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    Notre existence a t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie)

     

     

    Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

    Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


    Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

    Notre existence a-telle un sens? 1) à propos de la préface du livre par Trinh Xuan Thuan

    Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)

    Notre existence a-t-elle un sens? 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine"?

    Notre existence a-t-elle un sens? 4) vers de nouvelles lumières.

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) première partie: Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (naissance de la mécanique quantique).

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) deuxième partie : Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (la non-localité).

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...première partie

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...deuxième partie

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 1) vous qui entrez ici perdez toute espérance ...

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 2) vous qui entrez ici perdez toute espérance...

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 1) le murmure du big bang...La deuxième fissure dans les théories classiques

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 2) Le murmure du big bang... la genèse du 

    Notre existence a t-elle un sens? 9-1) Dieu revient très fort partie 1

    Notre existence a t-elle un sens? 9-2) Dieu revient très fort partie 2

    Notre existence a t-elle un sens? 10) où il fait plus noir que vous ne l'imaginez

    Notre existence a t-elle un sens? 11 partie 1) Un point sur les articles déjà parus (la naissance de la physique quantique et la connaissance du réel)

    Notre existence a t-elle un sens? 12-1) Recherchons Einstein de l'évolution (urgent)

     

    Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES

     

     

    Exergue: "La raison pour laquelle la conscience nous apparaît comme un mystère est que nous n'avons pas une idée claire de la manière dont quoi que ce soit dans le cerveau pourrait les états conscients." John Searle.

    agoravox.fr -Neurosciences : quelle conscience après la mort ?

     

    1) Le problème de la conscience.

    la-philosophie.com -corps-philosophie

    Jusqu'à présent dans cette série d'articles, nous n'avons abordé que des questions afférentes au monde et à l'objectivité, depuis l'infiniment petit jusqu'à l'infiniment grand. Nous avons évoqué au départ le désenchantement du monde. Nous nous sommes posés la question qu'est-ce que le réel? Puis nous avons examiné l'Univers et son origine (d'où venons-nous où allons nous?). Les derniers articles ont été consacrés à la question "sommes-nous ici par hasard?", avec un regard sur l'évolution et ses explications. Maintenant nous allons aborder la question: "qui sommes-nous?". De toutes les grandes questions que nous nous posons, c'est peut-être la plus importante car elle nous concerne directement et c'est celle pour laquelle nous avons encore le moins d'éléments de réponse, quoique les progrès sont de plus en plus fulgurants. 

    La conscience est peut-être le problème le plus difficile à appréhender. Dès l'enfance nous éprouvons la sensation d'être une entité unique, un « soi » conscient de sa propre existence, avec une mémoire, des pensées, des sentiments. Nous faisons l'expérience de sensations subjectives de douleur, de joie, de contentement, de perceptions. 

    Pour l'expliquer, la plupart des civilisations ont fait intervenir deux entités, un esprit, siège unique de notre moi et de nos émotions et un corps contrôlé par cet esprit. Descartes a théorisé cela en séparant la "chose pensante" ("res cogitans") du corps (la "res extensa", ce qui est étendue). IL a même émis l'hypothèse que les deux interagissaient via la glande pinéale ou l'épiphyse (structure unique dans le cerveau alors que les que les autres sont doubles car elles existent dans les deux hémisphères). 

    Depuis 250 ans environ, la recherche a pris une autre direction avec l'observation des malades atteints de lésions cérébrales et récemment grâce aux progrès fulgurants de l'imagerie cérébrale. Grâce à l'observation des patients, une carte du cerveau a pu être établie. Il existe une spécialisation des deux hémisphères. Par exemple chez 95% des droitiers (et 70% des gauchers), les aires du langage se trouvent dans l'hémisphère gauche. Par ailleurs, les lésions cérébrales ont des conséquences sur les caractères les plus évolués des êtres humains (le sens moral, la capacité à se projeter dans l'avenir, à se comporter en société...)

    outilsrecherche.over-blog.com -aires cérébrales

    C'est ce que montre le cas de Phinéas Gage: " Le 13 septembre 1848, Phineas Gage travaille dans la périphérie de Cavendish dans le Vermont aux États-Unis à la construction d'une ligne de chemin de fer.

    Alors qu'il est en train de bourrer la poudre dans la faille d'un rocher, Phineas oublie d'ajouter une couche de sable par dessus la poudre noire. Par malchance, la barre à mine en heurtant le rocher met le feu aux poudres. Suite à cette explosion, cette barre de fer (plus probablement un bourroir) lui perfore le crâne, en le traversant complètement, et provoque des dommages aux lobe frontal gauche de son cerveau. Malgré la gravité apparente de la blessure, la victime survécut.

    Phineas Gage était jusque-là considéré comme sérieux, attentionné, sociable, fiable et ayant un bon jugement, mais cette blessure semble avoir eu des effets négatifs sur son comportement émotionnelsocial et personnel, le laissant dans un état instable et asocial, constate le Dr Harlow (1819-1907) qui le soigne pendant de longs mois. S'il perd l'usage de l'œil gauche, son état physique semble ne pas avoir changé. Il ne souffre d’aucune paralysie.

    Son humeur changeante, son tempérament devenu grossier et capricieux lui font changer souvent de travail. Il essaye d'élever des chevaux mais sans succès, et devient ensuite conducteur dediligence au Chili entre Santiago et Valparaíso de 1852 à 1859. Il passe même comme attraction au cirque Barnum à New York vers fin 1849. De retour aux États-Unis auprès de sa famille près de San Francisco en 1859, sa santé se dégrade et il change encore sans cesse d'employeur. Il meurt douze ans après son accident, le soir du 21 mai 1860 (et non 1861 comme l'a rapporté Harlow), dans une grande crise d'épilepsie.

    En 1867, le docteur Harlow fait exhumer le crâne de Gage au nom de la science pour pouvoir l'étudier, mais il ne peut à l'époque en tirer d'informations concluantes."

    130 ans après, Hanna Damasio, à partir du crâne de Cage et de la barre de fer (l'histoire est décrite par Antonio Damasio le mari d'Hanna, dans "l'erreur de Descartes"), a pu reconstituer les dommages subis par le cerveau de Cage qui se trouvent dans la région ventro-médiane des lobes frontaux. Les patients ayant des lésions dans cette zone présentent les mêmes déficits pour décider, pour contrôler leurs émotions, et se comporter en société. On peut maintenant montrer que des modifications du cerveau entraînent des comportements anormaux contre la volonté d'une personne. Ainsi un père de famille attentionné se mit à collectionner des images pédophiles puis à commettre des actes pédophiles. Il déclara ne pas comprendre ce qui se passait, il se sentait "obligé" de se comporter ainsi. alors qu'il n'avait jamais eu de pulsions de cette sorte. Un scanner du cerveau révéla l'existence d'une tumeur qui comprimait certaines zones. Une fois opéré, il put reprendre une vie normale.

    Une autre source d'information provient maintenant, non plus des malades, mais d'images de sujets sains obtenues grâce aux nouvelles techniques de résonance magnétique nucléaire. L'appareil IRM est devenu un outil de prédilection pour la recherche biomédicale, et notamment en neurosciences cognitives. À partir des années 1990, la technique d'IRM fonctionnelle, qui permet de mesurer l'activité des différentes zones du cerveau, a en effet permis des progrès importants dans l'étude des fondements neurobiologiques de la pensée. Ainsi, tous ces progrès ont généré un paradigme dans lequel il est indiscutable que la conscience soit, d'une façon ou d'une autre, produite par le cerveau.

    Mais il reste au moins deux gros problèmes: en premier lieu, pour qui le monde existe-t-il? Quand nous voyons quelqu'un habillé en rouge courir, où cette unité de vision se réalise-t-elle alors que nous savons que des groupes différents de neurones traitent les couleursles formes le mouvement? Et, en second lieu, comment les phénomènes faisant partie de notre expérience subjective (être un "moi" unique, éprouver la beauté, être heureux...) peuvent-t-ils être produits à partir de l'activité physique des neurones de notre cerveau? D'où provient la conscience, c'est à dire le fait d'éprouver quelque chose? C'est ce que le philosophe David Chalmer a appelé le "hard problem" (le dur problème).

    A l'heure actuelle, quasiment tous les spécialistes s'accordent pour dire que dans le cerveau il n'y a aucun "lieu de la conscience", endroit unique où seraient projetées les sensations et où un "soi" en prendrait conscience (Il existe deux grandes catégories de chercheurs ou philosophes qui travaillent sur la conscience: les "identitaires" et les "émergentistes").


    liens: wikipedia.org -Conscience       

    psydoc-fr -Comment la conscience contrôle le cerveau John C. Eccles

    sergecar.perso.neuf.fr -conscience et connaissance de soi

    trans4mind.fr -Conscience de soi           vedanta.asso.fr -Le soi

    sos.philosophie.free.fr -Suis-je ce que j'ai conscience d'être ?

    philolog.fr -La conscience de soi est-elle une connaissance de soi?

    hyperconscience.wordpress.com -Portail sur les expériences avancées de conscience

    wikipedia.org -Discours de la méthode

    wikipedia.org -Méditations métaphysiques

    implications-philosophiques.org -L’approche cartésienne du corps et de l'esprit

    wikipedia.org -Problème corps-esprit

    ac-grenoble.fr -Cours sur le corps    la-philosophie.com -Le corps en philosophie

    wikipedia.org -Cogito_ergo_sum (Descartes)

    absolultime.xooit.fr -La spiritualité, c’est comprendre le jeu de la conscience.

    wikipedia.org -Problème corps-esprit

    wikipedia.org -Imagerie cérébrale   mon.univ-montp2.fr -Imagerie cérébrale

    futura-sciences.com -L'imagerie cérébrale permettra-t-elle de lire dans les pensées ?

    psychotheque.ch -Antonio Damasio analyse du cas de phinéas gage

    osp.revues.org -L’erreur de Descartes (1995)

    wikipedia.org -Imagerie par résonance magnétique

    facmed.univ-rennes1.fr -Introduction aux Neuro-Sciences Cognitives

    svt.leverrier.free.fr -Le traitement des messages visuels dans le cortex cérébral. Notion de perception

    timotheecour.com -RECONNAISSANCE DE FORMES PAR RESEAU DE NEURONES

    wikipedia.org -Philosophie de l'esprit

    uip.edu -Enquête neurologique sur la conscience en général

    asmp.fr -Cerveau et conscience : bilan et perspectives

    reflecritiques.com -Le problème de la relation du corps et de l'esprit


    2) Les identitaires: "rien d'autre que les neurones".

    Pour eux, le mental est identique au cérébral. Douglas Hofstadter et Daniel Dennett peuvent dire, dans "vues de l'esprit" que "l'esprit humain est un objet physique". Les identitaires pensent que seules les connections neuronales sont responsables des états mentaux produit par la perception des sens ou de la pensée. La théorie identitaire se base uniquement sur les phénomènes physiques, ce qui élimine en grande partie le problème de l’origine de la conscience. Pour eux, le "problème difficile" de David Chalmer est un faux problème, il n'y a rien à expliquer, juste des processus physiques.

    Parmi les identitaires, il y a les "forts" et les "faibles, comme il y a les darwiniens "forts" et "faibles." Les identitaires forts, sont appelés parfois "éliminationnistes" car ils éliminent totalement le problème de la conscience. Pour les identitaires faibles parfois appelés "fonctionnalistes", les rapports entre les états neuronaux et les états mentaux peuvent être moins stricts.  

     

    liens: uip.edu -Esprit es-tu là? la conscience n’est rien d’autre qu’une activité neuronale?

    uip.edu -L’incomplétude, un nouveau paradigme

    uip.edu -Enquête neurologique sur la conscience en général

    ted.com -A propos de notre conscience" par Dan Dennett

    automatesintelligents.com -A propos de Daniel Dennett

    cvm.qc.ca -l'identité de l'esprit et du cerveau

    max.kistler.free.fr -Matérialisme et réduction de l’esprit

    edouard-lopez.com -Le fonctionnalisme dans les sciences cognitives

    labyrinthe.revues.org -Introduction cognitivisme et sciences cognitives

    rancoisloth.wordpress.com -Une solution ontologique: le fonctionnalisme d’Armstrong et de Lewis

    suite101.fr -D'où provient la conscience? les identitaires et les émergentistes.

     

    3) Les émergentistes: le tout est plus que la somme des parties. 

    Pour les émergentistes, "les sensations conscientes subjectives ne peuvent pas être réduites à des états physiques, même si elles sont produites par eux. Ils proposent alors la théorie de l’émergence, qui se résume par : le tout est plus que la somme des parties.

    Par exemple, l’eau a de nombreuses propriétés que l’on ne peut deviner si l’on ne connaît que les atomes d’oxygène et les molécules d’hydrogène. L’eau n’est rien d’autre que H2O mais c’est un tout. La molécule d’eau est bien plus qu’une simple association d’atomes puisqu’elle manifeste des propriétés qui ont «émergé» et qui n’existaient pas dans ses seuls composants.

    Les émergentistes pensent qu’il en est de même pour la conscience et des sensations subjectives qui l’accompagnent : les neurones seuls ne sont que peu de choses, mais associés, ils auraient la faculté de produire la conscience."

    Comme pour le identitaires faibles, il y a les émergentistes faibles qui pensent qu'il en est ainsi de la conscience et de toutes nos sensations subjectives. Pour les émergentistes "forts", l'émergence peut produire des niveaux ontologiquement distincts des niveaux de départ. Ils contiendront des forces ou des entités capables d'exercer une influence causale sur les niveaux inférieurs qui les ont créés (causalité descendante), ce que nient les émergentistes faibles.

    liens: deaneuro.free.fr -L'approche neurobiologique des faits de conscience: vers une science de l'esprit -La conception d'un « monisme émergentiste

    hal.archives-ouvertes.fr -Modélisation des processus émotionnels dans la prise de décision (une approche émergentiste)

    laviedesidees.fr -La boîte à idées L’esprit humain est-il soluble dans la science ?

    automatesintelligents.com -De l'évolution de l'émergence


    4) Les neurones.

    memoireetvie.com -neurone

     

    Un neurone, ou cellule nerveuse, est une cellule excitable constituant l'unité fonctionnelle de base du système nerveux spécialisée dans la communication et le traitement d'informations. Le neurone est composé d'un corps appelé péricaryon ou corps cellulaire ou encore soma, et de deux types de prolongements : l'axone, unique, qui conduit le potentiel d'action de manière centrifuge, et les dendrites, qui sont en moyennes 7 000 par neurone.Les signaux vont soit le pousser à se déclencher, soit inhiber son déclenchement. S'il se déclenche, il envoie une impulsion électrique qui se propage dans l'axone. En général, les neurones produisent toujours le même type d'effets sur leurs voisins. Certains neurones contribuent à exciter d'autres neurones alors que d'autres ont toujours une action inhibitrice. 
    L'axone se termine par un bouton terminal qui permet au signal de passer d'un neurone à l'autre (ou d'un neurone à une cellule musculaire si ce dernier contrôle un muscle). Une synapseespace très fin de l'ordre de 2 à 300 angströms, sépare le bouton terminal de la surface d'une dendrite. L'influx nerveux, en arrivant dans le bouton, va exciter des vésicules qui vont s'ouvrir relâchant des molécules appelées "neurotransmetteurs" qui vont influencer la dendrite située de l'autre côté de la synapse en y créant un courant électrique. Ainsi, l'espace séparant les deux neurones est franchi par ce médiateur chimique qui sert de relais pour des impulsions électriques. . 

    memoireetvie.com -LES NEURONES ET LES SYNAPSES

    De nombreuses autres choses se produisent dans les neurones, mais l'essentiel de ce que nous sommes se réduit à l'activité de l'immense réseau que forment les 86 à 100 milliards (10^{11}) de neurones de notre cerveau, chacun étant connecté en moyenne à 10 000 autres neurones. 


    liens: neur-one.fr -neurosciences comportements: le neurone
    braincampaign.org -neurones et potentiel d'action

    cours-pharmacie.com -Le système nerveux


    5) Les positions de quelques personnalités.

    a) Francis Crick, prix Nobel de médecine pour la découverte de la structure hélicoïdale de l'ADN appelle ceci "l'hypothèse stupéfiante (voir 2)": "nous ne sommes rien d'autre que qu'un paquet de neurones.". Crick se concentre sur la vision et dit seulement chercher des "corrélats" de la conscience visuelle (mais une corrélation n'est pas une cause). Il suppose qu'une "agrégation" des informations éparses obtenues à propos d'un objet doit être faite, mais que le processus est inconnu. Il est possible que cette unité soit obtenue avec le concours du mécanisme rapide de l'attention, dont la nature reste méconnue. Crick suppose que que c'est grâce à une fréquence commune qui pourrait être de 40 Hz que s'établit une unité entre les différents neurones. Puis le thalamus joue un rôle central ainsi que les cellules pyramidales de la couche 5. Ce qu'un de ces neurones devrait envoyer aux autres parties du cerveau, ce sont les résultats des traitements de l'information par ces neurones. Selon Crick, il serait possible que la conscience corresponde à un sous-ensemble de ces résultats. 

    Ainsi, la conscience serait un sous-ensemble accessoire de l'activité neuronale (position "locationniste") qui est testable, puisqu'une anesthésie de ces seuls neurones devrait priver une personne de conscience. mais Crick n'a pas l'air de vraiment y croire car il écrit: "si qui que ce soit me soumettait cette théorie, je la condamnerais à l'instant et la traiterais de château de cartes. Touchez-la, elle s'écroule." Il représente la tendance "éliminationniste" dont le réductionnisme est plutôt extrême. Il considère comme "mystique" une définition de la conscience correspondant non seulement à l'émergence forte, mais déjà à l'émergence faible: "le comportement émergent  ne peut absolument pas être compris comme une combinaison du fonctionnement de ses différentes parties." Et encore: "Si le tout peut ne pas être que la simple somme de ses parties, son fonctionnement peut, en principe, être compris à partir de la nature et au comportement de ses parties et de leur interaction.", ce que peu d'émergentistes même faibles accepteront. 


    b) Gérald Edelman, prix Nobel de médecine, eut l'idée de la "théorie de la sélection des groupes neuronaux." La structure du cerveau n'est pas totalement déterminée à la naissance . Des groupes de neurones sont en compétition pour accomplir les mêmes tâches (ceux qui arrivent mieux que d'autres se trouvent renforcés alors que les autres dépérissent). cela ressemble à un processus de sélection naturelle qu'Edelman appelle le "darwinisme neuronal". C'est possible pour le développement pour l'organe qu'est le cerveau, mais comment passer de ce phénomène à la conscience?

    Pour comprendre la possibilité des capacités cognitives du cerveau, il faut 

    comprendre le phénomène de catégorisation, et le concept sous-jacent de “valeur 

    interne” proposé par Edelman. Il expose ainsi le “problème fondamental” (de la 

    catégorisation): Le phénomène essentiel est celui de la réentrance ou de la rétroaction, avec des interactions des groupes de neurones. La vision globale d'un objet émerge ainsi au niveau du cerveau sans être localisée nulle part. Les catégories ainsi obtenues sont ensuite mémorisées. 

    Puis, dans un premier temps, Edelman distingue la conscience primaire, et la conscience d’ordre supérieur. La conscience primaire est l’état qui permet de se rendre compte de la présence des choses dans le monde, d’avoir des images mentales dans le présent. Mais elle ne s’accompagne pas d’un sens de la personne, avec son passé, et son présent. Les quatre bases de la conscience primaire sont la catégorisation perceptive (l’aptitude à découper le monde en catégories utiles (comme reconnaître ses proies), un processus fondamental du système nerveux des vertébrés, avec le contrôle du mouvement), le développement des concepts (capacité à combiner différentes catégories perceptives), la mémoire (capacité à répéter ou supprimer un acte mental ou physique), et le réglage des contraintes de valeur. La conscience supérieure, la nôtre, va naître à partir de la conscience primaire grâce l'ajout du langage, qui sera à l'origine de nouvelles boucles dans le circuit allant de la mémoire aux perceptions.
    Mais, comme le souligne Jonh Searle, Edelman ne dit pas comment tous ces mécanismes de réentrées causent les états conscients. On peut imaginer un cerveau (un ordinateur?) ayant les mêmes mécanismes sans avoir de conscience. On pourrait résumer son raisonnement par: 1) nous savons que la conscience existe; 2) Il faut qu'elle émerge des processus cérébraux; 3) De nombreux processus complexes interagissent eux; 4) La conscience doit donc émerger de ces interactions

    L'approche d'Edelman est un exemple d'émergence faible. Il s'oppose au réductionnisme au fonctionnalisme, aux "identitaires" et à tous ceux qui assimilent l'esprit à un programme d'ordinateur, même s'il pense qu'une machine possédant une conscience supérieure puisse un jour être construite. Il attache une grande importance au corps et à la structure du cerveau pour l'apparition de la conscience. Il croit en l'existence d'une certaine forme de libre-arbitre et rejette le déterminisme psychologique de Freud. Il pense aussi que sa théorie implique une certaine incomplétude de la connaissance.

     

    c) Roger Sperry, prix Nobel de médecine, représente l'émergence forte. Il se dit mentaliste tout en rejetant le dualisme: "Quand je me prétends mentaliste, je soutiens que les phénomènes mentaux subjectifs, tels qu'on en fait l'expérience subjective, représentent une réalité primordiale exerçant un effet causal et qu'ils sont distincts de leurs éléments physico-chimiques, auxquels ils ne peuvent être ramenés". Il affirme (ce que Crick qualifierait certainement de super-mystique) qu'il y a une réalité non physico-chimique qui précède et détermine nos pensées et nos actions, quand bien même celles-ci laissent des traces détectables par divers moyens dans notre cerveau. Ainsi, Exit l'homme neuronal et le paquet de neurones de Jean-Pierre CHANGEUX,  fini le hasard et la nécessité de Jacques MONOD.

