentes hypothèses que nous avons mentionnées dans l'article 13-1), la connexion entre nos sentiments et nos émotions et l'activité cérébrale est condamné d'avance par la physique quantique: "La conception classique suppose que les choix faits par les être humains à propos du comment ils vont agir soient déterminés par des variables microscopiques qui, d'après la théorie quantique sont, par principe, indéterminées. La supposition réductionniste que le cours de l'expérience humaine est déterminé par des processus mécaniques locaux est la chose qui est la plus fortement réfutée par la structure des phénomènes naturels telle que la dévoile la physique contemporaine. Espérer que les connexions entre l'esprit et le cerveau seront comprises dans un cadre conceptuel si contraire aux principes de la physique n'est ni raisonnable ni crédible au plan scientifique."
f) conclusion.Dans ce article et le précédent; Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie, nous avons vu les positions de scientifiques et de philosophes sur le problème de la conscience. Pour certains, le cerveau produit la conscience alors que d'autres pensent que ce n'est pas le cas. Nous sommes passés de positions les plus réductionnistes et matérialistes à des positions plus nuancées où le cerveau est bien plus qu'un "paquet de neurones". Quelles sont les positions les plus crédibles? C'est ce que nous examinerons dans le prochain article "l'homme non neuronal" par des analyses qui portent non sur la vision, l'audition ou des maladies, mais sur la nature de la conscience et des questions telles que le libre arbitre ou la création de sens.
liens: esswe.org -Les sciences cognitives à l'épreuve de la théologieneur-one.fr -NEUROBIOLOGIE DE LA CONSCIENCE
doublecause.net -Esprit et conscience
syti.net -exploration du cerveau humain
v.i.v.free.fr -Le cerveau est-il un ipod ou une radio ?
leplus.nouvelobs.com -iphone et cerveau
philosophiascientiae.revues.org -Popper et le problème du corps et de l’âme
claudegagnon.net -Karl Popper sur le problème du corps et de l'esprit (body-mind problem)
hal.archives-ouvertes.fr -la théorie de la connaissance de Popper et ses implications (les 3 mondes)
philosophie.philisto.fr -Le mystère de la conscience
outre-vie.com -la conscience hors du cerveau
jeanluc.fr -les champs quantiques sciences.ch -PHYSIQUE QUANTIQUE DES CHAMPS
hal.archives-.lasserre.pagesperso-orange.fr -APPROCHE BIOCHIMIQUE ET QUANTIQUE
jeanzinouvertes.fr -Relations psychisme-cerveau, dualisme interactionniste et gradient de matérialité
jung-neuroscience.com -Benjamin Libet
staune.fr -Comment la conscience contrôle le cerveau - John C. Eccles
ulaval.ca -Une critique du dualisme cartésien
uip.edu -(dominique laplane) Enquête neurologique sur la conscience en général
persee.fr -Dominique Laplane La mouche dans le bocal essai sur la liberté de l'homme neuronal
amazon.fr -Penser, c'est-à-dire? Enquête neurophilosophique
sergecar.perso.neuf.fr -intelligence et pensée non verbale
asmp.fr/travaux -J F Lambert: Cerveau et conscience : bilan et perspectives
uip.edu -L’incomplétude, un nouveau paradigme
chapitre.com -E. Schrödinger, L'esprit et la matière, précédé de L'élision par M. Bitbol
onf-nfb.gc.ca -le cerveau mystique
drmariobeauregardfr.com -Les pouvoirs de la conscience Comment nos pensées influencent la réalité: Plusieurs scientifiques prônent toujours que matérialisme scientifique est synonyme de science. Selon l’idéologie matérialiste scientifique, tout est composé de particules matérielles et tout ce que nous expérimentons—incluant nos pensées, nos émotions, nos croyances, nos intentions, notre sens de soi et nos épiphanies spirituelles—résulte de l’activité des neurones dans nos cerveaux.