    Cet "esprit conscient", qui n'est pas physico-chimique est replacé "dans une position de commandement suprême." Il impose son mouvement global aux molécules sans directement interagir avec elles, comme la roue impose une direction de déplacement à toutes les molécules qui la composent sans interagir directement avec elles. 

    Mais SPERRY va encore plus loin : "Il me paraît indispensable de contester avec la dernière rigueur la conception matérialiste et réductionniste de la nature et de l'esprit humain, conception issue semble-t-il de l'attitude objective et analytique aujourd'hui prédominante dans les sciences du cerveau et du comportement [...]. Je soupçonne que nous avons été dupés, qu'à la société et à elle-même la science n'a fourgué que de la camelote.


     d) le philosophe Philip Clayton a développé des conceptions à l'image de celles de Sperry, et qui aboutissent à une théorie de l'émergence forte. L'être humain est constitué de toute une série de niveaux et chaque niveau doit être expliqué par une science adaptée à ce niveau. Il écrit:"Je parie qu'aucune explication faisant l'économie d'un niveau psychologique irréductible ne pourra rendre compte de la personne humaine. Comme je l'ai dit, cela implique que la dimension consciente ou mentale de la personne humaine existe réellement et puisse exercer des effets causaux."
    e) Pour Antonio Damasio, les émotions sont essentielles. Dans "l'erreur de Descartes", il écrit que "la passion fonde la raison". Il se fonde pour cela sur le cas de patients ayant subi des lésions dans la même zone que celle de Phinéas Cage. L’émotion donnerait du poids aux différentes solutions d’avenir en termes de survie et d’intérêt propre, ceci en s’appuyant sur le marquage émotionnel factuel acquis par la personne et sur le marquage émotionnel inné de son espèce. Dans son deuxième livre, intitulé «le sentiment même de soi», Damasio "se propose de comprendre comment les individus s’avancent dans la pleine lumière de la conscience, en examinant les circonstances biologiques et émotionnelles qui permettent la transition cruciale de l’état d’insu à l’état de connaissance, et ceci en prenant pour toile de fond le sentiment même de soi, partie indispensable de l’esprit conscient". Il semble être ici "localiste" et ce qu'il appelle le moi et qui génère la subjectivité nécessaire à la conscience est pour lui localisé dans les aires somato-sensorielles de l'hémisphère droit. Les patients ayant des lésions à cet endroit perdent la mobilité de la partie gauche de leur corps.et ne sont pas capables de s'en apercevoir! Damasio en déduit que "les lésions dont ils sont atteints détruisent partiellement la base neurale de leur moi...". Il semble pourtant que les patients souffrant de ce mal n'aient aucun trouble d'identité et continuent parfaitement de savoir qui ils sont. Dans son troisième ouvrage intitulé «Spinoza avait raison», Damasio reprend sa théorie évolutionniste et homéostatique de l’émotion pour affiner la compréhension des sentiments et leur signification universelle.et il établit un lien original avec la philosophie de Spinoza.

     

    f) Jean-Pierre Changeux représente le courant "identitaire fort": "l'identité entre les états mentaux et les états physico-chimiques du cerveau s'impose en toute légitimité". Comme Crick il est réductionniste sans être "localiste" et, comme Edelman, utilise l'idée de "réentrée". "les opérations sur les objets mentaux et surtout sur leurs résultats  seront "perçus" par un système de surveillance , composé de neurones très divergents et de leurs réentrées. les enchaînements et emboîtements, ces "toiles d'araignée", ce système de régulation fonctionnera comme un tout. Doit-on dire que la conscience "émerge" de tout cela? Oui si l'on prend le mot émerger au pied de la lettre comme l'on dit que l'iceberg émerge de l'eau. Mais il suffit de dire que la conscience est ce système de régulation en fonctionnement. L'homme n'a dès lors plus rien à faire de "l'esprit", il lui suffit d'être un homme neuronal." Ce type de position qui repose sur l'équivalence neuronal-mental a pu faire dire à Changeux: "Je ne sais pas ce que vous êtes en train de penser, mais lorsque nous connaîtrons toutes les interactions neuronales ayant lieu dans votre cerveau, je saurai non seulement ce que vous pensez, mais aussi ce que vous allez penser dans deux minutes et que vous ne savez pas encore." Ce déterminisme est fondé une vision du monde proche de celle de LaplaceComment évoluera t-il?

    Dans Matière à pensée (Odile Jacob), écrit avec le mathématicien Alain Connes, J. Pierre Changeux s'interroge sur les mathématiques comme reflet de la structure cérébrale. 

     

    g) Voyons maintenant la position de quelques philosophes?

         g1) Danniel Dennett. Dans son oeuvre majeure, la conscience expliquée, on constate qu'il élimine tout simplement la conscience plutôt que de l'expliquer comme le montre son dernier sous-titre "la conscience expliquée ou éliminée?". "Lorsque la physique vous dit que la seule différence qui existe entre l'or et l'argent est le nombre de protons et d'électrons de leurs atomes, les notions "d'argenté".ou de "doré" sont éliminées". C'est pareil pour la conscience qui doit être totalement réductible: "seule une théorie qui expliquerait les événements conscients en termes d'événements inconscients pourrait expliquer la conscience. Si notre modèle de la façon dont la douleur est un produit de l'activité cérébrale contient toujours une boite appelée "douleur", vous n'avez pas encore commencé à expliquer ce qu'est la douleur.".  La subjectivité de l'expérience (les "qualias") doit donc être éliminée pour "l'identifier avec la somme totale de toutes les dispositions relatives idiosyncrasiques inhérentes à mon système nerveux qui résultent  de ma confrontation avec un certain schéma de simulation." Remarques: pour Dennett une terrible rage de dents n'est-elle que la "somme de toutes..." (et comment y réagit-il)? Notre conscience est peut-être assimilable à un programme d'ordinateur et nos sentiments réductibles à de tels programmes, mais ça n'est pas résoudre le problème de la conscience que de nier son existence.

         g2) C'est David Chalmers qui a posé le problème de la conscience sous forme de "dur problème". Ce problème s'oppose aux « problèmes faciles » relatifs aux explications de la capacité de discerner, d'assimiler des informations, de rendre compte d'états mentaux, de l'attention, etc. Ces problèmes sont faciles, non parce qu'ils auraient reçu des solutions définitives et simples, mais parce que leurs solutions requièrent seulement de spécifier des mécanismes qui peuvent réaliser les différentes fonctions de la conscience. Les problèmes difficiles s'en distinguent du fait qu'ils «persistent même quand toutes les fonctions en question sont expliquées», c'est-à-dire que personne, selon le constat de Ned Block, n'est parvenu à en fournir la moindre explication.

    La position de Chalmer est un mélange de fonctionnalisme (en fait une position identitaire) et de dualisme. Si on prend l'exemple de la douleur, il y a deux significations: une signification physique telle celle de Dennett et une signification qui dépend de la conscience. Il y aurait un accord ou un parallélisme entre l'organisation fonctionnelle du cerveau et la conscience. La conscience existe, elle accompagne le fonctionnement de notre corps mais ne sert à rien pour expliquer notre comportement. Pour Chalmers, elle serait présente partout dans l'Univers où de l'information est présente. Cela l'amène à se demander: "Quel effet cela fait-il d'être un thermostat?". On peut dire que c'est une vision panspshychique du monde.

         g3) Jonh Searle: La thèse de Chalmers est "le symptôme" d'un certain désespoir qui se manifeste aujourd'hui dans les sciences cognitives." Searle est un "émergentiste faible". En philosophie de l'esprit, Searle se distingue par son naturalisme biologique. Qualifier ainsi le naturalisme de "biologique", c'est mettre l'accent sur le fait que le niveau propre de compréhension du phénomène de la conscience est le niveau biologique. Searle défend ainsi une position «émergentiste». L'émergentisme développe l'idée qu'il y a continuité et non dualité entre le corps et l'esprit. L'esprit naîtrait d'une complexification croissante du corps et plus particulièrement du système neuronal. Searle s'oppose ainsi aussi bien aux conceptions dualistes et à l'héritage cartésien qu'aux conceptions réductionnistes des relations entre l'esprit et le corps. Pour lui, les états mentaux qui caractérisent notre vie subjective sont aussi réels que les autres phénomènes biologiques, aussi réels que des phénomènes comme la photosynthèse ou la digestion. Mais ils ne sont pas réductibles aux processus neurobiologiques tels que les neurosciences les conçoivent. Il écrit: "toutes ces tentatives réductionnistes pour éliminer la conscience sont aussi désespérées que le dualisme qu'elles étaient censées supplanter. En un sens, elles sont pires, parce qu'elles nient l'existence réelle des états conscients qu'elles étaient supposées supplanter." Searle rejette aussi le matérialisme au sens classique du terme: "Les matérialistes veulent aussi, en règle générale, nier que la conscience soit une partie réelle et irréductible du monde réel. Ils veulent soutenir que ce n'est "rien que...", puis ils choisissent leur candidat favori pour remplir le blanc: le comportement, les états neuro-chimiques du cerveau, les programmes d'ordinateur, etc. Pour ma part, je nie le matérialisme ainsi entendu." Le deni de l'existence de la conscience par Dennett est pour Searle "non pas une découverte sérieuse [...], mais plutôt une forme de pathologie intellectuelle."

    Mais comment expliquer l'émergence de la conscience? Searle écrit: "Il nous faut franchement avouer notre ignorance. Ni moi, ni qui que ce soit d'autre ne sait à ce jour à quoi ressemblerait une telle théorie. [ ...]. Nous ne disposons pas jusqu'ici de principe théorique unificateur des neurosciences [...] nous n'avons pas une théorie du fonctionnement du cerveau. "


    liens: lexpress.fr -l'homme neuronal
    perso.limsi.fr -SCIENCES COGNITIVES ET CONSCIENCE Gérard Sabah Groupe Langage et Cognition LIMSI -- CNRS
    asmp.fr -Cerveau et conscience : bilan et perspectives

    v.i.v.free.fr -Le cerveau est-il un ipod ou une radio ?

    planetesante.ch -Science et conscience: l’étude de la conscience est la clé de nombreux dilemmes éthiques

    larecherche.fr -Crick, Deux biologistes et un physicien en quête de l'âme

    automatesintelligents.com -Gerald Edelman, Giulio Tononi (la sélection des groupes neuronaux)

    data0.eklablog.com -A p e r ç u d e l a t h é o r i e s é l e c t i o n n i s t e d e G e r a l d E d e l m a n

    revue3emillenaire.com -Roger Sperry: L’hémisphère gauche parle, l’hémisphère droit pense

    informationphilosopher.com -Roger Sperry

    atlantico.fr -Philip Clayton: la question de la liberté (quand les neurosciences invalident les justifications traditionnelles)

    httpdecitre.fr -Les origines de la liberté - L'émergence de l'esprit dans le monde naturel Philip Clayton

    larsdisputandi.org -Mind & Emergence: From Quantum to Consciousness By Philip Clayton

    automatesintelligents.com -Antonio Damasio: Spinoza avait raison

    osp.revues.org -A. Damasio. L’erreur de Descartes

    lexpress.fr -l'homme neuronal

    cnam.fr -Jean-Pierre Changeux, Paul Ricoeur "Ce qui nous fait penser. La nature et la règle"

    matierevolution.fr -Qu’est-ce que le déterminisme pour la science actuelle ?

    automatesintelligents.com -Daniel C Dennett et "la conscience expliquée"

    ted.com -A propos de notre conscience" par Dan Dennett

    persee.fr -La conscience imaginée. Sur l'éliminativisme de Daniel Dennett

    philopsis.fr -Le fonctionnalisme selon Daniel Dennett ou: Dennett a-t-il perdu l'esprit?

    francoisloth.wordpress.com -L’esprit conscient ou la fausseté du matérialisme selon David Chalmers

    blog.ithaque-editions.com -vidéo: David Chalmers, à propos de la conscience

    yanko.lib.ru -livre de David J. Chalmers the Conscious Mind in search of a fundalental theory

     

    6) En guise de conclusion.

    Pour l'évolution, nous avons vu dans les articles précédents qu'il y a une théorie hégémonique prétendant tout expliquer: le darwinisme (Notre existence a t-elle un sens? 12-1 et Notre existence a-t-elle un sens? 12-2)

    Ce tour d'horizon que nous venons de faire montre que pour les neurosciences ce n'est pas le cas. Il n'y a pas de théorie hégémonique mais des hypothèses ne reposant sur aucun mécanisme précis et indubitable. Cela n'empêche Searle de répéter que "le cerveau cause la conscience."  Est-ce, comme le dit Jean Staune, pour s'autopersuader ou pour montrer qu'il ne verse pas dans le spiritualisme malgré son insistance sur l'irréductibilité de la conscience? Il exprime malgré tout l'opinion que partagent malgré leur différences Dennett, Crick, Edelman et beaucoup d'autres, même Sperry. 


    Et s'ils se trompaient tous? C'est que nous allons voir dans le prochain article...


    liens: uip.edu -La biologie non Darwinienne : essai de typologie et analyse des implications philosophiques

    perso.limsi.fr -SCIENCES COGNITIVES ET CONSCIENCE -Quelques points de vue synthétiques sur la conscience

    automatesintelligents.com -La conscience vue par les neurosciences

     

    croissanceetconscience.blogspot.fr -LE PROCHAIN NIVEAU DE CONSCIENCE SPIRITUELLE

     

     

     

     

     

     

     

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    Notre existence a t-elle un sens? 12-2) "Recherchons  Einstein de l'évolution (urgent).

     

    Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

    Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


    Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

    Notre existence a-telle un sens? 1) à propos de la préface du livre par Trinh Xuan Thuan

    Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)

    Notre existence a-t-elle un sens? 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine"?

    Notre existence a-t-elle un sens? 4) vers de nouvelles lumières.

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) première partie: Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (naissance de la mécanique quantique).

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) deuxième partie : Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (la non-localité).

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...première partie

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...deuxième partie

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 1) vous qui entrez ici perdez toute espérance ...

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 2) vous qui entrez ici perdez toute espérance...

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 1) le murmure du big bang...La deuxième fissure dans les théories classiques

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 2) Le murmure du big bang... la genèse du 

    Notre existence a t-elle un sens? 9-1) Dieu revient très fort partie 1

    Notre existence a t-elle un sens? 9-2) Dieu revient très fort partie 2

    Notre existence a t-elle un sens? 10) où il fait plus noir que vous ne l'imaginez

    Notre existence a t-elle un sens? 11 partie 1) Un point sur les articles déjà parus (la naissance de la physique quantique et la connaissance du réel)

    Notre existence a t-elle un sens? 12-1) Recherchons Einstein de l'évolution (urgent)

    Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES

     

    1) Résumé de l'article précédent Notre existence a-t-elle un sens? 12-2) Recherchons Einstein de l'évolution (partie 2)

     

    Les 11 premiers articles de cette série ont été consacrés à "ma lecture" des trois premiers chapitres de l'ouvrage de Jean Staune Notre existence a -t-elle un sens? Nous avons traité des questions fondamentales du chapitre 1 du livre (article 1 à 4): le désenchantement du monde (et de l'homme!), comment ébaucher un "traité de la condition humaine", allons-nous vers de nouvelles lumières? Puis nous avons longuement examiné le chapitre II: "qu'est-ce que le réel?" (articles 5 à 7) et le chapitre III: "d'où venons-nous? où allons nous?" (articles 8 à 11).  

    Je n'ai pas écrit d'article au sujet du chapitre IV : "d'où venons-nous? où allons nous?" consacré aux théories de l'évolution. Mais je vais consacrer un article pour donner "ma lecture" du dernier paragraphe de ce chapitre: "recherchons Einstein de l'évolution (urgent!)." dont c'est ici la deuxième partie. Après avoir évoqué le sort des théories au chapitre 1) (NewtonDarwin > Ptolémée) et en conséquence la nécessité d'une Nouvelle théorie de l'évolution (NTE), nous nous sommes posés la question: de quels concepts disposons-nous déjà pouvant servir à ébaucher la NTE? (au chapitre 2) et évoqué quelques pistes pour une NTE (au chapitre 3). 

     

     

    2) Comment le darwinisme conserve-t-il une position hégémonique?

     

    sceptiques.qc.ca/forum -Néo-darwinisme ou dessein intelligent

     

    a) "Le terme darwinisme, fondé sur le nom du naturaliste anglais Charles Darwin (1809-1882), peut désigner :
    Au sens strict, la théorie explicatrice de l'évolution des espèces formulée en 1859 parCharles Darwin dans son ouvrage majeur De l'origine des espèces, mettant notamment en avant le mécanisme de la sélection naturelle.
    En un sens plus large, la théorie synthétique de l'évolution, extension de la théorie originale de Darwin, formulée dans les années 1930 et 1940, et intégrant les acquis de la génétique des populations.
    Le darwinisme étendu (en anglais : Universal Darwinism) qui est l'application de la théorie darwinienne à d'autres entités que des organismes biologiques. Citons comme exemples l'économie évolutionniste, la théorie du darwinisme neuronal de Gerald Edelman, lamémétique de Richard Dawkins, la cosmologie évolutionniste de Lee Smolin, et les algorithmes évolutionnistes.
    De manière plus problématique, le darwinisme social, une certaine conception des sociétés humaines, d'après laquelle la lutte pour la survie doit gouverner les relations sociales. Cette théorie se réclame des idées de Darwin, mais celui-ci la désapprouva explicitement[réf. souhaitée] dans son ouvrage La filiation de l'homme et la sélection liée au sexe (1871). Dans la mesure où elle attribuable à Herbert Spencer, il serait ainsi plus correct de parler de spencerisme
    ".

    Le darwinisme explique beaucoup de choses et une NTE est loin d'être prête. En effet, comme nous l'avons déjà vu dans mes articles, les changements de paradigme sont toujours difficiles. Dans le chapitre 11 du livre de Jean Staune, on voit que le pouvoir explicatif du darwinisme est limité, que ses failles sont connues depuis des décennies et que le progrès de nos connaissances ne les a pas comblées. Mais le darwinisme est omniprésent et le remettre en cause semble être un crime de "lèse-majesté". Il ne repose pas uniquement sur ses seuls mérites scientifiques et les darwiniens ont mis en place toute une série de stratégies qu'il convient d'analyser. 

    b) La stratégie de l'inclusion. Tant qu'on ne dit pas que Dieu a créé les être vivants, la darwinisme (et le néo-darwinisme) sont prêts à à accepter même ce qui en contredit l'essence.  Par exemple, une base du néo-darwinisme est l'existence de la barrière de Weismann érigée entre les cellules reproductives (cellules germinales) et les autres cellules (appelées "cellules somatiques").pour lesquelles rien de ce qui s'y produit ne saurait se transmettre aux cellules germinales et donc à nos descendants. Or Andrew D. Steele a démontré l'existence d'une telle transmission pour les lymphocytes. Alors, pour Richard Dawkins, il suffit de dire que les lymphocytes (cellules immunitaires) font maintenant partie des cellules germinales! (belle acrobatie?). Dawkins a également avancé que la reproductibilité de l'évolution telle que la postule Simon Conway-Morris est parfaitement intégrable dans le darwinisme.

    c) La stratégie de l'exclusion. Mais si les darwiniens pensent qu'on ne peut vraiment pas inclure une approche dans leur théorie, alors ils l'en excluront en arguant par exemple que ces travaux ne sont pas sérieux ou qu'ils visent à prouver un plan divin (même si l'auteur est agnostique) et que l'auteur est complice des créationnistes...En pratiquant ces deux stratégies, on peut supprimer toute forme intermédiaire entre le néo-darwinisme et le créationnisme et conclure: "tous les biologistes sont darwiniens".  Ainsi suite aux travaux de Jonh Cairns et  Suzan M. Rosenberg sur les mutations adaptatives, les darwiniens ont crié au scandale à propos de cette "remise en cause des bases de la biologie moderne". Mais aujourd'hui ils considèrent ces expériences comme darwiniennes. 

    d) La stratégie de la peur consiste à dire: "Tout ce que vous direz contre le darwinisme renforcera le créationnisme et constituera donc un crime contre la science."

    e) La stratégie du déplacement du problème. C'est par exemple lorsqu'on demande des preuves que les mécanismes darwiniens puissent faire apparaître des fonctions ou des organes nouveaux ou créer un "pont" entre deux types d'organisation et qu'il est présenté des résultats remarquables montrant la puissance du darwinisme... mais portant sur tout autre chose. Par exemple, dans émergenceSteven Johnson montre comment le comportement des fourmis peut aider à résoudre le problème du voyageur de commerce. C'est une remarquable illustration des pouvoirs des mécanismes darwiniens mais cela n'a rien à voir avec la construction d'un "pont" permettant de passer par des procédés darwiniens d'un Galéopithécus à une chauve-souris. Or c'est ce genre de résultats qui est souvent présenté.

    f) La stratégie du "si c'est possible, c'est que ça existe". Paul Kamerer, biologiste lamarckien des années 1920 fut l'un des premiers scientifiques à s'intéresser systématiquement aux coïncidences, esquissant le concept de sérialité ou loi des séries, qui sera repris et développé par la suite par le psychologue C.G. Jung, dans sa théorie de la synchronicitéPartisan de l'hérédité des caractères acquis, il tenta de convaincre la communauté scientifique de la réalité de ce processus censé rendre compte de l'évolution des espèces. À Vienne, il conduisit à cet effet des expériences notamment sur les Ciones, les salamandres et les crapauds accoucheurs. Les mâles ancestraux avaient des coussinets sur les pattes pour ne pas glisser pendant leur accouplement. Les mâles actuels les ont perdus. Mais au bout de quelques générations de crapauds se reproduisant l'eau, des ébauches de coussinets sont réapparus. Mais quelqu'un (on n'a jamais su qui?) injecta de l'encre dans les pattes pour rendre ces ébauches plus convaincantes  et Kammerer se suicida lorsque la supercherie fut découverte. Sephen Jay Gould a dit qu'il avait fait une expérience darwinienne (stratégie de l'inclusion). Puis il explique que Kammerer a exercé une forte pression de sélection encourageant la sélection des mutations pouvant permettre l'adaptation à la vie aquatique, ce qui a permis aux coussinets de réapparaître. C'est possible, mais on n'a aucune preuve et depuis plus de 80 ans personne n'a refait les expériences ni cherché à vérifier si de telles mutations aquatiques existaient.  Mais pour Gould, la cause est entendue. Il s'agit là de la stratégie "s'il y a une explication darwinienne plausible, il s'agit forcément de la solution...

    g) La stratégie de la belle histoire. C'est une étape de plus; s'il existe une explication de type darwinien non crédible, il s'agira quand même de la solution. Sephen Jay Gould dit, à propos de l'autruche qui, de même que les phacochères, qui s'agenouillent et ont des callosités dès la naissance (voir 2.1 Les limites de la puissance de la sélection naturelle): "L'autruche a pu d'abord présenter ces callosités comme une adaptation non génétique. Mais l'habitude de s'agenouiller, renforcée par ces callosités, exerce de nouvelles pressions sélectives concourant à préserver la variation génétique fortuite qui peut également générer ces caractères." Gould affirme qu'elle en tire un avantage sélectif tel que la mutation, apparue par hasard au début, se répandrait parmi toute la population, alors qu'il reconnaît que l'autruche va être "en compétition" avec des "collègues" dont les genoux possèdent des callosités qui se forment parce qu'ils s'agenouillent continuellement. Et de conclure: " les callosités elles-même ne sont pas transmises mystérieusement par l'hérédité des caractères acquis de l'adulte au jeune" (Jean Staune écrit "il n'en sait rien, n'en n'a aucune preuve, mais il en est sûr, car il faut que ce soit comme ça."

    h) La stratégie du "il suffit d'attendre". Daniel Dennett écrit dans "Darwin est-il dangereux?" que si le darwinisme a tort... il a tout de même raison car il ne saurait y avoir d'autre explication de l'évolution. Il suffit d'attendre le jour où on trouvera une explication darwinienne de ces faits. 

    i) la stratégie du "vous manquez d'imagination. C'est une réponse souvent faite à ceux qui critiquent le darwinisme. Cela ramène au point g).

    j) La stratégie du "vous faites appel au mysticisme." Si on fait appel à des concepts non purement matériels comme les archétypes, les darwiniens crient au mysticisme. Daniel Dennett pour les ridiculiser  appelle ces concepts des crochets célestes (skyhooks). C'est oublier qu'une position réaliste se doit aujourd'hui d'intégrer une dimension non physique.(voir mon article "notre existence a-t-elle un sens? 6-2) Vers un réalisme non physique)."

    k) La stratégie du "vous vous répétez.".   Selon Patrick Tort, les non-darwiniens ne font rien d'autre que répéter des critiques émises depuis plus d'un siècle telles que celles synthétisées par George Mivart.  E1871, son livre,Genesis of Species, contribue au débat sur l'évolution qui règne alors. Il admet le principe d'évolution mais estime qu'il est impossible de s'y référer pour parler de l'intelligence humaine. Le but de son livre est de "soutenir la position que la sélection naturelle agit, et doit vraiment agir, mais qu'elle doit encore, en vue de rendre compte de la production des sortes connues d'animaux et de plantes, être suppléée par l'action de quelque autre loi (ou lois), que l'on pas jusqu'ici découvertes." (ce qui est une intuition parfaitement exacte). Patrick Tortdans la préface de pour Darwin, note que les scientifiques de 1996, à travers leurs réponses aux non-darwiniens, répondent de nouveau à Mivart. Les gens auxquels il répond (DentonShützenberger etc),sont pourtant des scientifiques de haut niveau quoi que l'on puisse penses de leurs idées. Pour Tort, la science s'arrête-t-elle là où le darwinisme s'arrête? 

    l) La stratégie du "darwinisme insaisissable. "Un darwinien prétexte souvent: "vous critiquez le darwinisme d'hier et non celui d'aujourd'hui. Il y a désormais nombre de nouveaux concepts, l'émergence, les gènes Hox..." ou "vous critiquez votre conception du darwinisme et non pas ce que la darwinisme est réellement." Ainsi le darwinisme devient insaisissable et toute critique récusée d'avance. 

    m) Y a-t-il une forme de néo-darwinisme qui soit scientifiquement crédible? Le néo-darwinisme peut être regroupé en deux grandes écoles, l'une incarnée par DawkinsWilson et Denett et l'autre par GouldLewontinEldredge. En Fait toutes deux ne s'accordent que sur une chose: il n'y a pas d'autre chose qui agisse sur l'évolution que les mutations au hasard et la sélection naturelle. Mais elles sont en désaccord sur presque tout le reste, sur le pouvoir de la sélection naturelle, sur le niveau auquel elle agit (sur les gènes ou sur les populations?), s'il existe de vrais sauts dans l'évolution (voir Les théories de l’évolution), sur le % de structures complexes qui soient des adaptations...D'un côté, Gould et Lewontin ont démontré le caractère naïf du "tout-sélectionnisme" de Dennet et Dawkins et de l'autre, Dennet et Dawkins ont montré que l'évolution non graduelle fondée sur les monstres prometteurs de gould est incohérente si on ne sort pas du cadre conceptuel dans lequel toutes les mutations sont dues au hasard.  Lewontin est particulièrement virulent à l'égard de "sociobiology" et de "on human nature" de Wilson ("[...] construction branlante d'assertions non étayées concernant une détermination génétique générale, allant de l'altruisme à la xénophobie"), ainsi que du darwinisme de Dawkins ("il ne parle en rien de l'évolution mais d'une inexorable ascendance de gènes sélectivement supérieurs alors que [...] les avancées techniques en matière génétique [...] mettent l'accent sur les forces non sélectives en jeu dans l'évolution..." Un autre chef de file du néo-darwinisme, John Maynard Smith écrit même: "les biologistes  de l'évolution avec qui j'ai discuté des travaux de Gould tendent à le considérer comme un homme dont les idées sont si confuses qu'elles ne valent pas la peine qu'on s'y attarde, mais [...] on ne devrait pas le critiquer publiquement  [...] il a au moins l'avantage d'être de notre côté face aux créationnistes." Ainsi, selon Lewontin, Dawkins et Wilson donnent une image fausse de l'évolution et selon Maynard Smith, Gould donne lui aussi une image fausse de l'évolution.

    Etant donné qu'il n'existe pas de véritable troisième alternative à l'intérieur du néo-darwinisme, malgré des positions moins extrêmes comme celle de Ernst Mayr, on peut se demander quelle forme du néo-darwinisme est scientifiquement crédible?

     

    liens: knowtex.com -150 ans après, la théorie de l'évolution est en pleine évolution

    staune.fr -Une nouvelle théorie scientifique de l’évolution de la lignée humaine avec Anne Dambricourt

    wikipedia.org -Sélection naturelle

    wikipedia.org -Théorie synthétique de l'évolution ou néodarwinisme

    wikipedia.org -Darwinisme social

    wikipedia.org -Darwinisme étendu

    boris.saulnier.free.fr -Le darwinisme neuronal de Gerald M. Edelman

    wikipedia.org -la mémétique de Richard Dawkins

     cosmologie évolutionniste de Lee Smolin (par Marc Lachièze Rey et Elisa Brune),

    wikipedia.org -Algorithmes évolutionnistes

    automatesintelligents.com -simon Conway-Morris:et l'intelligence universelle

    agoravox.fr -Dynamités les deux piliers du néodarwinisme : ni sélection naturelle ni gènes

    automatesintelligents.com -daniel Dennett: Freedom Evolves

    scienceshumaines.com -Darwin est-il dangereux?

    situconnaissasledondedieu.centerblog.net -Darwin est-il dangereux ?

    admiroutes.asso.fr -Daniel Dennet: la conscience expliquée et Darwin est-il dangereux?

     

    3) Darwinisme et religion.

    histoire-fr.com -le créationnisme

    a) misère et médiocrité du créationnisme.
    Il sera surtout question du mouvement créationniste, né au xixe siècle, en réaction contre le darwinisme. Le fameux débat d'Oxford du 30 juin 1860 est le premier affrontement direct entre les darwinistes et les créationnistes. Ces derniers étaient représentés par l'évêque Samuel Wilberforce. Ses partisans affirment que le monde a été créé par Dieu en six jours et soutiennent que les théories transformistes s'opposent à la Bible, selon laquelle Dieu aurait créé chaque espèce végétale ou animale de façon individuelle. Le créationnisme est principalement soutenu par quelques Églises protestantes, comme une conséquence de la doctrine de l'inerrance biblique et de l'autorité de la Bible. Cette mouvance est associée au littéralisme biblique, qui se base sur une lecture littérale de la Genèse et d'autres éléments de la Bible, comme les psaumes, s'opposant ainsi à d'autres courants créationnistes chrétiens.À l'heure actuelle, des créationnistes essaient d'apporter des éléments pour défendre leur thèse face à la théorie de l'évolution, mais leurs théories sont rejetées par la communauté scientifique : ils sortent en effet du champ de la rationalité en invoquant l'intervention miraculeuse de Dieu durant la « semaine de la création ». La démarche est également qualifiée de non-scientifique, car elle est basée sur l'a priori que les faits scientifiques doivent concorder avec les écrits saints (17).
    Je partage l'avis de Jean Staune lorsqu'il écrit: "... non seulement ces gens nous désinforment et répandent des inexactitudes, des absurdités, voire des mensonges, dans des proportions jamais atteintes même par les darwiniens les plus délirants, mais, de surcroît, ils le font au nom de la défense d'une foi qui est également la mienne!" De plus, le créationnisme est sans doute l'une des meilleures assurances vie du darwinisme. Il empêche certains chercheurs (particulièrement aux Etats-Unis, pays le plus influent sur le plan scientifique) de développer des idées évolutionnistes, mais non darwiniennes. La confusion sciemment entretenue entre l'évolution et la théorie tentant de l'expliquer qu'est le darwinisme profite à la fois aux créationnistes et aux darwiniens.
    b) Darwiniens et chrétiens. De très nombreux scientifiques, philosophes et théologiens sont darwiniens et chrétiens avec, en général, une position proche du schéma suivant: 

         -Il faut séparer la science et l'idéologie (ce que ne font pas Dawkins ou Dennet qui proposent à la fois les résultats scientifiques du darwinisme et leur interprétation matérialiste).
         -Il faut différentier la notion de "hasard intrinsèque à la nature" d'un hasard qui ne serait que la conséquence de notre ignorance. 

         -Rien ne prouve que l'évolution soit due à un hasard intrinsèque. On peut donc penser que le processus n'est pas livré à la seule contingence. 

         -D'autres, plus audacieux, tels Ken Miller ou Robert Russell pensent qu'en dernière analyse toute mutation est un phénomène quantique et que la physique quantique est la grande source d'indétermination dans l'Univers. Ils imaginent que Dieu agit à ce niveau-là pour orienter l'évolution sans violer les lois de la nature et nous laisser la liberté de ne pas croire en lui.

    Les positions des darwiniens comme Dennett, Dawkins ou Gould sont certainement plus crédibles si on se limite uniquement aux faits scientifiques qu'ils utilisent. En effet, tout se passe comme si l'évolution était due à des événements contingents. Même si Dieu peut agir par l'intermédiaire de l'indéterminisme quantique, pourquoi faire appel à ce concept? Dans ce cas, il est plus probable que nous soyons bien ici par hasard.
    Il serait plus crédible d'intégrer, comme le fait Christian de Duve, une canalisation du hasard ou une analyse des phénomènes de convergence comme le passage des reptiles aux mammifères (à voir aussi la position du paléontologue Marc Godinot). Par ailleurs, Dieu n'intervient sans doute pas directement (via des mutations quantiques par exemple), mais plutôt par le fait qu'il a créée les lois de na nature qui génèrent les choses telles qu'elles sont. Ce sont alors elles qui guident l'évolution. 

    c) Le pape et Darwin. Un texte de référence est la lettre de Jean-Paul II à l'académie pontificale des sciences le 22 octobre 1996 dans lequel il reconnaît que que l'évolution est un fait, alors qu'en 1950Pie XII y voyait "une hypothèse parmi d'autres." Pour Jean-Paul II, "De nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l'évolution plus qu'une hypothèse. [...] Et, à vrai dire, plus que de la théorie de l'évolution, il convient de parler des théories de l'évolution. Cette pluralité tient, d'une part, à la diversité des explications qui ont été proposées du mécanisme de l'évolution et, d'autre part, aux diverses philosophies auxquelles on se réfère. Il existe ainsi des lectures matérialistes et réductionnistes et des lectures spiritualistes. Le jugement ici est de la compétence propre de la philosophie et, au delà, de la théologie." C'est donc un démenti cinglant à une affirmation clé des darwiniens pour qui il ne saurait qu'une seule théorie susceptible d'expliquer l'évolution, le néodarwinisme, et une seule sorte de mécanisme, le hasard et la sélection naturelle, tout le reste n'étant que secondaire. Ceci prouve aussi qu'il était mieux informé que beaucoup de scientifiques pour parler ainsi de "la diversité des mécanismes".

    Plus loin, il dit: "En conséquence, les théories de l'évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l'esprit comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple épiphénomène de cette matière sont incompatibles avec la vérité de l'homme. Elles sont d'ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne." Jean-Paul II semble dire ici que le darwinisme est incompatible avec la foi chrétienne puisqu'il affirme que les seules forces de la matière vivante permettent l'émergence de toutes les formes vivantes et de leurs caractéristiques, l'une d'entre elles étant justement l'esprit qui est associé à la forme homo sapiens. A propos de ce paragraphe, Jean Staune précise que le cardinal Georges Cottier lui a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une condamnation du néodarwinisme stricto sensu, qui est une des possibilités existant parmi d'autres, mais de l'extension du néodarwinisme aux théories sur l'origine de l'esprit. On peut donc dire que si le texte de Jean-Paul II soutient l'évolution, il est très loin d'en constituer un soutien inconditionnel. 

    liens: wikipedia.org -Position de l'Église catholique sur la théorie de l'évolution

    scientifiques-chretiens.sup.fr -association des scientifiques chrétiens

    marike.over-blog.com -Rosine Chandebois critique le hasard darwinien

    marike.over-blog.com -2) Chandebois critique la sélection naturelle - II

    wikipedia.org -Opinion de Charles Darwin sur la religion
    harunyahya.fr -Le darwinisme est en contradiction avec la religion

    rationalisme.org -La Théorie Darwinienne de l'Évolution

    dub114.mail.live.com -Darwin, jamais remis en cause par l'expérience

    evene.fr -dossier darwin

    cnrs.fr -Guillaume Lecoîntre: Evolution et créationnismes

    histoire-fr.com dossier créationnisme

    cite-sciences.fr -Le créationnisme contre la théorie de l'évolution

    pseudo-sciences.org -Qu’est-ce que le créationnisme ?

    erudit.org -Le déterminisme du hasard (voir canalisation du hasard et Christian De Duve)

    automatesintelligents.com -Libre arbitre et Hasard intrinsèque (sur A New Kind of Science, de Stephen Wolfram)

     

     

    4) Alors finalement, est-on là par hasard ou non?

     

     

     

     

     

     

     

    Que conclure après ce tour d'horizon des questions relatives à l'évolution? 

         -Nous ne sommes pas contraints d'accepter une théorie unique qui serait le néodarwinisme.

         -De grands chercheurs dont certains se réclament encore du néodarwinisme soutiennent des concepts poussant à crédibiliser, sans le prouver le finalisme.

         -Une nouvelle théorie de la biologie est nécessaire, car nous pouvons déduire des faits, que d'autres forces s'exercent sur l'évolution que les processus darwiniens, mais nous ne savons pas lesquels (une conception de l'évolution se déroulant sous l'influence de formes préexistantes pourrait faire partie de cette nouvelle théorie). 

         -Toutes ces approches doivent se situer au sein de la science et de la biologie, ce qui n'est pas le cas de la majorité des positions des tenants de l'intelligent design, qui sont créationnistes ou néocréationnistes.

    Quelles sont les réponses à la question est-on là par hasard?

         -Pour l'ensemble des darwiniens et malgré les subtilités développées par les darwiniens chrétiens, il est très probable que nous soyons là par hasard. 

         -Dans la conception de Christian de Duve, un être pourvu de conscience devait apparaître; nous avons eu de la chance qu'il s'agisse de nous. 

         - Pour Conway-Morris ou Michel Denton, nous ne sommes pas là par hasard, un hominidé pourvu de conscience devait apparaître un jour ou l'autre, d'une façon ou d'une autre. 

         -Rémi Chauvin ou Rosine Chandebois postulent l'existence d'un programme interne donc, non seulement nous ne sommes pas là par hasard, mais le moment de notre apparition était plus ou moins déterminé. 

    liens: uip.edu -La biologie non Darwinienne : essai de typologie et analyse des implications philosophiques
    larevuereformee.net -Rosine Chandebois: À propos du clonage : la science au secours de l’éthique
    larevuereformee.net -Rosine chandebois: Réflexions sur le texte « l’usage thérapeutique du clonage et des cellules souches embryonnaires »

     

    Les faits que nous avons vus semblent parler en faveur de conceptions telles que celles de Conway-Morris ou Michel Dentonce qui incite à penser que la nouvelle théorie de l'évolution (NTE), répondra de façon moins catégorique que le darwinisme à la question "sommes-nous ici par hasard?"

    Après ce tour d'horizon de l'évolution, le prochain article sera consacré à l'examen du cerveau et de la neurologie.

     

     

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    Notre existence a t-elle un sens? 12-1) "Recherchons  Einstein de l'évolution (urgent). partie 1

     

     

     

    Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

    Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


    Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

    Notre existence a-telle un sens? 1) à propos de la préface du livre par Trinh Xuan Thuan

    Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)

    Notre existence a-t-elle un sens? 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine"?

    Notre existence a-t-elle un sens? 4) vers de nouvelles lumières.

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) première partie: Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (naissance de la mécanique quantique).

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) deuxième partie : Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (la non-localité).

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...première partie

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...deuxième partie

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    Notre existence a t-elle un sens? 9-1) Dieu revient très fort partie 1

    Notre existence a t-elle un sens? 9-2) Dieu revient très fort partie 2

    Notre existence a t-elle un sens? 10) où il fait plus noir que vous ne l'imaginez

    Notre existence a t-elle un sens? 11 partie 1) Un point sur les articles déjà parus (la naissance de la physique quantique et la connaissance du réel)

     

    Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES

    1) Prologue.

    Les 11 premiers articles de cette série ont été consacrés à "ma lecture" des trois premiers chapitres de l'ouvrage de Jean Staune Notre existence a -t-elle un sens? Nous avons traité des questions fondamentales du chapitre 1 du livre (article 1 à 4): le désenchantement du monde (et de l'homme!), comment ébaucher un "traité de la condition humaine", allons-nous vers de nouvelles lumières? Puis nous avons longuement examiné le chapitre II: "qu'est-ce que le réel?" (articles 5 à 7) et le chapitre III: "d'où venons-nous? où allons nous?" (articles 8 à 11).  

    Je n'ai pas écrit d'article au sujet du chapitre IV : "d'où venons-nous? où allons nous?" consacré aux théories de l'évolution. Mais je vais consacrer un article pour donner "ma lecture" du dernier paragraphe de ce chapitre: "recherchons Einstein de l'évolution (urgent!)."

     

     

    2) NewtonDarwin > Ptolémée.

     

    avevolution.blogspot.fr -Kallima inachus & Jean Staune

     

    wikipedia.org -carte du monde: Ptolémée


    Dans le chapitre 11 de son livre (Notre existence a -t-elle un sens?): "des histoires comme ça", Jean Staune analysé un certain nombres de faits qui montrent que le darwinisme (et aujourd'hui le néo-darwinisme) est devenu hégémonique. Tant de choses pouvaient soudain être expliquées grâce au couple mutation-sélection, qu'il fallait absolument que cela puisse tout expliquer. Il ne doit pas exister "d'espace" pour d'autres mécanismes agissant dans la nature selon des principes totalement différents.  

     

    Pourtant, depuis 250 ans qu'il existe, le darwinisme est maintenant confronté à un certain nombre de difficultés. Si la sélection naturelle peut faire énormément de choses, elle ne peut toutefois pas faire apparaître la forme exacte d'une espèce de champignon sur les ailes du papillon Kallima (voir photo en entête du chap. 2), ni mettre au point un système de régénération du cristallin du triton ni faire ce que que est décrit dans d'autres exemples du chapitre 11 du livre de Jean Staune. Etant donné que les darwiniens ne veulent pas s'ouvrir à d'autres explications susceptibles de transformer notre vision du monde, ils racontent ainsi de jolies histoires qui n'ont rien à envier à celles de Kipling. Tous ces faits sont comme autant de trous dans la "chambre à air" du néodarwinisme et pour l'empêcher de se dégonfler, il faut en permanence coller des rustines ("les Histoires comme ça"), tout comme la théorie de Ptolémée a dû multiplier les "épicycles" afin de sauver la cohérence du système. 