Ces scientifiques semblent ignorer le fait que le matérialisme scientifique ne repose que sur des croyances sans preuve. Comme les fondamentalistes, les plus zélés d’entre eux essaient de convertir leurs collègues et les individus sans formation scientifique, propageant leur idéologie dans tous les secteurs de la société. S’accrochant à la croyance que le monde physique est la seule réalité, ces matérialistes rejettent a priori les évidences remettant en question leur doctrine. Dans LES POUVOIRS DE LA CONSCIENCE, le neuroscientifique Mario Beauregard examine méticuleusement ces évidences. Il présente des études montrant que nos pensées, croyances et émotions influencent ce qui se passe dans nos cerveaux et nos corps et jouent un rôle clé dans notre santé et notre bien-être. Le Dr Beauregard présente aussi des études démontrant que nos esprits peuvent parfois affecter des événements à l’extérieur des limites de nos corps et recevoir des informations sans l’usage des sens ordinaires, au-delà de l’espace et du temps. De plus, il examine d’autres études suggérant que nous pouvons avoir des perceptions véridiques durant des expériences hors du corps déclenchées par un arrêt cardiaque et que nous pouvons aussi avoir accès consciemment à d’autres niveaux de réalité, même lorsque le cerveau ne semble plus fonctionner.
En se basant sur l’ensemble des évidences présentées dans LES POUVOIRS DE LA CONSCIENCE, le Dr Mario Beauregard démontre de façon convaincante que le matérialisme scientifique est erroné et que l’esprit et la conscience ne sont pas simplement le produit de processus électrochimiques prenant place dans le cerveau. Le Dr Beauregard annonce aussi un changement majeur de paradigme en science.
Éloges pour LES POUVOIRS DE LA CONSCIENCE
« Le dogme actuel postulant que le cerveau fabrique la conscience comme le foie sécrète la bile et que la conscience humaine est confinée au cerveau et au corps ne peut être qualifié que de neuromythologie. Le futur montrera que cette croyance était l’un des concepts les plus malencontreux dans l’histoire de l’humanité, comme celui de la terre plate. Cette croyance ne pourra pas durer car elle n’est pas scientifique et elle ne peut expliquer comment la conscience se manifeste dans le monde. Dans ce livre important, le Dr Mario Beauregard nous montre pourquoi. »
enaud-bray.com -Du cerveau à Dieu: Pour tenter de répondre à cette épineuse question, le neuroscientifique Mario Beauregard a demandé à quinze Sours carmélite de prêter leur concours à une expérience scientifique.
En examinant l'activité cérébrale de ces religieuses au cours de leur expérience mystique, il a découvert que les pratiques spirituelles ne sont pas reliées à une zone spécifique du cerveau, mais à plusieurs "régions et systèmes cérébraux " habituellement destinés à des fonctions telles que la perception, les émotions ou la conscience de soi. Il n'existe donc pas un unique "point de Dieu " dans notre cerveau, pas plus qu'il n'existe un "gène de Dieu " dans nos cellules.
Par ailleurs, l'étroite corrélation des activités spirituelles et neurologiques ne signifie pas qu'il faille réduire l'expérience spirituelle à un simple phénomène cérébral ou à une illusion, voire une hallucination, dont l'unique socle serait de nature neuronale. Loin s'en faut : les expériences mystiques révèlent la capacité des individus à entrer en contact avec une force objectivement réelle, transcendantale, un au-delà d'eux-mêmes, du temps et de l'espace.
D'où les nombreux phénomènes psychiques qui demeurent inexpliqués par la science, tels que les guérisons "miraculeuses ", l'effet placebo, les prémonitions, les expériences de mort imminente (EMI ou NDE), le sentiment d'union lors de la prière ou la méditation . Salutaire, édifiant, ce livre s'écarte de la tendance générale des travaux de neurosciences en remettant en question l'idéologie matérialiste dominante.
Il nous montre que si la science est incapable de prouver ou d'infirmer l'existence de l'âme, elle ne saurait pour autant persister à la nier.
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