    La question qui se pose est: la théorie de Darwin est-elle du même niveau que celle de Ptolémée? Elle est d'importance, car la théorie de Ptolémée fait partie de la catégorie des théories fondamentalement fausses et elle a disparu, tandis que la théorie de Newton, a été appelée à être intégrée dans une synthèse plus vaste, la théorie de la relativité générale, passant ainsi d'un statut de "théorie absolue" à celui de "théorie expliquant des cas particuliers."

    Darwin connaîtra-t-il le sort de Ptolémée ou celui de Newton. Je ne sais pas si Jean Staune a raison en pronostiquant que le théorie de Darwin se situe entre les deux et ne disparaîtra pas comme celle de Ptolémée parce qu'elle explique et continuera à expliquer de très nombreux faits et restera un outil très important pour comprendre le monde du vivant, mais elle sera remise en cause plus profondément que celle de Newton qui permet d'expliquer de façon relativement correcte le mouvement des corps célestes, car les faits qui ont été cités montrent que la théorie néodarwinienne est loin, dans son domaine de donner une explication aussi globale des mécanismes de l'évolution. Mais je sens, comme Jean Staune, qu'une nouvelle théorie de l'évolution est nécessaire, théorie qu'il nomme NTENouvelle Théorie de l'Evolution. C'est un Einstein qu'il faudrait trouver et non un Newton, car les éléments qu'on possède déjà montrent que la NTE sera aussi étrange et éloignée de nos concepts familiers que le sont la relativité générale et la physique quantique.

    Si on suit alors Jean Staune sur les traces d'une telle théorie, il commence par un conte métaphorique qui permet de comprendre la situation actuelle.

    Cela se passe sur la planète Pluton couverte à 100% de nuages, comme c'est le cas de Vénus. La vie existe et a conduit, par un remarquable phénomène de convergence, semblable aux idées émises par Simon Conway-Morris, à des êtres proches de nous mais adaptés (de façon darwinienne) aux grands froids qui règnent las-bas. Les changements climatiques ont donc une grande importance et toutes les religions tournent autour du climat: on prie les dieux depuis des milliers d'années pour que le climat se réchauffe. Mais un jour , un jeune scientifique, Dharles Carwin (le Charles Darwin de là-bas) fait le tour de Pluton et découvre, en mesurant la pression atmosphérique, l'existence de fronts froids et de fronts chauds. Il élabore une théorie révolutionnaire: l'alternance des périodes froides et chaudes est un phénomène chaotique lié aux affrontements entre des masses d'air froid et chaud et donc le froid n'a rien à voir avec une punition divine, ni le chaud avec une récompense. Une nouvelle science est alors fondée, la météorologie. Un siècle plus tard, les météorologues carwinistes sont capables de prédire le temps et surtout la température 3 à 4 jours à l'avance. La météorologie est enseignée dans toutes les écoles et parallèlement on assiste à l'effondrement des systèmes de croyance traditionnels.  

    Reste que les météorologues se trompent assez souvent. Le fondamentalistes, adeptes d'une interprétation littérale de le religion selon laquelle ce sont les dieux qui régissent le climat, en profitent pour créer une école de pensée anti-météorologique. Ainsi, pour eux, chaque fois que les prévisions météorologiques sont erronées, c'est qu'une intervention de dieux a modifié le climat. Le débat fait rage sur Pluton. Mais un jour, un météorologue un peu excentrique, Dichael Manton (le michael Denton de Pluton), remarque que le climat sut Pluton était en moyenne plus froid il y a 200 ans (une durée équivalente à 200 années sur Terre) qu'à présent. Il affirme que des forces inconnues coordonnent le climat dans le long terme et que les météorologues carwiniens ne peuvent l'expliquer puisqu'ils font appel à des processus dus au déplacement aléatoire des masses d'air. Les carwiniens peuvent expliquer l'évolution du temps dans le court terme et non dans le long terme. Aussitôt il est dénoncé comme hérétique par les carwinistes. Postuler des forces inconnues! C'est une position digne de l'âge pré-scientifique! Et en plus, cela renforce les anti-météorologues dans leurs positions. Mais les idées de Menton font leur chemin et obtiennent l'adhésion d'un certain nombre d'anti-météorologistes et d'une minorité de météorologistes non carwinienne et ils créent ensemble un nouveau mouvement "l'intelligent climate" ("IC"). 

    "L'intelligent climate" a peu de soutiens scientifiques, mais a un poids médiatique et prend la place de occupée auparavant par les antimétéorologistes purs et durs, qui tentent alors de remettre en cause quelques uns des acquis des carwiniens non seulement sur l'évolution à long terme du climat, mais sur son évolution à court terme, ce qui contribue à décrédibiliser le mouvement et à renforcer la carwinisme. 

    Menton, lui, s'éloigne maintenant des supporters de l'IC. Il pense qu'ils vont trop vite en besogne en affirmant qu'un agent intelligent contrôle le climat dans le long terme. Il pense plutôt à une loi naturelle, une "horloge interne" à Pluton par exemple, avec un cycle de 250 ans qui agirait sur le champ magnétique qui, à son tour, agirait sur le climat. Comme il n'existe des relevés météorologiques que depuis l'équivalent de 250 années terrestre (puisque auparavant les variations du climat relevaient de la volonté divine), il faudra attendre longtemps (près de 500 années terrestres), pour que la notion de "cycles mentoniens" soit prise au sérieux. Il existe pourtant, sur Pluton, des périodes plus chaudes au terme d'une période équivalent à 250 années terrestres. 

    Pendant ce temps, les écoles carwinniennes se développent, un énorme arsenal de simulations sur ordinateur (elles ont de gros moyens de recherches) qui donnent des résultats partiels que les carwiniens présentent comme suffisants pour prouver que le climat de Pluton peut être expliqué uniquement par par des mécanismes carwiniens.  

    La clé de l'énigme, c'est, bien sûr, que Pluton met 248 ans pour tourner autour du soleil. En fait, ce que les plutoniens essayent de découvrir c'est le concept de saison. Mais ils n'ont pas la moindre idée que tout un univers existe à l'extérieur de leur planète, ils n'ont jamais vu le soleil ou la moindre étoile, et les différences de température moyennes entre été et hiver sont faibles et séparées par une durée largement supérieure à la vie humaine. Il faudra attendre que les plutoniens découvrent l'espace. 

    cnrs.fr -big bang

    En traversant les nuages, ils auront un choc identique à celui de l'humanité terrienne lorsqu'elle est passée d'un monde de petite taille à un Univers gigantesque composé de milliards de galaxies. Les scientifiques découvriront la théorie du big Bang et le principe anthropique et ils se reposeront à nouveau la question de l'existence de Dieu et de son action dans le monde, mais de façon infiniment plus subtile que que les "non-météorologistes". 
    Cependant, les météorologistes carwiniens, eux qui voulaient lutter contre l'obscurantisme, apparaîtront maintenant comme des obscurantistes en évitant à leur société de revenir à des conceptions pré-carwiniennes. Ils ont en effet retardé de plusieurs siècles certains progrès dans les connaissances scientifiques. Quel paradoxe pour ceux qui, avec l'invention de la météorologie, avaient été à l'origine d'un progrès essentiel dans la vie des plutoniens.  
    Pour faire un parallèle avec la Terre, on peut résumer ce conte:

     

    -Les carwinistes correspondent aux darwiniens qui affirment que les mutations dues au hasard et à la sélection naturelle sont les principales forces qui dirigent l'évolution.

    -Les météorologues non carwiniens correspondent aux biologistes évolutionnistes non darwiniens. Parmi eux, les "mentoniens" correspondent à ceux, qui comme Michael Denton (voir liens 1) sur-la-toile.com)Rémi ChauvinPierre-Paul GrasséChristian de DuveSimon Conway MorrisAnne Dambricourt  ou Jean Chaline, pensent que l'évolution est orientée ou est prévisible quand on la regarde sur une échelle de temps suffisamment grande. 

    -Le mouvement IC correspond à l'Intelligent Design (ID) dont les tenants déduisent que, du fait que l'évolution est canalisée, voire orientée, elle est dirigée par un agent intelligent. Michael Behe postule qu'un concepteur intelligent a permis l'apparition des structures complexes sur Terre. La canalisation et l'orientation de l'évolution s'expliquera sans doute par  la découverte d'un niveau insoupçonné du réel et par son interaction avec le monde des être vivants. Ces découvertes ne fourniront certes aucune preuve de l'existence de Dieu, mais elles fourniront une vision du monde qui rendra les conceptions non matérialistes plus crédibles qu'elles ne l'étaient auparavant. 


    Le premier point pour élaborer une nouvelle théorie de l'évolution (NTE) semble être: qu'est-ce qui constitue sur Terre et en biologie l'équivalent de la mystérieuse coordination du climat en météorologie sur Pluton? Ce sont les trois types de phénomènes décrits dans le chapitre 11 du livre de Jean Staune (des "histoires comme ça"):

    -Ceux qui montrent que l'évolution est canalisée ou régulée par quelque chose (l'horloge moléculaire qui suit le temps astronomique, le passage des reptiles aux mammifères)

    -Ceux qui montrent que des formes, voire des organes peuvent s'incarner ou se développer sans que la sélection naturelle y soit pour quoi que ce soit (le cristallin du triton, les papillons comestibles qui imitent les papillons comestibles, la présence d'une imitation d'uns espèce particulière de champignon sur les ailes du Kallima).

    -Ceux qui plaident en faveur du néolamarckisme (les mutations adaptatives des bactéries, les callosités sur les genoux du phacochère...).

    Il semble donc que trois sortes de théories seront nécessaires pour expliquer l'évolution: 

    -Le néodarwinisme, théorie de référence pour expliquer la plupart des micro-évolutions et des adaptations. 

    -Le néolamarckisme qui expliquera la raison pour laquelle, dans une situation donnée, des animaux survivent grâce à de nouvelles adaptations à un rythme beaucoup plus rapide que celui des schémas darwiniens. Mais néodarwinisme comme néolamarckisme seront incapables d'expliquer les grandes transitions ou les grandes tendances évolutives. 

    -La NTE, elle, devra expliquer "la macro-évolution, qu'elle soit non graduelle, comme la naissance de monstres prometteurs (voir le chapitre 11) ou qu'elle soit graduelle mais canalisée, comme le passage des reptiles aux mammifères ou qu'elle regroupe ces deux types de processus, comme le passage des prosimiens à l'homme."

     

    atoi2voir.com -Ancienne et nouvelle théories de l’évolution

    teddygoldsmith.org -Vers une nouvelle théorie de l'évolution

    passeurdesciences.blog.lemonde.fr -La théorie de l’évolution doit faire sa révolution
    pst.chez-alice.fr -Une (nouvelle) théorie de l'évolution
    books.fr/sciences -simon-conway-morris: La science de l’évolution reste inachevée
    staune.fr -L’évolution a-t-elle un sens ? - Michael Denton
    pseudo-sciences.org -L’Université Interdisciplinaire de Paris
    persee.fr -évolution: une théorie en crise
    cnrs.fr -big bang

    futura-sciences.com -Principe anthropique et minitrous noirs selon Jean-Pierre Luminet

    asmp.fr -Le principe anthropique - Débat
    1) sur-la-toile.com -Questions sur M. Denton et 2 objections au darwinisme
    sciences/simon-conway-morris -La science de l’évolution reste inachevée 
    psychologram.com -psychoévolution

     

    3) De quels concepts disposons-nous déjà pouvant servir à ébaucher la NTE?

    Fig 3 staune.fr -Introduction à la Biologie Non-Darwinienne

    a) L'évolution de la vie serait "canalisée" vers des formes de plus en plus complexes amenant à l'existence d'être conscients. On doit ces conceptions à Christian de Duve et Simon Conway Morris. Elles partent du fait que le nombre de formes possibles dans la nature est bien plus réduit que ne le pensent les darwiniens. Le processus est un simple processus "d'exploration des possibles" par des voies darwinniennes. Mais, comme le nombre de possibles est assez limité, on est sûr de tomber dessus par hasard. L'évolution aurait certes pu être comme cela, due au seul hasard, mais l'existence de tendances qui se prolongent sur des millions d'années comme celles des  reptiles thériodontes (voir reptiles thériodontes), montre qu'il y a quelque chose de plus. Conway-Morris parle de "navigation de l'évolution d'une solution fonctionnelle à une autre". Pour lui, ce ne sont pas les possibilités dues au hasard qui sont limitées, c'est le "paysage évolutif" qui préexiste sous forme virtuelle et qui canalise les trajectoires évolutives vers des formes cohérentes et viables (des "noeuds stables de fonctionnalité"). Ce n'est donc plus un processus aveugle de d'exploration d'un nombre limité de possibles. On peut visualiser ceci en imaginant la structure d'un paysage constitué d'une montagne aux flancs couverts de ravins au sommet duquel on lance des billes. En fonction de la structure de ce paysage, on connait à l'avance l'ensemble des routes que peuvent parcourir des billes et les zones où elles n'iront jamais (dans les années 1950, Waddington a appliqué ce concept à la biologie sous le nom de "chréodes"). Conway Morris évoque aussi l'existence de très nombreuses convergences survenues au cours de l'évolution.

    b) Selon les conceptions de Michael Denton et de D'Arcy Thompson, il existe des formes  platoniciennes ou des archétypes dans la nature et des lois mathématiques qui influent sur les formes des êtres vivants. Ici, les noeuds stables sont contenus dans les lois de la nature (les cristaux de neige ont 6 branches quelles que soient le complexité et la diversité de leurs formes). D'après Denton, ce serait le cas pour les protéines et peut-être pour les microtubules, voire les cellules. D'Arcy Thompson démontre que toute une série de structures dans la nature obéit à des lois mathématiques: les pommes de pin, les feuilles de tournesol, les coquilles de certains mollusques suivent une suite de Fibonnacci et les coquilles d'escargot ou les cornes de bélier un spirale logarithmique. Ces structures possèdent donc une logique sous-jacente. 

    c) Les conceptions de Richard GoldschmidtStephen Jay Gould et Denis Duboule portent sur la nécessité de sauts dans l'évolution pour effectuer certains passages d'un type à l'autre. Si pour Conway Morris et Christian de Duve, il n'existe pas de différence entre micro et macroévolution, cela semble incompatible avec les constatations: la structure des fossiles déjà trouvés s'écarte fortement du gradualisme. Par ailleurs, plus génome est complexe, plus plus ses gènes interagissent en grand nombre et moins une transformation graduelle est possible selon Denis Duboule. et selon D'Arcy Thompson, le nombre de choses relatives aux êtres vivants est basée sur des formules mathématiques.  Or, on ne passe pas graduellement d'une structure mathématique à l'autre..

    d) Le modèle de Vincent Fleury concernant l'origine des formes des être vivants est un autre concept à notre disposition.  Fleury a étudié les mécanismes physiques de la croissance des cristaux et les bases physiques du développement embryonnaire [...] Il a ainsi mis en évidence un mécanisme simple de formation des vertébrés  tétrapodes qui a de nombreuses implications scientifiques et philosophiques.

    e) Les constatations des mathématiciens ou modélisateurs comme Marcel-Paul Schützenberger ou Pierre Perrier montrent que dans sa croissance vers plus de complexité, l'évolution suit un algorithme de contrôle optimal (algorithme allant vers un but intégré au processus et qui "connaît" le paysage dans lequel il évolue)."


    liens: oumma.com -Mentir au nom de Dieu Par Jean Staune

    oumma.com -Mentir au nom de Dieu (2/2) Les mésaventures des créationnistes avec les ancêtres de l’homme Par Jean Staune 

    oumma.com -La remarquable découverte paléontologique d’Abderrazak El Albani

    staune.fr -La question du Sens dans l’Évolution : La Biologie Non-Darwinienne et ses Implications Philosophiques

    france-catholique.fr -DES-THERIODONTES-ET-DES-HOMMES

    esc.cam.ac.uk -Simon Conway Morris Recherche: Early Evolution Métazoaires
    uip.edu -Le non-darwinisme visionnaire de James Cameron
    bien.vieillir.perso.neuf.fr -L’évolution de la vie : fruit du seul hasard ? Simon Conway-Morris,
    scienceblogs.com -Simon Conway Morris’s :Life’s Solution:

    genev.unige.ch -duboule et le développement génomique

    www.asmp.fr -Modélisation et complexité


    4) Quelques pistes pour une NTE?

    google.fr -UIP

    Ces éléments peuvent permettre de décrire quelques aspects d'une autre vision de l'évolution. Dans le paysage évolutif de la fig 3 ci-dessus, on peut remplacer les embranchements par des escaliers que les billes larguées au sommet de la montagne vont dévaler. Si elles roulent sur une marche, cela représente l'évolution darwinienne, puis, si elles tombent sur la marche suivante, cela représente une macromutation. Mais, comme la montagne est loin d'être aménagée, A certains endroits, il n'y a plus d'escaliers, mais un chemin en pente reliant deux escaliers (correspondant à des évolutions canalisées mais graduelles comme celles allant des reptiles aux mammifères). Il existe aussi des bifurcations où les billes peuvent choisir plusieurs chemins possibles et des murs qui correspondent à des animaux panchroniques qui n'ont plus de capacités à évoluer. 

    Mais, comment passe-t-on d'un être A à un être B? Il existe deux grande catégories d'hypothèses (on aura peut-être besoin des deux à la fois). -Pour la première il s'agit d'un mécanisme très simple comme celui postulé par Vincent Fleury et qui échappe en partie à la génétique (voir le chapitre 11 du livre de Jean Staune pages 305-309). Les organismes seraient des entités holistiques globales et non pas des ensembles d'organes qui s'ajouteraient les uns aux autres par des inductions successives. L'ADN fournirait les "briques de bas" pour construire l'organisme, mais pour l'essentiel, le plan d'ensemble se constituerait tout seul grâce des écoulements, des pliages, des collisions, des poussées de tissus qui constituent l'embryon. Fleury parle "d'hypogénétique", de facteurs bien plus fondamentaux que la génétique et non plus "d'épigénitique", notion selon laquelle certaines caractéristiques des être vivants pourraient échapper à la dictature des gènes.  

    -La seconde, un mécanisme très complexe, (comme pour les plutoniens avec les saisons) fait découvrir une dimension radicalement nouvelle du vivant. Si, contrairement à l'hypothèse de de Fleury, les formes se trouvent bien codées dans le génome, et si A et B sont deux formes préexistantes de la nature, il y a un lien entre ces formes archétypales et leurs génomes pour que, lorsque le génome de A connait une macromutation, celle-ci soit canalisée pour aboutir au génome de B. Lothar Shäfer suppose un mécanisme permettent de faire passer une molécule d'ADN de son état actuel à un nouvel état qui préexistait sous une forme virtuelle et correspond à un nouveau genre ou à une nouvelle famille. Pour lui, la "sélection naturelle" n'est pas la seule à diriger l'évolution, elle est contrôlée par la "sélection quantique". C'est ici une spéculation qu'on peut comparer à celle des "météorologues non carwiniens" de notre récit en ce qui concerne la cause des saisons. 

    Nous sommes un peu dans la même situation que Darwin qui ne savait rien des lois de l'hérédité ni de la génétique. Mais cela ne l'a pas arrêté car il avait assemblé suffisamment de "pièces du  puzzle" pour voir qu'il y avait une cohérence entre toutes les autres pièces et que même s'il manquait une pièce essentielle, il en savait assez pour en déduire que les choses devaient se passer ainsi. Nous aussi avons de nombreuses pièces qui reposent sur des faits ou sur des théories. L'image d'ensemble montre qu'un mécanisme fondamental reste à trouver pour expliquer l'origine des êtres vivants. On peut être sûr qu'un tel mécanisme doit exister, même si on ne sait pas exactement à quoi il peut ressembler.  

    Alors, dans le cadre d'une conception non darwinienne de l'évolution, l'apparition de nouveaux plans d'organisation est-elle aléatoire ou en partie réglée par un mécanisme? Nous avons vu que certaines mutations du génome sont sous l'influence d'une l'horloge réglée sur le temps cosmologique et donc externe au temps propre de l'organisme et que certaines évolutions sont tellement structurées qu'il est possible de montrer qu'elle obéissent à des lois mathématiques. Jean Chaline et Laurent Nottale  calculé sur le base des travaux de Anne Dambricourt que l'arrivée de l'homo-futurus, prochaine mutation de la branche humaine pourrait se produire dans 800 000 ans (pour ma part, je pense bien avant, au rythme où évoluent les nano-technologies et l'intégration homme-machine). 

    Des phénomènes pouvant servir à mesurer le temps dans la nature (comme par exemple la vibration des atomes) pourraient être impliqués dans ce processus. Même si la date d'apparition de nouvelles espèces n'est pas programmée depuis le big bang, l'apparition de certaines d'entre elles semble obéir à des lois sous-jacentes. Parmi la multiplicité de ses mécanismes, on peut postuler qu'il y a une cohabitation de "causes": 

         -Le pur hasard et les apparitions sont totalement imprédictibles, à l'image de la désintégration d'un atome.

         -Des déclencheurs provenant de l'environnement.

         -Un compteur interne qui se déclenche après un certain nombre de générations. 

         -Un compteur externe réglé sur le temps astronomique.

    Mais, même si l'apparition d'espèces est programmé, beaucoup de facteurs peuvent interférer. Il est possible que même si les calculs de Chaline sont exacts, l'homo futurus ne voit jamais le jour,(l'humanité peut s'exterminer dans une guerre thermonucléaire dans 1 000 ans, nous pouvons être détruits par un astéroïde dans 10 000 ans...). Il y a certainement des déterminations dans l'évolution, mais l'évolution n'est pas un phénomène dans lequel tout est déterminé. 

    La future NTE sera sans doute très différente de ce qu'on peut esquisser aujourd'hui, car elle intégrera des phénomènes aussi impensables que ceux qui étaient inconnus de Darwin et sont  familiers maintenant. Mais elle devra intégrer la plupart des faits que "nous" avons analysés et que le darwinisme n'explique pas ou dont il ne tient pas compte, en leur donnant sans doute un éclairage différent. La plupart de ces faits plaidant en faveur d'une évolution canalisée, voire en partie prédictible, dans laquelle le hasard joue un rôle moins important que dans le darwinisme, Ce sera sans doute aussi le cas de la NTE. Mais ne tout état de cause, cette NTE devra être une théorie strictement scientifique et ne reposer sur aucun miracle.


    Pistes de réflexion et nouvelles directions de recherche.

         -Une tâche fondamentale sera d'établir où se situent les plans d'organisation ou archétypes. Sont-ils au niveau des des embranchements (Dans ce cas, aucun plan nouveau n'est apparu depuis le cambrien il y a 540 millions d'années) ou sont-ils situés à un niveau moins global?

         -Autre domaine essentiel: l'étude des causes de mutation. Y a-t-il des mutations coordonnées par quelque chose comme l'horloge moléculaire ou des mutations adaptatives en réponse directe aux modifications de l'environnement?

         -Une voie de recherche sur l'origine des formes et des régénérations d'organes peut permettre de voir si des théories comme celles de Vincent Fleury sont exactes.

         -Il faudra élaborer une méthode capable de distinguer les situations (évolution due au hasard, évolution graduellement dirigée comme c'est le cas pour le passage des reptile aux mammifères, évolution non graduelle).

         -Il faut concevoir des outils capables de déterminer si si l'imitation d'un organisme par un autre est issue d'un processus darwinien (cas du Lampsilis) ou s'il y a réalisation d'une forme par des voies qui n'ont rien à voir avec la sélection. Une modélisation des processus darwiniens devrait pouvoir démontrer leurs limites et en quoi des algorithmes susceptibles d'expliquer l'évolution doivent intégrer un "non-hasard" contrairement aux algorithmes postulés par Daniel Dennett et Richard Dawkins

         -Un autre sujet d'étude sera le lien entre la biologie et la physique quantique.

         -Mais le plus grand défi qui attend la NTE sera sans doute de: 1) Déterminer les espèces ayant une capacité à évoluer et celles qui l'ont perdue. 2) Déterminer quel pourrait en être le stade futur pour celles qui l'ont perdue. 3) Trouver le moyen, s'il existe, de déclencher le mécanisme permettant l'évolution de l'espèce vers l'état prédit. Un excellent candidat pour cette démarche pourrait être le "gobie marcheur", un poisson periophtalme qui possède une sorte de poumon rudimentaire. Il semble qu'il ait conservé la potentialité à évoluer de ses lointains cousins. Rémy Chauvin réclame depuis des années la réalisation d'expériences pour voir s'il est possible qu'un gobie engendre un jour quelque chose qui sorte de l'eau, mais aucune n'a encore été faite, alors des milliers de chercheurs travaillent sur les mutations des mouches drosophiles ou des bactéries, dont on sait qu'elles n'ont connu aucune évolution depuis des dizaines de millions d'années (cela rappelle l'histoire de la personne qui cherche ses clés la nuit sous un lampadaire, non parce qu'elle les a perdues à cet endroit, mais parce que c'est le seul endroit où il y ait de la lumière).


    A suivre...prochain article: Notre existence a t-elle un sens? 12-2) "Recherchons  Einstein de l'évolution (urgent). Partie 2

     

    actu-science.nouvelobs.com -évolution, des reptiles aux mammifères

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    Notre existence a t-elle un sens? 11 partie 2) Un point sur les articles déjà parus

    (l'infiniment grand et l'origine de l'Univers)

     

     

    Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

    Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


    Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

    Notre existence a-telle un sens? 1) à propos de la préface du livre par Trinh Xuan Thuan

    Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)

    Notre existence a-t-elle un sens? 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine"?

    Notre existence a-t-elle un sens? 4) vers de nouvelles lumières.

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) première partie: Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (naissance de la mécanique quantique).

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) deuxième partie : Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (la non-localité).

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...première partie

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...deuxième partie

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 1) vous qui entrez ici perdez toute espérance ...

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 2) vous qui entrez ici perdez toute espérance...

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 1) le murmure du big bang...La deuxième fissure dans les théories classiques

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 2) Le murmure du big bang... la genèse du 

    Notre existence a t-elle un sens? 9-1) Dieu revient très fort partie 1

    Notre existence a t-elle un sens? 9-2) Dieu revient très fort partie 2

    Notre existence a t-elle un sens? 10) où il fait plus noir que vous ne l'imaginez

    Notre existence a t-elle un sens? 11 partie 1) Un point sur les articles déjà parus (la naissance de la physique quantique et la connaissance du réel)

     

    Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES

     

     

    I-1) Faisons une halte dans cette série d'articles pour faire le point sur ma lecture de cette première partie de l'ouvrage de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens.

    Je fais cette halte en deux étapes. Dans une première étape, j'ai résumé les articles au cours desquels nous avons assisté à la naissance de la science qui a finalement abouti à un désenchantement du monde. Nous nous sommes intéressés à la physique quantique, à l'infiniment petit et à la connaissance en nous posant la question "qu'est-ce que le réel?". 

    Maintenant, dans la deuxième partie de cette halte, nous allons examiner l'infiniment grand et l'origine de l'Univers.

     

    I-2) Commençons l'aventure par l'Article 8 partie 1: Le murmure du big bang...La deuxième fissure dans les théories classiques

         1) La deuxième fissure. Nous avons vu dans l'article 5) première partie que le déroulement de la science était plutôt serein au point qu'en 1900Lord Kelvin annonçait que la fin de la physique était proche. Pourtant, il était préoccupé par deux petits "nuages sombres", deux problèmes encore inexpliqués: l'expérience de Michelson et Morley et celle du rayonnement du corps noir. Or ces deux petits nuages deviendront deux tornades qui balayeront les conceptions de la physique de NewtonLe problème du rayonnement du corps noir que nous avons vu dans l'article 5) constituait le premier nuage sombre et la première fissure. Il a aboutit à la révolution conceptuelle qui a engendré, comme nous l'avons vu, la physique quantiqueQuand au deuxième nuage sombre, l'autre fissure, elle va, elle aussi, avoir des conséquences qui vont transformer le faille en gouffre, ce qui va achever de jeter à bas la belle muraille que formait la science classique. Il s'agit des l'expériences faites par Albert Michelson en 1881 puis  par Edward Morley en 1887.

    Les conceptions de Newton avaient remporté des succès ininterrompus durant près de deux siècles et avaient été érigées en principes absolus et admises d'autant plus facilement qu'elles correspondaient au sens commun.Elles avaient été érigées en principes absolus et admises d'autant plus facilement qu'elles correspondaient au sens commun (à l'exception de la gravitation, force invisible qui exerce une attraction instantanée et supposée transmise par un support nommé"éther"). Les mouvements des corps se déroulaient dans l'espace qui servait de référentiel absolu. Un observateur (dans le vide stellaire) y est un observateur "absolu" s'il est à l'arrêt, il peut connaître la "vraie" vitesse de tous les mouvements. De même le temps est "absolu". Quelle que soit notre position et notre vitesse, un évènement aura le même durée. Mais pour les corps en mouvement, celui-ci est relatif.

    la Terre tourne autour du soleil et il devrait donc être possible dans cet espace absolu de mettre en évidence cette rotation par des mesures (formule de composition des vitesses)Ainsi,  Albert Michelson eut l'idée de mesurer la vitesse de la lumière dans deux directions orthogonales mais, contrairement à ce qu'on observe dans la vie courante où les vitesses s'ajoutent vectoriellement, toutes les mesures donnaient le même résultat, quelle que fût la direction (vitesse de la lumière +/- vitesse de la Terre = vitesse de la lumière). Ce résultat ne sera compris qu'en juin 1905, lorsqu'un "expert technique de troisième classe" de l'office fédéral des brevets de Berne publiera dans les Annales de la physique un article au titre anodin ("sur l'électrodynamique des corps en mouvement" par Albert Einsteinmais au contenu révolutionnaire". C'était la naissance de la théorie de la relativité restreinte

    Einstein y affirmait les deux principes suivants: 

      -"Toutes les lois de la physique traitent les différents mouvements de la même façon. C'est le "principe de relativité". Le temps, l'espace, le mouvement sont ainsi relatifs. ils dépendent du référentiel dans lequel se trouve l'observateur."

         -"La vitesse de la lumière (300 000 km/s) est une constante universelle." Cette constance de la vitesse de la lumière explique en premier lieu l'échec de l'expérience de Michelson et Morley et elle permet surtout de comprendre que l'espace et le temps "conspirent" pour que cette vitesse soit toujours la même.

    Et cela implique 

         -qu'il n'y a pas d'espace absolu: on ne peut mesurer le mouvement d'un corps par rapport à un espace absolu, il n'y a donc pas d'.éther, tout mouvement est relatif.

         -Qu'il n'y a pas de temps absolu: le temps s'écoule différemment pour des observateurs qui ne voyagent pas à la même vitesse.

         2) Le paradoxe des jumeaux. L'histoire du voyageur de Langevin a immortalisé ce paradoxe de la relativité restreinte qui heurte toujours le bons sens. Une description et analyse est à voir dans techno-science.net"Le paradoxe des jumeaux est une expérience de pensée en relativité restreinte imaginée par Paul Langevin en 1911 [...]. Plus de détails: lArticle 8 partie 1 au chapitre 2.  

    On ne parle plus maintenant que "d'espace-temps" à la suite d'Herman Minkowski, qui fut avec Einstein et Poincaré un des pionniers dans ce domaine: "désormais, l'espace en tant que tel et le temps en tant que tel sont voués à disparaître comme des ombres, et seule une certaine union des deux conservera une certaine réalité". Après avoir énoncé les bases de cette théorie en 1905, Einstein consacra les dix années suivantes à cette intégration, parvenant à élaborer la théorie de la "relativité générale", certainement le sommet de son oeuvre. 

        3) Un monde dans lequel les masses ont la propriété de déformer le vide(canal-u.tv/video -la relativité générale)

    membres.multimania.fr -courbure de l'espace-temps

     

         a) La relativité générale est encore bien plus étrange: elle postule que les masses déforment l'espace et le temps. elle postule que les masses déforment l'espace et le temps. l'image qui est souvent prise est celle d'un drap que deux personnes tiennent de façon qu'il soit tendu. Si on pose dessus une boule de billard, elle va s'enfoncer dans le drap. L'espace à deux dimensions qu'est le drap va se "courber". Si on jette ensuite une bille sur le drap, elle va tomber dans l'entonnoir creusé par la boule de billard et tourner autour d'elle, en s'enfonçant aussi,  mais beaucoup moins car elle est plus légère. 

    Pour les corps célestes, c'est la même chose.

    La Lune tourne autour de la Terre car elle est en quelque sorte "piégée par le trou que la Terre a creusé dans l'espace-temps. Elle avance en ligne droite mais comme l'espace autour d'elle est courbé par la présence de la Terre, elle ne peut que tourner autour de cette dernière le long dune ellipse sur les parois du puits (En termes plus scientifiques, La relativité générale est fondée sur des concepts radicalement différents de ceux de la gravitation newtonienne. Elle énonce notamment que la gravitation n'est pas une force, mais la manifestation de la courbure de l'espace (en fait de l'espace-temps), courbure elle-même produite par la distribution de l'énergie, sous forme de masse ou d'énergie cinétique, qui diffère suivant le référentiel de l'observateur

         b) Les preuves de l relativité générale. La première preuve fut fournie par l'éclipse de soleil de 1919.,On sait que dans un espace plat (euclidien),la lumière utilise toujours le chemin le plus court pour aller d'un point à un autre. Mais dans un espace courbé, c'est une ligne courbée qu'on appelle géodésiqueLors de l'éclipse, on compara la photo d'une partie du ciel au moment où l'éclipse se produisait, avec une photo de la même partie du ciel prise la nuit. Grâce à l'éclipse, on a pu voir des étoiles situées "derrière" le soleil, c'est à dire dont les rayons lumineux doivent, pour nous parvenir, passer à proximité du soleil. On constata alors que la position de ces étoiles par rapport aux autres étoiles avait varié, comparativement à la position qu'elles occupaient toutes les nuits avant l'éclipse. Il fallut se rendre à l'évidence, le soleil avait bel et bien déformé l'espace autour de lui. Une autre victoire concerne l'explication d'un des rares phénomènes que n'expliquait pas la théorie de Newton: l'avance du périhélie de MercureCe point se décale sur l'orbite de Mercure d'une façon que, contrairement aux autres planètes, les lois de Newton ne permettent pas d'expliquer. La méthode utilisée par Le Verrier  en 1846  pour la découverte de Neptune, fut utilisée pour expliquer les anomalies de mercure, mais elle est restée vaine. La bonne explication est donnée par la relativité générale, dont c'est  ainsi une deuxième victoire. 

    Depuis lors; les succès ont été en s'accélérant, le GPS étant une des réalisations rendues possibles par la relativité générale. 

     

    I-3) Le murmure du big bang...la genèse du big bang:résumé de l'Article 8 partie 2.

         1) La genèse du big bang.

         a) Où l'on découvre que l'Univers est en expansion.

    En développant son modèle de la relativité générale sur le gravitation, Einstein s'est rendu compte avec effroi qu'il prédisait... une expansion de l'UniversMais il n'a pas osé aller jusqu'au bout de ses équations, et il dira plus tard que c'est la plus grande erreur de sa vie. En effet, en 1922, un jeune physicien russe, Alexander Friedmann, publia (dans les annales de la physique) un article décrivant des modèles d'univers en expansion. Il  y décrit trois types d'évolution dans le temps de l'Univers, impliquant notamment une singularité initiale

         b) Une controverse sur la nature de l'Univers. 

    Pendant ce temps, un jeune physicien belge, Georges Lemaître assiste à la résolution d'une controverse essentielle sur la nature de l'Univers (à voir dans l'ouvrage de Jean-Pierre Luminet "L'invention du Big bangKant avait postulé que les nébuleuses observées étaient des "univers-îles" contenant d'innombrables soleils comme le nôtre. Les moyens d'observation se perfectionnant, Edwin Hubble put démontrer en 1924 que que certaines nébuleuses en forme de spirale sont situées à l'extérieur de notre galaxie. Ce sont les "céphéides", étoiles dont l'éclat varie périodiquement, qui ont permis la démonstration (voir l'Article 8 partie 2 chap. 2 b): Hubble démontra que les céphéides de la galaxie d'Andromède étaient à 2 millions d'années-lumière de nous (notre galaxie a un rayon de 100 000 années-lumière). 

    Une deuxième révolution lui succéda en 1925, lorsque , grâce au télescope du Mont WilsonHubble put mesurer le spectre des galaxies et se rendre compte qu'elles s'éloignaient toutes de nous à grande vitesse. A l'exception des galaxies proches telles Andromède, les spectres de toutes les galaxies sont décalés vers le rouge, donc elles s'éloignent de nous. Et plus une galaxie est éloignée, plus elle s'éloigne rapidement. La proportionnalité entre la distance et la vitesse d'une galaxie, s'appelle maintenant la loi de loi de Hubble (la constante de Hubble donne l'âge de l'Univers). Elle fut énoncée en 1929 par Hubble, mais Georges Lemaître avait publié cette loi en 1927, en en donnant lui, une explication: "c'est parce que l'Univers est en expansion, que plus une galaxie est éloignée de nous, plus plus elle s'éloigne rapidement. Si on "rembobine" le film, on voit donc toutes les galaxies se rapprocher les unes des autres". Lemaître en déduira logiquement que "nous pourrons sans doute concevoir le début du monde sous la forme d'un atome unique dont le poids atomique est la masse de l'Univers entier. Cet atome instable se serait divisé d'une façon analogue aux corps radioactifsC'est donc l'acte de naissance du Big Bang.

    C'est alors qu'un troisième homme entre en scène le russe Georges GamowIl prédit, en 1946, que si le big bang avait eu lieu, il devait exister un rayonnement de fond "résiduel". Mais ce n'est qu'en 1965, que les astronomes Arno Penzias et Robert Wilson découvrirent accidentellement en 1965 le fond diffus cosmologique cette trace fossile du Big Bang.

         2) Les autres preuves du big bang... un changement de paradigme de la cosmologie.

         a) Les preuves du big bang par l'observation.

    Très vite, après ces découvertes, le paradigme de la cosmologie changea et le big bang devint la théorie standard. Les astrophysiciens trouvèrent de nouvelles preuves en sa faveur:

    -La nucléosynthèse primordiale.

    -La théorie du big bang permet d'expliquer pourquoi il fait noir la nuit (le paradoxe d'olbers).

    -L'âge de l'Universsi l'on considère que la vitesse de récession des galaxies est constante au cours du temps, alors il est possible d'estimer quand la matière qui a formé une galaxie donnée était dans notre voisinage immédiat (au moment du Big Bang). Actuellement, les derniers résultats donnent un âge proche de 13,7 milliards d'années.

     -L'âge des plus vielles étoiles. Plus une étoile est massive, plus elle brûle rapidement son combustible nucléaire et moins elle vit longtemps. L'analyse des étoiles observées dans l'Univers montre que les plus anciennes ont entre 13 et 16 milliards d'années. 

    -L'âge des plus vieux atomes. Le thorium 232qui  a une période de 14 milliard d'années  a permis d'évaluer l'âge de plus vieux atomes de l'univers entre 10 et 17 milliards d'années.

         b) La théorie et les grands accélérateurs de particules.

    Nous savons (aujourd'hui) que 4 forces fondamentales existent dans l'Univers: force nucléaire forteforce électromagnétiqueforce gravitationnelleforce nucléaire faibleLa théorie nous dit que si nous remontons très tôt dans le temps, il n'y aurait plus que deux forces, la force forte fusionnant avec la force électro-faible (à 10-35 seconde à une température de 1032 Kelvin). En remontant encore plus loin, on devrait assister à l'unification de toutes les forces. Mais là, les modèles théoriques manquent. La gravitation est décrite par la théorie de la relativité, alors que les trois autres forces sont du domaine de la physique quantique, ces deux grandes théories refusant de se "marier". Leur unification dans une éventuelle "gravitation quantique" est le graal de la physique actuelle.

         c) La limite de Planck. En "rembobinant le film à l'envers", depuis l'infiniment grand, nous sommes arrivés au big bang et au mur de Planck. Il semble qu'il ne puisse pas exister de temps plus court que 10-43 secondes. ni d'espace plus petit que 10-35 m dans notre Univers. 

         d) Ainsi on peut  résumer l'histoire de l'Univers actuellement: à 10-43 secondes, l'Univers avait un diamètre de 10-35 m et une température de 1032 degrés. Toute l'énergie qui existe aujourd'hui était déjà présente dans ce point singulier, rien n'a été "ajouté" depuis. Ce modèle initial du big bang, qui semblait bien établi dans les années 1980 a cependant dû faire face à deux problèmes majeurs. 

         3) Premier problème. Pourquoi l'Univers est-il si homogène?

    C'est pour résoudre le problème de l'horizon ainsi que le problème de la platitude qu'Allan Guth développa en 1980 la théorie de l'inflation: "il dota le big bang d'un véritable bang, plus explosif que celui auquel quiconque aurait pu s'attendre". Jonh Barrow explique dans "Les origines de l'univers" que "Si une telle accélération est possible, l'intégralité de l'Univers visible peut provenir de l'expansion d'une région suffisamment petite pour avoir pu être traversée par un signal lumineux depuis le début de l'expansion. Son homogénéité et son isotropie sont alors compréhensibles".

         4) Deuxième problème. Pourquoi l'Univers n'est-il pas totalement homogène?

    Il fallait que de très légères inhomogénéités existent, sortes de grumeaux, embryons des futures galaxies afin de pouvoir expliquer la structure actuelle de l'Univers. Et c'est bien le cas! En 1992, le satellite COBE a analysé depuis l'espace la structure du rayonnement de fond (voir le chapitre I-2 1 b) dans toutes les directions. Le résultat montre que la température varie de quelques cent millièmes de degrés entre les zones les plus sombres et les zones les plus claires, les plus claires étant en quelque sorte, les grumeaux de la soupe primordiale.

         5) conclusion de cet,article

    Ainsi, tout notre Univers vient d'un point très petit (infiniment petit?). Cela veut-il dire que que notre Univers a été créé par Dieu? Cela serait aller un peu vite! Pourtant on a retrouvé dans les papiers de Georges Lemaître la phrase suivante: "Je pense que quiconque croyant en un être suprême soutenant chaque être et chaque acte, croit aussi que Dieu est essentiellement caché et peut se réjouir de voir comment la physique actuelle fournit un voile cachant sa création". 

     

    I-4) Dieu revient très fort (partie1): Résumé de l'Article 9 partie 1.

    Dans cet article nous allons voir que Dieu a laissé plus d'indice et qu'en fait, "Dieu revient très fort". 

         1) Pourquoi l'Univers est-il si grand?

    Seuls les éléments légers (hydrogène, hélium...) se sont formés avec le big bang.  Beaucoup plus tard, les éléments tels que le carbone ou le fer ont été produits dans le coeur des étoiles alors que les éléments plus lourds sont apparus lors d'explosions d'étoiles, les supernovas, au cours desquelles sont atteintes des températures gigantesques. Ces étapes ont demandé des milliards d'années. Etant donné le temps qui est nécessaire à l'évolution pour aboutir à des êtres d'une complexité suffisante pour être conscients, il est théoriquement impossible que des être conscients puissent observer un Univers d'un diamètre de quelques milliards d'années-lumière. Le temps et l'espace étant liés, l'Univers dans lequel peuvent apparaître des observateurs conscients, nous en l'occurrence, ne peut être que gigantesque. Cela répond à la question "pourquoi l'Univers est-il si grand en comparaison de nous?". 

         2) Pourquoi l'Univers est-il si bien réglé? (explications: l'Article 9 partie 1 chapitre 2).

    Avec les superordinateurs on peut alors modifier les constantes fondamentales (masse du proton, charge de l'électronconstante de gravitation...) ou les forces (nucléaire forte ou faible...) et voir à quels Univers elles conduisent. En faisant varier les combinaisons de forces ou de constantes, on peut obtenir un nombre quasi-infini d'Univers différents. La grande découverte, c'est que presque tous les Univers sont stériles. Des coïncidences "extraordinaires semblent s'être conjuguées pour aboutir à l Univers tel qu'on le connaît:

         -"les conditions initiales" (densité initiale vitesse d'expansion). Elle a dû être très proche de la "densité critique" pour laquelle l'expansion n'est ni trop rapide, ni trop lente. Le réglage de la densité par rapport à la vitesse d'expansion a dû être incroyablement précis à l'origine (de l'ordre de 1/1060 ?). 

         -La charge électrique de l'électron et du proton sont exactement les mêmes, mais de signe opposé. 

         -Le rayonnement du rayonnement du fond cosmologique, "fossile" du big bang", est très homogène, sans l'être totalement. 

         -La force nucléaire forte. Si elle était un peu plus faible, les étoiles se formeraient bien, mais le feu thermonucléaire ne pourrait pas s'allumer. Un tel Univers serait mort. 

         -La masse du neutron est un peu plus grande que celle du protonCela entraîne la désintégration rapide du neutron (voir les conséquences dans l'Article 9 partie 1 chapitre 2). 

         On peut multiplier les exemples de cette sorte comme le montre l'ouvrage de Jonh Barrow et Frank Tipler, "The anthropic cosmological principle". L'existence d'un réglage précis pourrait être un heureux hasard, mais on se trouve devant toute une série de réglages précis, a priori indépendants les uns des autres, qui reposent sur une quinzaine de constantes fondamentales et de conditions initiales. Cela pose des formidables questions qu'on ne peut ignorer et cela constitue certainement la base d'une nouvelle approche de l'Univers..  

         3) Le principe anthropique: lorsque la science pose ouvertement la question du sens.

    C'est l'astrophysicien Brandon Carter, qui le premier en prenant conscience de cette situation l'a érigée en principe: le "principe anthropique". Les discussions autour de ce principes sont aussi passionnées que contradictoires. (voir l'Article 9 partie 1 chapitre 3) dont l'épilogue est: peut-on dire alors qu'il est démontré que l'Univers correspondrait au déroulement d'un projet? Celui de Dieu?

     

    I-5) Dieu revient très fort (partie2): Résumé de l'article 9 partie 2).

         1) Une infinité d'univers parallèles permettent-ils d'éviter Dieu?

    Allan Guth avait développé l'idée d'inflation. Le cosmologue Andreï Linde a, lui, développé un modèle d'inflation éternelle. Dans ce modèle, la processus permet à des "mini-univers" de s'engendrer les uns les autres. On parle même de "code génétique". POur résumer la situation:

         -Soit il y a une infinité ou un nombre immense d'Univers (10 puissance 80 voire 100 ou 120) et nous sommes là par hasard dans le seul qui a donné la bonne combinaison, les autres étant stériles.

         -Soit il n'y a qu'un seul univers, mais alors il faut postuler l'existence d un principe créateur ou d'un Grand Architecte, parce que le réglage de cet univers est tellement précis qu'on ne peut pas être là par hasard"  comme le dit Trinh Xuan Thuan.   

    Qu'il existe un seul Univers dont les réglages seraient dus au hasard est donc extrêmement improbable et la science ne démontre nullement la nécessité d'un principe créateur ou d'un Dieu, mais on peut considérer qu'elle amène à examiner cette question sans recourir à des principes théologiques ou métaphysiques, mais à des réflexions fondées sur nos connaissances scientifiques. Le postulat d'un très grand nombre d'Univers parallèles constitue un échappatoire qui ne résout pas vraiment le problème.

         3) Quand les  matérialistes sont sous la menace d'un coup de rasoir.

    L'argument du "rasoir d'Occam", selon lequel il ne faut pas multiplier les entités sans nécessité, et mis en scène par Umberto Ecco dans "le nom de la rose", a été, durant des siècles, une arme utilisée par les matérialistes pour se défendre contre les spiritualistes. Ce "principe d'économie" est considéré comme l'une des bases de la démarche scientifique. Faire l'hypothèse qu'il existe un Dieu, des anges ou tout autre entité qui n'est pas strictement nécessaire, c'est de la métaphysique. C'est ce qu'affirment les matérialistes dans leur certitude de représenter la rationalité. La cosmologie moderne retourne maintenant la situation. Pour éviter l'existence d'un principe créateur, la seule échappatoire que le principe anthropique laisse semble être de postuler une infinité d'Univers parallèles, tous inobservables. Maintenant, ce sont donc les matérialistes qui tombent sous le coup du rasoir d'Occam et à qui on peut donc prêter le fait de faire de la métaphysique et non de la science. 

         4) L'hypothèse d'un créateur n'est plus hors du champ de la science.

    Une critique adressée au principe anthropique est d'être antiscientifique parce qu'il évoque l'existence d'un principe créateur. C'est ce que dit Christian Magnan dans lacosmo.comMais la vraie question est: qu'est-ce qui en théorie, empêche la science de s'occuper de l'existence ou de la non-existence de Dieu? Rien comme le prouve un article récent écrit par deux astrophysiciens chinois vivant aux Etats-Unismessage in the sky".qui montre que la science peut traiter de l'existence d'un créateur, mais attention, traiter la question de cette existence ce n'est pas obtenir une réponse.

         5) Et voici le principe anthropique "superfort"!.

     "L'Univers n'est pas seulement adapté à l'existence d'observateurs intelligents comme nous, mais également à l'existence d'observateurs beaucoup avances et  intelligents que nous". Voir les implications dans l'article 9 partie 2 chapitre 5)  

    On peut penser que si Dieu existe et qu'il a conçu un univers réglé de telle façon que nous puissions y apparaître, celui-ci soit adapté à ce que nous pourrions être dans un milliard d'années. et éviter qu'avec des niveaux immensément élevés de civilisation, l'une d'entre elles puisse "déchirer le tissu de l'espace-temps" et que, comme dans le livre d'Arthur C. Clarke, toutes les étoiles s'éteindre une à une...(L'hypothèse selon laquelle la création d'une bulle de "faux vide"  qui pourrait conduire à une destruction progressive de notre Univers a été prise au sérieux au début des années 1980). De même on peut penser qu'il a pris ses précautions pour préserver sa cohérence et interdire, entre autres, le voyage dans le temps, ce que Stephen Hawking a appelée "la conjecture de protection chronologique 

         6) Dieu et la longueur d'absorption des neutrons.

    Mais, revers de la médaille, si la cohérence de l'Univers peut apparaître comme un indice de la validité du principe anthropique fort, la "longueur d'absorption du neutron"pourrait bien être un "horrible petit fait" qui "tue cette belle théorie.

    Partons de la réaction de fission nucléaire: l'uranium 236 étant instable, il éclate en créant deux atomes plus petits et en émettant plusieurs neutrons. Les neutrons émis vont être absorbés par d'autres atomes d'uranium 235 qui vont à leur tout se transformer en uranium 236, provoquant une réaction en chaîne. Si la "distance de réabsorption du neutron dans l'uranium avait été seulement dix fois plus importante, une réaction nucléaire aurait nécessité un volume de matière fissile mille fois plus grand; ce qui aurait accru la masse critique d'autant et eût rendu la réalisation des bombes (et des réacteurs) économiquement inenvisageable." 

    A l'inverse du principe anthropique et de cohérence, y aurait-il un principe de destruction?  En fait ce n'est pas un argument contre le principe anthropique fort. Si Dieu existe, l'observation du monde montre qu'il tient à respecter notre libre arbitre: nous sommes absolument libres de faire le bien ou le mal et de fabriquer des bombes atomiques ou seulement des centrales nucléaires. La seule chose importante,c'est que nous avons le choix entre des utilisations positives ou des utilisations négatives, entre le bien et le mal. En revanche dans le cas de la "bulle de vide" que nous avons évoquée au chapitre 5, il n'y a pas d'utilisation positive, leur utilisation détruirait soit l'Univers, soit sa cohérence. Mais cela pose la question: et si la la mort planétaire était programmée?
         7) Mais où sont-t-ils?
    les extra-terrestres et le paradoxe de Fermi (voir l'article 9 partie 2 paragraphe 7). Ce paradoxe a fait couler beaucoup d'encre comme on peut le constater dans wikipedia: le paradoxe de Fermi. Mais comme le suggère "peut-être est-ce là une incroyable conséquence de la longueur d'absorption du neutron. Dans ce cas, le principe thanathropique serait un garde-fou destiné à empêcher une espèce de conquérir, et donc de perturber toute une galaxie." 

         8) Conclusion. Que penser du principe anthropique et d'un créateur? 
    On le voit, il y a beaucoup de débats autour du principe anthropique. Si les réticents y voient une atteinte à la scientificité, il n'en reste pas moins que la science elle-même réintroduit la question (et non la réponse, qui reste personnelle) d'un créateur au sein même de la démarche scientifique. Tous ces développements ont fait voler en éclats le "postulat d'objectivité de la nature" cher à Jacques Monod (le"refus systématique de considérer comme pouvant conduire à une connaissance "vraie" toute interprétation des phénomènes donnée en termes de causes finales, c'est à dire de projet.") 

    C'est un bouleversement épistémologique énorme que le scientisme s'interdisait. Ces développements inversent les rapports entre matérialistes et spiritualistes. Les matérialistes sont maintenant menacés par le tranchant du "rasoir d'Occam".


    I-6) Où il fait plus noir que vous ne l'imaginez : Résumé de l'article 10).

         1) Les trous noirs.
    Après avoir évoqué la possibilité d'un principe créateur  avec le principe anthropique, nous allons terminer notre parcours dans l'Univers en passant en revue des être étranges de ce "grand bestiaire céleste" dont certains sont maintenant observés alors qu'ils n'étaient au début que objets théoriques issus des conséquences de la Relativité générale.
    Commençons notre exploration par les trous noirs. Nous savons par la relativité générale que toute masse courbe l'espace autour d'elle. Plus un corps est massif, plus cette courbure sera forte. Imaginons alors un corps tellement massif et comprimé dans un rayon si petit qu'on ne puisse sortir du puits que ce corps creuse dans l'espace-temps que grâce à une vitesse supérieure à celle de la lumière. En 1915, l'astronome Karl schwarzschild fut le premier à théoriser ce qui pouvait se passer dans un tel cas. Les astronomes et physiciens, résistèrent longtemps à une telle idée tellement elle paraissait folle. Mais à l'heure actuelle, le progrès des connaissances est tel ceux-ci font partie des connaissances d'un nombre de plus en plus grand de personnes. Mais qu'est-ce qu'un trou noir et comment se forme t-il? Les étapes nous en sont contées par futura-sciences.com.

    Mais comment être sûr qu'on a affaire à un trou noir? L'Observation directe est quasiment impossible. Une des premières méthodes de détection d’un trou noir est la détermination de la masse des deux composantes d’une étoile binaire, à partir des paramètres orbitaux. Cygnus X-1, détecté en 1965, est le premier objet astrophysique identifié comme pouvant être la manifestation d’un trou noir. C’est un système binaire qui serait constitué d’un trou noir en rotation et d’une étoile géanteOn connait de nombreux autres candidats dont les plus gros, tapis au coeur de galaxies appelées "quasars", auraient une masse équivalente à 1 milliard de soleils. 

         2) Un raccourci à travers l'espace-temps les trous de ver (vidéo).Deuxième objet, les trous de ver", sont eux-aussi rendus possibles par la Relativité générale, même s'ils sont plus spéculatifs que les trous noirs. "En 1935Einstein et Rosen  "découvraient [...] en combinant les équations de la gravitation et celles de l'électromagnétisme que [...] des "feuillets" repliés sur eux-mêmes pouvaient être reliés par de nombreux "ponts" à l'échelle quantique". Depuis lors, il a été souvent imaginé des "raccourcis" permettant de connecter deux régions de l'espace de façon bien plus rapide que s'il fallait parcourir la distance "normale". Kip Thorne, l'un des plus grands experts dans les applications de la théorie de la relativité générale d'Einstein décrit comment les trous de ver pourraient être utilisés pour les voyages dans le temps. Mais ses travaux montrent que si on veut utiliser un trou de ver, celui-ci explose dès qu'il est prêt à fonctionner en temps que machine à voyager dans le temps. On retrouve là ce que nous avons vu dans l'article 9-2 (chapitre 5)il n'est pas encore démontré que le voyage dans le temps est impossible, ce n'est pour l'instant qu'une supposition que Stephen Hawking a appelée "la conjecture de protection chronologiqueMais si une démonstration venait à être faite, cela renforcerait le principe anthropique superfort selon lequel la cohérence de l'Univers serait plus forte que la cohérence minimale nécessaire à l'existence d'une civilisation comme la notre.  

         3) Des mirages dans l'espace. Troisième objet du grand bestiaire céleste, "les mirages gravitationnels
         4) Quand l'invisible devient plus important que le visible.
    Fritz Zwicky, avait prédit l'existence de  la matière noire. En effet, en mesurant la vitesse de déplacement d'un ensemble de galaxies, celui de l'Amas de la Chevelure de Bérénice ou Amas de Coma, il s'aperçut que le masse visible de ces galaxies était beaucoup trop faible pour qu'elles restent ensemble étant donné leur grande vitesse. Il en déduisit que cet amas devais contenir une quantité de matière environ 10 fois supérieure à celle de la matière visible pour créer une force gravitationnelle suffisante pour assurer sa cohérence, mais cette matière était invisible. Depuis, il a été montré que c'est le cas non seulement pour les amas, mais aussi pour quasiment toutes les galaxies. Mais de quoi est constituée cette matière invisible ou matière "noire"?
    -1) Ce serait de la matière ordinaire que nous ne voyons pas
    -2) Il pourrait s'agir aussi de matière noire "exotique", soit de matière noire "chaude" composée de particules légères et rapides, soit de "matière noire "froide", composée de particules lourdes et lentes. Les deux catégories interagissent très peu avec la matière et sont donc très difficiles à détecter.
    La nature de la matière reste encore une inconnue, mais comme nous allons le voir, il y a encore plus fort...
         5) L'énergie noire: une mystérieuse force répulsive.
    L'accélération de l'expansion de l'univers a été mise en évidence en 1998 par deux équipes internationales, le Supernova Cosmology Project et le High-Z supernovae search team, équipes qui cherchaient à détecter des supernovaes de type Ia à mesurer la vitesse avec laquelle elles s'éloignaient de nous (le fameux "décalage vers le rouge). Leur but était en fait de mesurer la décélération supposée de l'Univers. Pourtant les résultats montrèrent le contraire. Après 7 milliards d'années d'expansion de l'Univers, celle-ci a progressivement ralenti et à partir de là, on constate une inversion.

    Cette accélération semble due à une force répulsive. Nous avons vu en I-2 paragraphe 3 que pour expliquer l'homogénéité de l'Univers, Allan Guth avait proposé un mécanisme plausible permettant l'existence d'une nouvelle forme de constante cosmologique, produisant un effet répulsif et contrecarrant les effets de la gravitation). On se rappelle que ce terme correctif aux équations d'Einstein, la constante lambda, avait été introduite pour "stabiliser l'univers" et empêcher son expansion, car selon Einstein, celui-ci devait rester statique. Selon futura-sciences.com, nul ne sait encore quelle est la nature de cette énergie. L'expansion accélérée pose de redoutables problèmes, comme celui de l'énergie quantique du vide, et constitue un défi majeur pour les théoriciens. En outre, elle pourrait surtout être une fenêtre ouverte sur de la physique au-delà du modèle standard, comme celle de la supergravité.

         6) L'unification: la quête du Graal du XXIè siècle.

    La détermination de la nature de la matière  noire et de l'énergie noire va être un des chantiers importants de la physique du XXIè siècle. Un autre chantier fondamental se situe dans la suite du rêve d'Einstein, il concerne l'unification de la relativité générale et de la physique quantique. Un des "candidats" les plus sérieux à cette unification semble la théorie des cordes que présente "Futura-scienceA partir de 1984 ont été développées 5 théories de "supercordes" qui nécessitent l'existence de 9 à 25 dimensionsC'est alors qu'en 1995, Edward Witten a montré qu'elles pouvaient être elles-aussi unifiées par une théorie unique, la théorie M qui elle , comprend 11 dimensionsAutres théories: 

         -Alain Connes a développé une théorie fondée sur la géométrie non commutative dont un des buts serait d’obtenir un cadre mathématique cohérent dans lequel il serait possible d’écrire une gravitation quantique.

     

         -L'Univers chiffonné de Jean-Pierre Luminet est une structure qui implique qu'en fait, l'Univers réel serait plus petit que l'univers observable. Une des galaxies lointaines serait des mirages et des mages fantômes de galaxies plus proches.

         -La relativité d'échelle de Laurent Nottale est "fondée sur les travaux des Américains Richard Feynman et Albert Hibbselle consiste à supposer que les trajectoires des particules sont fractales,

     

         7) combien d'autres dans la galaxie?

    Après avoir sondé les mystères de l'Univers, du visible et de l'invisible, nous pouvons poser la question: sommes-nous seuls? C'est sans doute un des ultimes chantiers du XXIè siècle qui, à l'opposé du précédent, qui est entièrement spéculatif, concerne purement l'observation. 

    On peut citer Frank Drake, qui a mené la première expérience moderne de SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence, que l’on peut traduire par « recherche d’une intelligence extraterrestre ». On a encore peu de résultats.

    Par contre, la détection des exoplanètes est désormais possible. En 1995, les suisses Michel Mayor et Didier Queloz ont été les premiers à détecter une planète extrasolaire autour de l'étoile Pégase 51Depuis, plusieurs centaines de planètes ont été détectées. Avec la progression des moyens d'investigation, des millions de planètes seront probablement découvertes. Depuis, plusieurs centaines de planètes ont été détectées. Avec la progression des moyens d'investigation, des millions de planètes seront probablement découvertes.



     

     

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    Notre existence a t-elle un sens? 11 partie 1) Un point sur les articles déjà parus

    (la naissance de la physique quantique et la connaissance du réel)

     

     

    Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

    Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


    Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

    Notre existence a-telle un sens? 1) à propos de la préface du livre par Trinh Xuan Thuan

    Notre existence a-t-elle un sens? 2) Le désenchantement du monde (et de l'homme!)

    Notre existence a-t-elle un sens? 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine"?

    Notre existence a-t-elle un sens? 4) vers de nouvelles lumières.

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) première partie: Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (naissance de la mécanique quantique).

    Notre existence a-t-elle un sens? 5) deuxième partie : Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable (la non-localité).

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...première partie

    Notre existence a t-elle un sens? 6-1) Vers un réalisme non physique...deuxième partie

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 1) vous qui entrez ici perdez toute espérance ...

    Notre existence a t-elle un sens? 7 partie 2) vous qui entrez ici perdez toute espérance...

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 1) le murmure du big bang...La deuxième fissure dans les théories classiques

    Notre existence a t-elle un sens? 8 partie 2) Le murmure du big bang... la genèse du 

    Notre existence a t-elle un sens? 9-1) Dieu revient très fort partie 1

    Notre existence a t-elle un sens? 9-2) Dieu revient très fort partie 2

    Notre existence a t-elle un sens? 10) où il fait plus noir que vous ne l'imaginez

    Notre existence a t-elle un sens? 11 partie 1) Un point sur les articles déjà parus (la naissance de la physique quantique et la connaissance du réel)

     

    Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES

     

    jeunes-cathos.fr -réalité invisible

     

     

    I) Faisons une halte dans cette série d'articles pour faire le point sur ma lecture de cette première partie de l'ouvrage de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens.

    Je fais cette halte en deux étapes. Dans cette première étape, je résume les articles au cours dequels nous avons assisté à la naissance de la science qui a finalement abouti à un désenchantement du monde. Nous nous sommes intéressés à la physique quantique, à l'infiniment petit et à la connaissance en nous posant la question "qu'est-ce que le réel?". Dans la deuxième partie de cette halte, nous examinerons l'infiniment grand et l'origine de l'Univers.


    I-1) Dans  l'article 1 j'ai présenté la préface du livre de jean staune par Trinh Xuan Thuan

    I-2) Dans l'article 2) nous avons abordé "la question la plus importante qui soit": le désenchantement du monde (et de l'homme!)

         1) Comment naquirent les dieuxPendant des millénaires, l'homme, face aux phénomènes inexpliqués ne pouvait faire autrement que d'en attribuer la cause à l'action de forces invisibles, qui, bien que ne faisant pas partie du monde, avaient un effet sur le monde. C'est ainsi que naquirent les dieuxOn peut le voir à travers deux intuitions et conceptsl'existence de sépultures où l'on déposait des offrandes de nourriture auquel s'est très vite rajouté celui de la survie de l'homme après la mort

         2) Le développement de la pensée rationnelle à partir des penseurs grecsC'est il y a environ 2500 ans que les premiers philosophes matérialistes ce sont attaqués à ces deux intuitions. Bernard Pullman a bien analysé leur but. C'est pour délivrer leurs contemporains de la peur qui découlait de la croyance selon laquelle leur destin dépendait du bon vouloir des dieux que Démocrite, LeucippeEpicure défendent leur théorie, la première "théorie atomique", qui explique la genèse du monde dans lequel nous vivons, par l'interaction aléatoire de composants élémentaires: les atomes. Pour ces penseurs, il n'y a pas lieu de craindre les dieux, parce que le monde suffit pour expliquer le monde.

         3) Une "fin de l'histoire?". Les années 1900 marquent l'aboutissement de cette progression de la connaissance depuis les penseurs grecs atomiste: c'est l'époque des certitudes. Elles firent dire à Lord Kelvin, l'un des plus grands physiciens du XIXè siècle: "La physique a fourni une explication cohérente et à priori complète de l'Univers." ou encore "There is nothing new to be discovered in physics now, All that remains is more and more precise measurement."

         4) Le désenchantementCette vision du monde issue de l'évolution des sciences n'aboutit pas exactement au résultat qu'auraient pu espérer le philosophes grecs. Elle a eu, au XIXè siècle, un énorme retentissement artistique, intellectuel, philosophique (on a pu assister au développement des philosophies de l'absurde). Ces domaines ont connu une progression du "non-sens" qui eut une influence en matière d'éthique alors que les objectifs du projet d'explication du réel par le réel tels qu'ils étaient énoncé par certains philosophes grecs étaient de libérer l'homme de la peur, des dieux et de l'au-delà pour lui permettre de mener une vie sage et responsable [...] Avec la vision réductionniste ("nous ne sommes rien d'autre que..."), un garde-fou essentiel vient de disparaître. Rappelons-nous l'eugénisme nazi et la volonté des staliniens de créer un homme nouveau...

    Antoine de Saint Exupéry était un ceux qui avaient le mieux perçu ce problème, il y a plus d'un demi-siècle. Il perçoit le "drame de l'humanisme athée": l'impossibilité de un fondement solide à l'humanisme dans un monde où l'homme ne serait "rien d'autre que..."

         5) Conclusion: Ce que dit Saint Exupéry est terrible. Ses propos écrits en 1940, au coeur d'une lutte contre la nazisme qui semblait sans espoir, constituent un avertissement essentiel.

    Le nazisme et le communisme ont été vaincus, mais il semble qu'aujourd'hui nous soyons dans la situation de ces personnages de dessins animés qui courent sur une falaise, puis courent un certain temps au-dessus du vide, s'aperçoivent qu'il n'y a rien et tombent à la verticale. Nous n'avons plus de fondements pour notre humanisme, mais nous ne nous sommes pas encore aperçus. On peut entrevoir, comme le suggère presque Joël de Rosnay, l'hybridation homme-machine et l'émergence d'un nouvel être, avec un saut dans l'évolution, contrairement à ce qu'affirment la plupart des Darwinistes. Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley est à nos portes et face à lui, nous sommes désarmés, car nos "garde-fous éthiques" ont disparu. 


    I-3) Dans l'article 3 nous avons examiné comment on peut réagir face à ce désenchantement du monde.

         1) La philosophie et la question "comment vivre?": nous avons ainsi progressivement assisté au triomphe du "faire", et à des progrès fulgurants du "vivre" et de la technologie, mais le "comment vivre?" de toutes les doctrines a plutôt été laissé-pour-compte. Il reste donc une question fondamentale: celle de la condition humaine. Sommes nous, comme le pensent  Jacques Monod,  Francis Crick et Jean-Pierre Changeuxdes "paquets de neurones perdus dans l'immensité indifférente de l'Univers"? Ou existe-t-il un autre niveau de réalité que celui dans lequel nous vivons actuellement? Si oui, pouvons-nous entrer en contact avec lui, comment le pensent tours les grandes traditions de l'humanité?

         2) La question fondamentale: la condition humaine.  Si les réponses à la question "comment vivre", apportées depuis les millénaires par des conceptions non matérialistes du monde s'avèrent être des illusions, les valeurs minimales à respecter ne vont-elles pas voler en éclat, au profit de conceptions d'apprentis sorciers désireux de modifier l'être humain et d'adeptes de l'intelligence artificielle désireux de nous remplacer par des robots? 

         3) Sauvegarder les valeurs? Comment? Seule une transcendance peut servir de fondement. Si elle n'existe pas, il nous faut respecter "une morale sans fondement". André Comte-Sponville montré dans "une morale sans fondementque nous ne pouvions fonder nos valeurs et notre morale:

         -Ni sur l'homme (comme le pensent les humanistes matérialistes) car il est capable du pire.

         -Ni sur la nature (comme le pensent les écologistes) car elle est amorale. 

         -Ni sur l'histoire (comme le pensent les marxistes) car elle ne possède pas un sens précis. 

         -Ni sur la science (comme le pensent les scientistes) car, comme la nature, elle ne peut aborder les questions de morale. 

         4) La question "notre existence a-t-elle un sens?" est donc de la plus grande importance, car elle a un effet sur notre vie de tous les jours et peut-être la survie de notre civilisation dans le long terme en dépend-elle? la condition humaine est certainement la question fondamentale. Si la science est à même d'apporter des réponses à la question Notre existence a-t-elle un sens?Seule une transcendance peut servir de fondement pour vivre mieux notre condition humaine. 

     

     I-4) Dans l'article 4, "vers de nouvelles lumières", nous avons commencé à explorer notre connaissance du réel.

         1) Le XXè siècle a vécu en science un évènement rare: un changement de paradigme. Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie.

         2) Résistances aux changements de paradigme? Le passage d'un paradigme à un autre est loin d'être un "fleuve tranquille", processus cumulatif, réalisable à partir de variantes de l'ancien paradigme. C'est plutôt une reconstruction  sur de nouveaux fondements, reconstruction qui change des généralisations théoriques les plus élémentaires. Quand la transition est complète, les spécialistes du domaine ont une toute autre façon de considérer leur domaine, ses méthodes et ses buts. Mais les résistances au changement de paradigme sont nombreuses et empêchent souvent les scientifiques de voir les faits.
         3) Nouveaux paradigmes au XXè siècle: dans les nouveaux concepts, il est question d'incomplétude, d'imprédictibilitéd'incertitude, d'indécidabilité... On pourrait croire qu'il s'agit d'un recul du savoir, d'une abdication de l'homme devant des mystères qui le dépassent. Au contraire, la méthode scientifique permet de savoir les raisons pour lesquelles nous ne savons pas, et souvent, les raisons pour lesquelles nous ne saurons jamais certaines choses. C'est un renversement de perspective qui est un progrès et non un échec de la science. Malgré leur diversité, leur convergence nous permet de parler d'un nouveau paradigme global. Ce phénomène est semblable à celui du passage de la vision du monde du Moyen-Âge à celle des Temps Modernes

     

    I-5)  article 5) première partie: Au-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable. Naissance de la mécanique quantique

         1) Quel est le cadre conceptuel auquel a abouti l'évolution des connaissances Jusqu'aux années 1900 (wikipedia.org -années 1900 en science): 

         a) -Nous vivons dans un univers où le temps, l'espace, l'énergie et la matière forment le cadre de ce qui est.

         -Le principe de causalité règne en maître absolu: tout ce qui se produit dans l'univers a une cause physique.

         -L'Univers repose sur des bases sûres telle que les notions de force, de "trajectoire" et de point matériel, claires et distinctes et qui permettent de comprendre comment il fonctionne.

         -Le réductionnisme est une méthode adéquate pour explorer la réalité.

         b) Le déroulement de la science était plutôt serein au point qu'en 1900Lord Kelvin annonçait que la fin de la physique était proche. Pourtant, il était préoccupé par deux petits "nuages sombres", deux problèmes encore inexpliqués: l'expérience de Michelson et Morley et celle du rayonnement du corps noir. Or ces deux petits nuages deviendront deux tornades qui balayeront les conceptions de la physique de Newton: le relativité et la physique quantique

         2) Des notions de base étranges.

         a) Le problème du rayonnement du corps noirA la fin du XIXè siècle, le problème du "rayonnement du corps noir" reposait sur les anomalies du spectre d'un corps noir lorsqu'il est chauffé. Le rayonnement qu'il émet se situe d'abord dans le visible, puis dans l'ultraviolet. Il était alors impossible d'établir une loi rendant compte à la fois des observations dans l'ultra-violet et dans l'infrarougePour résoudre ce problème, Planck proposa en 1900 l'hypothèse des quanta: le rayonnement du corps se fait par quanta (entités invisibles) contenant chacune une énergie égale à hv. L'énergie est donc émise de façon discontinue. Ce problème, qui semblait mineur, déclencha le cataclysme conceptuel qui devait conduire à l'élaboration de la mécanique quantique.  

         b) Mais les ravages de h ne faisaient que commencer. En 1905, Einstein découvrait l'effet photo-électriqueCe résultat était encore plus surprenant que le précédent car, si Newton avait conçu la lumière comme ayant une nature corpusculaire, cette conception avait été abandonnée avec le succès de la théorie ondulatoire de Maxwell. L'expérience des fentes d'Young confirmait largement cette dernière théorie. Einstein, en montrant que la lumière est composée de particules, jeta un grand trouble chez les physiciens.

         c) Puis ce fut le tour de la matière d'être prise dans le tourmente, en 1913, lorsque Niels Bohr introduit la discontinuité au coeur de l'atome, encore avec l'aide de h, en montrant que les électrons ne peuvent occuper que des orbites particulières autour du noyau, et qu'ils passent de l'une à l'autre sans passer par des orbites intermédiaires. 

         d) Mais ça n'était pas terminé. Là où la certitude régnait, dans les lois newtoniennes sur le mouvement et les trajectoires, Werner Heisenberg établit son fameux "principe d'incertitude" dans lequel h joue un rôle central. Et un deuxième bouleversement se produisit lorsque, partant de l'idée que la lumière, considérée comme une onde, pouvait être également considérée comme formée de particules, Louis de Broglie montra en 1923 qu'il était possible d'attribuer une fréquence, et donc des ondes, aux particules matérielles.

         3) Lorsqu'un électron se rencontre lui-même. La matière s'évanouit? Onde ou corpuscule? Dans l'expérience des fentes d'Young remplaçons maintenant la source de lumière par un canon à électrons capable d'envoyer des électrons un par un et donc ne pouvant pas interférer avec d'autres électrons.

         a) lorsqu'une seule fente est ouverte, les électrons sont ondulatoires dès qu'ils quittent le canon et passent en état ondulatoire par la fente ouverte. Ils diffractent, ce qui leur permet d'aller sur tout l'écran.

         b) Lorsque les deux fentes sont ouvertes, "il n'y a pas d'autre issue possible, la dure conclusion est inévitable...que nous le voulions ou non, cet électron isolé est passé par les deux ouvertures  en même temps, et à la sortie, il a interféré avec lui-même." Bien sûr, il ne se coupe pas en deux, mais il y passe sous forme ondulatoire.

         c) Lorsque le contrôle est mis en place sur les fentes, un première réduction du paquet d'ondes a lieu? L'électron se réduit et passe par une fente et une seule sous forme de particule. Dès qu'il a quitté la fente, il redevient sous forme ondulatoire, mais il ne peut plus interférer avec lui-même, étant passé sous une seule fente. il ne peut que diffracter. Le résultat est le même que si une seule fente est ouverte.

    Tout se passe comme si l'électron était une onde lorsqu'on ne l'observe pas, ce qui lui permet de passer par les deux trous en même temps et d'interférer (se rencontrer) avec lui-même. Mais dès qu'il est observé, ou qu'il interagit avec quelque chose (un photon par exemple), il montre son visage de particule. Une telle transition est possible car il se produit un phénomène étonnant: la "réduction du paquet d'ondes". Ce qui vient d'être dit est vrai pour toutes les particules. Selon le principe de complémentarité de Bohr, il faut imaginer que l'électron est à la fois onde et particule. On ne peut donc même plus se représenter ce que l'électron (ou tout autre particule) est réellement, sa nature est contradictoire avec le sens commun. Les objets que nous connaissons, les êtres vivants, ne sont pas des assemblages de micro-objets mais des combinaisons d'entités élémentaires qui, elles, ne sont pas des objets. Non seulement la notion d'objet est remise en cause, mais c'est la notion de trajectoire qui disparaît. La physique quantique introduit donc un indéterminisme radical dans notre monde. Mais elle pourra prédire 
    avec précision les figures que formeront des milliers de particules arrivant sur un écran.


    I-6)  Article 5 deuxième partieAu-delà de cette limite, notre vision du monde n'est plus valable - la non-localité.

         1) Le paradoxe EPR et la découverte de la non-localité, porte ouverte vers une autre réalité.
         a) La controverse Einstein-Bohr: Einstein réfutait les idées de Bohr en mettant au point des "expériences de pensée" dont le simple énoncé devait démontrer que la physique quantique était incomplète et Bohr démontrait illico que la physique quantique répondait à ces objections et donc gardait son statut de théorie achevée. La cible prioritaire d'Einstein était le principe d'incertitude ("Dieu ne joue pas au dés" disait-il). En 1935, il pensa frapper le coup décisif avec le "paradoxe EPR", du nom d'Einstein et de deux de ses collaborateurs, Boris Podolsky et Nathan Rosen

         b) Le paradoxe EPR. Leur article, l'un des plus célèbres de l'histoire de la physique, s'intitule: "Peut-on considérer que la mécanique quantique donne de la réalité physique une description complète?".  Le but premier était de réfuter l'interprétation de Copenhague de la physique quantiqueL'argument EPR, tel que présenté en 1935, est fondé sur le raisonnement suivant. tout d'abord il faut rappeler que le principe d'indétermination interdit de connaître simultanément la valeur précise de deux quantités physiques dites incompatibles (typiquement, la vitesse et la position d'une particule). Plus on mesure avec précision une quantité, plus la mesure de l'autre est indéterminée. En conséquence de ce principe, EPR en déduit deux affirmations mutuellement exclusives :
         -Soit la description de la réalité donnée par la mécanique quantique n'est pas complète.
         -Soit les deux quantités physiques incompatibles n'ont pas simultanément une réalité objective.

    Niels Bohr répondit immédiatement. Sa réponse est relativement obscure, même pour des physiciens professionnels: "La question essentielle est celle d'une influence sur les conditions même qui définissent les types possibles de prédiction relatives au comportement futur du système."  Il semble affirmer que la mesure sur une particule aura bien un effet sur l'autre, où qu'elle se trouve.

    Einstein n'accepta jamais cette réponse. En effet, une telle influence doit être supra-lumineuse. Il soutenait le "principe de localité" et raillait cette "action fantôme à distance".

         c) Jonh Bell apporte une réponse en 1965. Il montra qu'un test expérimental était possible, non avec des positions et des vitesses, mais avec les polarisations des photons.

    Il existe des relations entre les résultats des mesures sur certains couples de photons, qui doivent être toujours être respectées si les deux photons possèdent dès le début une polarisation. Ces relations sont exprimées par les "inégalités de Bell". Si ces inégalités sont violées, c'est une démonstration de la fausseté de cette hypothèse (les particules portent en elles des propriétés bien déterminées avant la mesure). voir les détails dans l'article 5 deuxième partie 1 c).
         d) Les expériences d'Alain Aspect: La réalisation d'expériences EPR a commencé à être techniquement envisageable à partir de 1969, mais en 1980, il manquait encore une expérience décisive vérifiant la réalité de l'état d'intrication quantique, sur la base de la violation des inégalités de Bell. Alain Aspectphilippe Grangier et Gérard Roger ont mis au point une expérience de ce type à l'université Paris XI. En 1982, l'expérience livra un verdict implacable: si l"on choisit d'effectuer ces mesures sur les photons dans certaines directions, les résultats violent les inégalités de Bell. Einstein avait tort, le principe de localité vole en éclats. Ainsi, la prédiction la plus incroyable de la physique quantique était vérifiée. Un des fondements de la science classique et de toute conception "raisonnable" du monde et du réel (selon la conception d'Einstein), venait de disparaître.
         2) La non-localité: D
    orénavant, toute théorie physique relative à la nature du monde se devra d'intégrer la non-localitéJonh Bell lui-même l'a proclamé à plusieurs reprises dans "speakable and unspeakable in quantum mechanics":  Pour Jean Brickmont, l'un des porte-drapeau des physiciens les plus rationalistes et matérialistes: "La non-localité est une propriété de la nature établie à partir d'expériences et de raisonnements élémentaires, indépendamment de l'interprétation que l'on donne au formalisme quantique. Par conséquent, toute théorie ultérieure qui pourrait remplacer la mécanique quantique devra également être non-locale". 
    Rappelons ce que disent Sven Ortoli et Jean Pierre Pharabod: "La physique quantique porte en elle les germes d'une immense révolution culturelle qui, pour le moment, n'a été réalisée qu'à l'intérieur d'un petit cénacle de scientifiques. "Alors, la non-localité, porte ouverte vers une autre réalité?

    I-7) Article 6 première partieVers un réalisme non physique première partie.    

         1)  Quels sont les faits? (Qu’est-ce que le Réel ?)

    • Le Principe d’incertitude de Heisenberg nous enseigne qu’une incertitude fondamentale existe dans l’Univers au niveau des particules élémentaires. Le déterminisme n’est pas universel.

    • L’expérience des fentes de Young nous montre que les fondements de la matière ne sont pas des objets matériels.

    • L’existence d’une dimension non-locale ou holistique dans l’Univers a été démontrée expérimentalement. Toute future théorie relative à la réalité devra tenir compte du fait que, dans certaines situations, deux particules doivent être considérées comme un unique objet quelle que soit la distance qui les sépare.

    • Nos concepts traditionnels concernant le temps, l’espace, les objets, les trajectoires, la causalité ne s’appliquent plus au niveau microphysique.

    • Le monde qui nous entoure, celui des phénomènes, ne peut être décrit sans tenir compte de la façon dont nous le mesurons. On dit qu’il a une objectivité faible.

    • La réalité véritable est, par définition, à objectivité forte : elle ne dépend pas de la façon dont nous l’observons. Si une telle réalité existe, elle ne peut être identifiée à la réalité phénoménale, celle où nous vivons.

    • Si l’on veut rester réaliste, il faut donc postuler un réalisme non-physique dans lequel la réalité véritable ne correspond pas à ce que l’on peut voir, mesurer, toucher. Elle est en grande partie voilée.

    • A moins d’adopter des modèles cohérents en terme de formalisme mais ayant des conséquences absurdes (univers parallèles…) ou des modèles dont le formalisme pose des problèmes (potentiel quantique), il semble bien que cette réalité indépendante ne puisse être conçue comme étant immergée dans l’espace-temps. Et qu’il en est de même pour les particules élémentaires qui constituent le fondement de tout ce que nous pouvons observer.

    • Toutes les recherches actuelles semblent montrer que loin de revenir aux conceptions classiques, la physique se dirige vers des visions encore plus éloignées de nos concepts familiers.

         2) Et si la science n'avait rien à dire sur la réalité?
    La majorité des physiciens adoptent l'interprétation la plus classique de la physique quantique dite "interprétation de Copenhague" (à cause de Niels Bohr). Pour Bohr, "La physique quantique porte non pas sur la réalité, mais sur la connaissance que nous en avons"; donc "la physique quantique permet simplement à des observateurs disposant d'appareils de mesure de représenter correctement les observations. Il est vain et sans signification de chercher à expliquer pourquoi elle marche. Il suffit de constater qu'elle marche et d'appliquer son formalisme." Elle prévoit les résultats des expériences, mais il est vain de chercher à se représenter la réalité qui pourrait exister (ou ne pas exister) derrière les phénomènes observés. Mais pour ceux qui voudraient comprendre la nature du monde, c'est selon l'expression d'Etienne Klein, une "machine à fabriquer des frustrés". Certains, tels Pascual Jordan, plongent dans l'idéalisme et vont jusqu'à ôter toute signification à la question de l'existence d'une réalité. La causalité du sens commun semble remise en cause et Bernard d'Espagnat parle de causalité élargieIl a pu écrire: "[...] les physiciens font usage de la mécanique quantique plus qu'ils ne cherchent à en étudier les fondements. Même les physiciens qui se disent réalistes adoptent volontiers une telle attitude. Savent-ils tous à quel point ils s'écartent de tout réalisme - ou matérialisme! [...]. 

         3) Le réalisme non physique.

    La question du réalisme en science physique, c'est-à-dire celle qui postule l'existence d'une réalité indépendante des observateurs a été remise en cause par l'interprétation de Copenhague.  Alors, que reste-t-il pour ceux qui veulent aller au-delà de l'idéalisme?

    Il existe une position de type réaliste, mais elle est aux aux antipodes de la pensée réaliste classique (souvent associée au matérialisme), c'est un "réalisme non physique" étudié de façon  approfondie par Bernard d'Espagnat dans "à la recherche du réel."

    Dans le réalisme non physique, les particules élémentaires ou les atomes ne sont pas des créations de notre esprit, mais certaines de leurs caractéristiques essentielles dépendent de la façon dont nous allons les observer. C'est une différence radicale avec le but habituel de la science tel qu'on le trouve chez Albert Messiah: "Au départ de toute entreprise scientifique, on pose comme postulat fondamental que la nature possède une réalité objective, indépendante de nos perceptions sensorielles ou de nos moyens d'investigation; l'objet de la théorie physique est de faire un compte-rendu intelligible de cette réalité objective."

    Dans la science classique, on considère des "énoncés à objectivité forte" (les masses et les positions des objets macroscopiques ne varient pas quand on les mesure). Mais les énoncés de la théorie quantique font référence à nos perceptions  ou à nos instruments. Ils sont objectifs seulement parce qu'ils sont vrais pour n'importe quel observateur. Donc on ne peut pas dire qu'ils sont vrais dans l'absolu puisque leur vérité nécessite une référence à la communauté des observateurs humains. Ce sont des énoncés à objectivité faible.
    Le réalisme physique (réalisme classique), même s'il abandonne la prétention matérialiste à décrire le fondement de ce qui est constitué d'objets, ne peut donc être compatible avec la physique quantique. Cette nouvelle forme de réalisme se caractérise par son caractère "conceptuellement lointain" où nos concepts familiers, ceux qui sont proches de nos sens, ne s'appliquent plus. On pourrait parler d'un "réalisme étrange" comme on peut le voir dans le paradoxe de de Broglie
    Le réalisme tel que celui décrit par Messiah postule l'existence d'une réalité indépendante de nos perceptions et de nos moyens d'observation. S'il existe une telle réalité, il ne s'agit donc pas de la réalité physique que nous pouvons voir, toucher, mesurer!  Car justement, cette réalité-là, n'est pas indépendante de nos moyens d'observation. Mais les expériences que nous avons évoquées  montrent dans les phénomènes, quelque chose, dont la physique montre l"existence (sans pouvoir le décrire), et qui échappe au temps, à l'espace et même à la matière et à l'énergie. Est-ce cette réalité indépendante évoquée par Messiah? C'est un bon candidat, cependant, elle doit être non physique, lointaine. Elle ne peut être décrite par la science, mais elle peut, au mieux, être approchée par une science à objectivité faible (non descriptive d'objets) et non à objectivité forte. 

    Cette conception d'un réalisme non physique, qui souligne le caractère non ontologique du monde dans lequel nous vivons, est bien exprimé dans un passage de Bernard d'Espagnat (voir l'Article 6 première partie 3) Le réalisme non physique. .

     

         4) Notre conscience individuelle est-elle la cause de l'apparence de notre monde?

    Une autre interprétation de la physique quantique est que la vérité ultime serait...notre conscience. Le problème de la réduction du paquet d'onde a été formalisé par Erwin Schrödinger dans une expérience de pensée, l'expérience du chat de Schrödinger.

    Dans le monde tel qu'il nous apparaît, les chats ne sont jamais dans des états superposés, mais dans des états normaux du type "chat mort" ou "chat vivant". La superposition des états a disparu. Aucune frontière nette n'a jamais pu être définie entre le monde quantique et notre monde ordinaire tel que nous le voyons malgré les apports de la notion de décohérence. Alors, pourquoi notre monde a-t-il cette apparence de matérialité? Pour certains physiciens comme Eugene Wigner, la réponse est que la disparition de la superposition est due à l'action de notre conscience qui altère le fonction d'onde. Cependant, cette interprétation ne semble plus vraiment en vogue.

         5) Le potentiel quantique.

    la théorie de De Broglie-Bohm.est une tentative pour conserver le réalisme et pour restaurer l'objectivité forte mais le prix à payer est la non localité et un défi au "bon sens commun" ainsi qu'on peut le voir dans le chapitre 6 de l'Article 6 première partie.

         6) La Théorie des univers parallèles

    Hugh Everett a proposé une interprétation de la fonction d'onde en mécanique quantique: pour lui, cette fonction décrit la réalité, et toute la réalité. Simplement, chaque fois qu'un choix doit être fait, l'Univers... se duplique pour permettre à tous les états possibles d'exister simultanément. Fini le problème de la mesure, ou celui de savoir par quelle fente passe l'électron, mais la non-localité est toujours présente dans chacun des Univers. Certains physiciens (de plus en plus?) croient vraiment à cette théorie. Est-ce un besoin irrépressible de se débarrasser des problèmes philosophiques posés par la mécanique quantique?


    I-8) Article 6 deuxième partieVers un réalisme non physique deuxième partie.

         1) Nouvelle physique et apparence du monde qui nous entoure.

    On peut se satisfaire de l'interprétation de Copenhague et affirmer que la science ne nous dit rien sur la réalité et le réel, mais seulement sur la connaissance que nous pouvons en avoir, mais dans ce cas, il faut en assumer les conséquences. Revenons donc sur les hypothèses vues dans l'article précédent.

         a) L'interprétation 4) (Notre conscience individuelle est-elle la cause de l'apparence de notre monde?) devient difficile à accepter, depuis que l'importance du phénomène de décohérence est mieux perçue  et explique la disparation de la superposition des états. La réalité classique que nous percevons émergerait naturellement d'une description fondamentalement quantique, réconciliant ces deux visions d'un même monde.

         b) Mais cela ne permet pas d'affirmer que les propriétés des objets quantiques sont des propriété objectivesCes propriétés restent dépendantes de la façon dont nous les mesurons. Si on peut éliminer la nécessité de recourir à la conscience individuelle, cela n'élimine pas la nécessité de faire référence à la conscience collective, celle de l'ensemble des observateurs humains. Les caractéristiques de la réalité sont encore "ce que nous pouvons connaître et elles dépendent de la façon dont nous les mesurons". La conscience collective ne rétablit pas "l'objectivité forte", mais joue un rôle de filtre par lequel nous voyons non la réalité en soi mais une projection de celle-ci

         c) Le solipsisme convivial est une autre interprétation permettant de résoudre les problèmes soulevés par la superposition des états quantiques qui s'intègre dans le cadre de la théorie de la décohérence. Cette position, présentée par  Hervé Zwirn suppose qu'on refuse de se placer dans le cadre du réalisme empirique pragmatique, elle se place  dans le cadre du réalisme métaphysique qui fournit entre autres une explication de l'intersubjectivité: il n'y a aucun moyen de constater un désaccord.

         d) Cette réduction de la place accordée à la conscience permet de supprimer toute nécessité de faire appel à la parapsychologie comme Eugène Wigner qui fixait pour objectif à la physique la mise au point d'un détecteur "psychoélectrique" destiné à enregistrer l'action de la conscience sur les électrons.

         e) Que pouvons nous en conclure? 

    -"Nulle nécessité de faire appel à la parapsychologie". 

    -"Nulle nécessité de d'adopter une position dualiste dans laquelle matière et conscience seraient deux réalités en soi existant indépendamment l'une de l'autre et où la conscience individuelle [...] serait susceptible d'agir à distance, par télépathie sur la matière."

    -"pas de possibilité de communiquer plus vite que la lumière et de créer des paradoxes temporels."

    -"Un pont existe entre le monde classique et le monde quantique". 

    -"Il est parfaitement possible d'adopter une vision réaliste selon laquelle il existerait une réalité indépendante de nous (les observateurs humains ... ou tous les autres)."

         2) Au coeur de l'inconnaissable. 

    Voir l'Article 6 deuxième partie chapitre 3: La modernité avait déconstruit toutes les approches pré-scientifiques et avait refermé notre monde sur lui-même, mais nous assistons à nouveau à une "réouverture" du monde sur un ou plusieurs autres niveaux de réalité, non par la mystique ou la philosophie, mais par la science elle-même. Il paraît y avoir un niveau de réalité situé hors de notre monde qui, dans certains cas, peut exercer une sorte  d'influence causale sur lui. On ne peut  se représenter les particules comme des objets, quels qu'ils soient (notion de complémentarité de Niels Bohr), ni se les représenter comme évoluant dans le temps et l'espace et avec des positions et des trajectoires bien définies hors de l'observation. C'est un peu vertigineux quand on pense qu'il s'agit de ce qui nous constitue. 

     "L'objectivité faibleest une dernière couleuvre de taille respectable à avaler. La décohérence permet de réduire le rôle de la conscience individuelle, mais pas la nécessité de faire référence à la conscience collective pour mesurer les caractéristiques de la réalité empirique. Nous ne pouvons prétendre connaître les caractéristiques "en soi" des particules (dans une réalité indépendante de nous), mais uniquement celles des particules que nous mesurons. Avec, Bernard d'Espagnat, il faut admettre que la réalité est et restera voilée. Elle n'est cependant pas totalement inconnaissable, car nous pouvons avoir des lueurs sur elle, entre autres par le biais de la connaissance scientifique. 

        3)  La physique quantique et la vision des philosophes matérialistes.

    Beaucoup de personnes semblent ne pas avoir encore intégré ces progrès. C'est le cas de Yvon Quiniou qui affirme "la vérité du matérialisme". Pour lui, le matérialisme, refusant toute métaphysique, doit s'interdire toute affirmation transcendant les limites de ce qui est démontrable scientifiquement. Dans l'Article 6 deuxième partie chapitre 4 cette question est examinée plus en détail.

         4) Conclusion de cette synthèse des conséquences de la physique quantique.

    Citons Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod: "quant à la déliquescence de ce qu'on appelle [...] "rationalisme", elle ne gêne guère l'homme de la rue mais perturbe profondément bien des penseurs traditionnels. Mais un autre bouleversement devrait être considéré comme positif: c'est l'abolition du carcan matérialiste et l'émergence de nouvelles possibilités philosophiques...Le matérialisme est encore possible, mais ce serait un matérialisme quantique qu'il faudrait appeler "matérialisme fantastique" ou "matérialisme de science-fiction" (comme la théorie des univers parallèles). Par ailleurs, tout cela redonne une certaine crédibilité à l'idée de l'existence de Dieu comme  l'a énonce Sir Athur Eddington dans une phrase célèbre: "La conclusion à tirer de ces arguments de la science moderne est que la religion redevint possible, pour un scientifique raisonnable, autour de l'année 1927."

    Nous vivons un changement complet de notre vision du monde, mais un siècle après son origine, elle a aussi peu pénétré les consciences que le firent les idées de Copernic et Galilée, un siècle après qu'elles furent émises. Nous vivons aujourd'hui une situation identique à celle qui existait lorsque les idée de la modernité émergèrent, quand l'inquisition tenta de s'opposer à leur diffusion. Aujourd'hui, ceux qui se trouvent en position dominante sont les matérialistes et les scientistes.

    I-9) article 7 première partie:  vous qui entrez ici perdez toute espérance...de revenir au monde classique (partie 1)

         1) Après avoir examiné la naissance de la physique quantique et nous être posés la question "qu'est-ce que le réel", revenons à notre exploration de la physique quantique. Des années 1930 aux années 1980, Les progrès ont été réduits dans le domaine fondamental de la physique malgré les extraordinaires progrès techniques. Mais depuis les expériences de non-localité d'Alain Aspect de 1982, les énergies et les imaginations se sont libérées. Des concepts nouveaux ont été développés et toute une série d'expériences dignes de la science-fiction a été réalisée.

          2) La non-localité s'échappe des laboratoires. Nicolas Gisin a réussi, en 1998, l'expérience sur une distance de 10 km avec un résultat de mesures faites dans le même milliardième de seconde. L'influence à distance était dans cette expérience, non plus 40 fois, mais au moins 6 millions de fois supérieure plus rapide que la lumière.

         3) La non-localité dans la panoplie des agents secrets? La "cryptographie quantique" ("l'art du secret"), "cousine" de la non-localitédevient réelle et disponible commercialement.

         4) Le temps n'existe pasIl s'agit d'une autre expérience de  Nicolas Gisin d'après une idée de Antoine Suarez. c'est une expérience de non-localité avec des appareils en mouvement. Jusqu'à maintenant, les expériences prouvaient que l'interaction EPR se jouait de l'espace. Dans celle-ci, elle se joue également du temps. Ce n'est pas surprenant, puisque espace et temps sont liés.Mais ce qui est une surprise, c'est que cette expérience rend impossible toute interprétation en termes de causalité temporelle quel est l'évènement cause? l'évènement effet?)  "Il faut plutôt penser aux corrélations comme un effet dont la cause est un principe ou agent non matériel au-delà de l'espace-temps. Pour ce agent, les particules, bien que localisées à l'intérieur des détecteurs, forment un seul objet au-delà de l'espace. La "non-séparabilité" paraît l'emporter sur le "non-localité". Comme le dit Antoine Suarez, "dans le monde quantique, il y a des choses qui passent, mais le temps, lui, ne passe pas". 

         5) La téléportation... ça marche! Dès 1997, Anton Zeillinger, à Innsbruck et Francesco De Martini à Rome, effectuèrent les premières téléportations quantiques, et en 2004, la téléportation est elle aussi sortie du laboratoire: Anton Zeillinger a réalisé une téléportation de 600 m. de distance entre des appareils situés sur les deux rives du Danube. Maintenant, (mai 2012), "l’équipe d’Anton Zeilinger vient de présenter une étude affirmant qu’ils ont démontré une "téléportation quantique" sur une distance de 143 km dans les îles Canaries. Si elle est confirmée, cette téléportation ouvre également la voie pour un futur réseau quantique globale destinée aux communications sécurisées par satellite".

         6) Un virus peut-il être quantique? La décohérence donne une limite supérieure à la taille des objets pouvant se comporter comme le chat de Schrödinger (un électron, un atome, sous leur forme ondulatoire, le peuvent comme le montre l'expérience des fentes de Young). En 2001Anton Zeilinger venait de réussir l'expérience des fentes de Young avec des molécules de fullerène C60. Puis en 2004, il a réussi avec une molécule de 256 atomes. Plus la taille des objets qu'il s'agit de faire passer par les deux fentes à la fois augmente, plus les difficultés paraissent insurmontables à cause de la décohrérence. Le rêve de Zeilinger serait de réussir l'expérience avec... un virus (affaire à suivre: futura-sciences.com -Après le chat, voici le virus de Schrödinger !


    I-9)  article 7 deuxième partievous qui entrez ici perdez toute espérance...de revenir au monde classique (partie 2).

         1) Quand la lumière va plus vite que la lumière.

    On sait depuis Einstein que rien ne va plus vite que la lumière (si on excepte le cas douteux de ces neutrinos). Raymond Chiao, professeur à l'université de Berkeley, a réussi cet exploit, démonstration de l'étrangeté radicale de du monde quantique. Dans cette expérience, qui est liée à l'effet tunnel, des électrons ou des photons sont lancés contre un mur (miroir constitué de silice et de titane). La grande majorité rebondit sur le mur et repart en arrière. Mais comme il y a une incertitude sur la position de la particule quand elle aborde le mur, il est possible qu'elle soit en fait située de l'autre côté du mur. C'est comme si un tunnel s'était ouvert devant elle à travers le mur. En pratique c'est bien ce qui se passe puisque l'on récupère quelques particules dur l'écran de l'autre côté du mur! Ce phénomène échappe complètement au sens commun et à la façon dont nous pouvons le représenter. Si on veut en donner une image, on pourrait dire que le photon disparaît quand il touche le mur et réapparaît immédiatement de l'autre côté. On peut ainsi parler des "propriétés magiques" de la mécanique quantique, même si les physiciens disent que cela est très rationnel puisqu'on peut parfaitement  décrire le phénomène avec les équations du formalisme quantique. Mais peut-on dire que le photon va plus vite que la lumière (comme dans le cas de la téléportation ou des expériences EPR)? Dans tous ces cas, on ne peut pas s'en servir pour transporter de l'énergie, donc la relativité d'Einstein n'est pas violée. 

         3) La métamorphose de l'électron: l'expérience du choix retardé.
    Dans une variante de L'expérience des fentes de Young, plutôt que de passer par les deux fentes, les électrons peuvent suivre deux chemins, allant d'une même source à un point de croisement, sauf que cette fois-ci, il n'y a qu'un électron dans le dispositif et non deux. Sur l'un des deux chemins, on place, non pas un mur, mais un détecteur capable d'enregistrer le passage de l'électron. Mais, il est possible d'activer ou de ne pas activer le détecteur alors que l'électron a déjà quitté la source et franchi le séparateur (il est alors à l'intérieur du dispositif). Comme on peut montrer que lorsque le détecteur n'est pas activé, l'électron (unique), emprunte les deux chemins à la fois, cela signifie que lorsqu'on active le détecteur sur le chemin B et que l'électron s'y matérialise, "quelque chose" était sur le chemin A et en a disparu instantanément lors de la détection (réduction du paquet d'ondes). Cela confirme bien le fait que l'électron est indivisible  (il  est "partout" lorsqu'il n'est pas observé). On assiste donc ici aux "métamorphoses de l'électron"! C'est sur ce choix retardé qu'est basé la principe de la gomme quantique.

         4) Requiem pour la chat de Schrödinger.

    Serge Haroche a permis d'observer la décohérence elle-même, le passage du monde quantique au monde classique. La décohérence prend environ 40 microsecondes pour un champ constitué de 3 particules. La vitesse de la décohérence augmente avec la taille du système: "un chat, qui compte quelques 1027particules, "décohérence" en 10-23 seconde, ce qui explique pourquoi on n'a jamais vu de chats mort-vivants ! Et pourquoi la décohérence est difficile à observer." La théorie de le décohérence est donc confirmée, mais cela ne signifie pas un retour à l'objectivité forte du monde macroscopique. Le monde classique n'est qu'une approximation de ce qui existe vraiment, ce réel fondamental étant mieux décrit par la physique quantique.

         5) Requiem pour les supporters du monde classique.

    Toutes les expériences que que la physique quantique vient de nous décrire montrent qu'il est vain d'espérer un retour sous quelque forme que ce soit à un monde classique que le sens commun pourrait décrire si on cherche à comprendre le monde qui nous environne. 

    La question "qu'est-ce que le réel"?  c'est de savoir si elle peut avoir une existence objective (au sens fort), c'est à dire ontologiquement suffisante, avoir des caractéristiques dont l'existence ne dépend de rien d'autre qu'elle même. Que la réponse (a priori définitive...) soit négative et que la réalité échappe en partie à l'espace et au temps, et se situe hors du niveau dans lequel nous évoluons, porte un coup mortel à toute une série de conceptions classiques, parmi lesquelles le matérialisme classique (sauf à imaginer un "matérialisme platonicien" .

    Cependant il ne faut pas oublier que:

         -La chute du matérialisme n'entraîne pas celle de l'athéisme (rien dans dans la physique quantique ne soutient une conception déiste ou théiste).     

         -Si la matière n'a pas d'existence propre, cela n'implique pas que le monde soit une illusion, au contraire. 

         -Le monde n'est pas une création de notre esprit il y a bien une réalité extérieure qui nous résiste, même si elle n'est pas d'ordre physique. C'est ce que montre le fait que tous les physiciens peuvent être d'accord pour affirmer la validité d'une théorie et que celle-ci puisse être réfutée. 


    I-10) "qu'est-ce que le réel"?

    Je reproduis in extenso le texte de jean staune qui conclue le chapitre "qu'est-ce que le réel - vous qui entrez ici perdez toute espérance!".

    -Le principe d'incertitude de Heisenberg nous enseigne qu'une incertitude fondamentale existe dans l'Univers au niveau des particules élémentaires. Le déterminisme n'est pas universel.

    -L'expérience des fentes de Young nous montre que les fondements de la matière ne sont pas des objets matériels. 

    -L'existence d'une dimension non locale ou holistique dans l'Univers a été démontrée expérimentalement. Toute future théorie relative à la réalité devra tenir compte du fait que, dans certaines situations, deux particules doivent être considérées comme un unique objet quelle que soit la distance qui les sépare. 

    -Nos concepts traditionnels concernant le temps, l'espace, les objets, les trajectoires, la causalité ne s'appliquent plus au niveau microphysique.

    - ,Le monde qui nous entoure, celui des phénomènes, ne peut être décrit sans tenir compte de la façon dont nous le mesurons. On dit qu'il a une "objectivité faible".

    -La réalité véritable est, par définition à "objectivité forte": elle ne dépend pas de la façon dont nous l'observons. Si une telle réalité existe, elle ne peut être identifiée à la réalité phénoménale, celle où nous vivons. (noumène de Kant, opposé au phénomène?)

    -Si l'on veut rester réaliste, il faut donc postuler un "réalisme non physique" dans lequel la réalité véritable ne correspond pas à ce l'on peut voir, mesurer, toucher. Elle est en grande partie voilée.

    -A moins d'adopter des modèles cohérents en terme de formalisme mais ayant des conséquences absurdes (univers parallèles...), ou des modèles dont le formalisme pose des problèmes (potentiel quantique), il semble bien que cette réalité indépendante ne puisse être conçue comme immergée dans l'espace-temps. Et qu'il en est de même pour les particules élémentaires qui constituent le fondement de tout ce que nous pouvons observer. 

    -Toutes les recherches actuelles semblent montrer que loin de revenir aux conceptions classiques, la physique se dirige vers des visions encore plus éloignées de nos concepts familiers.

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